Hier je suis tombé sur Coup de Tête, et évidemment, je suis resté jusqu’au bout. Tant il est vrai que la présence de Patrick Dewaere est si magnétique, que nous, pauvres électrons bombardés de protons, le rythme de la ville, c’est ça notre vrai patron, sommes incapables de résister. Et c’est d’autant plus vrai que Coup de Tête est le meilleur film de Jean-Jacques Annaud. Bien sûr, il y a aussi Jean Bouise, Michel Aumont, Corinne Marchand, Gérard Hernandez et même Jean-Pierre Darroussin en jeune photographe. Bien sûr, le dialogue est ciselé, le scénario en béton, et on connaît maintenant les répliques par cœur.
L’argument est simple : François Perrin joue au foot dans l’équipe de Trincamp, petite ville qui vit au rythme du notable local (Jean Bouise), qui possède tout et évidemment le club de foot. Une jeune femme (France Dougnac) se fait violer par le capitaine de l’équipe. À quelques jours d’un match capital en Coupe de France, on préfère coller le viol sur le dos de Perrin. Mais après un accident de car, on fait sortir Perrin pour le match, où, évidemment, il marque les deux buts de la victoire.
Trincamp acclame alors Perrin comme il se doit, mais pour lui, le temps de la vengeance a sonné.
Certes, le film a pris un petit coup de vieux depuis 1979.
Sauf Dewaere.
C’est sûrement compliqué à comprendre aujourd’hui, mais Dewaere, c’était notre Kurt Cobain des années 70. Il n’y avait qu’un groupe de rock (Téléphone) et il passait très rarement à la télé. Mais il y avait Dewaere : un type qui se battait dans ses films contre l’injustice (Le Juge Fayard dit Le Shérif), la police corrompue (Adieu Poulet), le poids des convenances (Préparez vos mouchoirs). Un rayon de soleil dans la France pompidolienne dont avait hérité Giscard*.
Patrick Dewaere était beau, Patrick Dewaere était dangereux, Patrick Dewaere était fou. Et ça nous faisait beaucoup de bien.
Il fallait le voir hier, face au jeu un peu vieilli de ses comparses, vouloir rerentrer dans la prison où les bourgeois bien pensants de Trincamp l’avaient jeté, pour comprendre l’intensité du jeu dewaerien. Ou dans Série Noire, se fracasser littéralement la tête contre le capot de sa voiture.
Dewaere ne jouait pas, il était Patrick Dewaere. Et il était le meilleur acteur du monde, au niveau des de Niro et Pacino.
Et il le restera toujours, dans une poignée de film que la TNT nous permet de revoir.
N’ayons pas de regrets : qui voudrait d’un Dewaere vieux et bedonnant…?
*Effacé par une fin de septennat catastrophique, on a oublié que Giscard avait été un président moderne : libéralisation des télés, IVG, majorité à 18 ans.