C’est la sensation du mois, et peut-être la découverte de l’année. Un film, Martha Marcy May Marlene, et une comédienne Elisabeth Olsen, 28 ans. Elisabeth n’est autre que la sœur des célèbres Mary Kate et Ashley Olsen, qui traînent leurs guêtres à la télé depuis qu’elles sont bébés.
Mais ici, c’est une vraie comédienne qui naît, intense, quelqu’un qui peut tout faire passer en un simple clin d’œil. Et il en faut de la subtilité pour ce film écrit et réalisé par Sean Durkin, et qui traite d’un sujet complexe, les sectes.
Au début du film, Martha en quitte une. Elle s’enfuit, appelle sa sœur, qui la recueille dans sa luxueuse villa de vacances, au bord d’un lac paradisiaque. On croit donc que Martha est sauvée, mais non, pas si simple. On ne sort pas indemne de deux années d’endoctrinement.
C’est la finesse du film, d’alterner flashbacks et séquences d’aujourd’hui, sans vraiment les différencier. Car on est dans la tête multiple de Martha Marcy May Marlene. Martha, c’est son vrai prénom. Marcy May, c’est celui que lui donne Patrick, le leader de la secte, pour mieux la déshumaniser. Et Marlene, c’est le prénom de couverture, quand on répond au téléphone. Entre tous ses prénoms, « M » est perdue, moitié ici, moitié dans l’ancienne vie.
Une vie simple, frugale, où l’on partage tout, opposé à une vie où l’on a tout (Merlot, hors bord, lac privé…) mais où il manque peut-être un sens à la vie. Car Sean Durkin est malin, il ne caricature pas l’univers sectaire. Au contraire, il le magnifie. La vie est douce à la ferme, on se désintoxique des excès du capitalisme occidental, on se purifie, on partage les tâches. La manipulation n’en est que plus discrète, et partant, d’autant plus forte. D’où la confusion qui règne dans la tête de M, formidablement rendue par le montage cut de Durkin.
Dans ce premier film, Durkin fait preuve d’une très étonnante maîtrise : on admirera tout aussi bien dans Martha Marcy May Marlene la musique, discrète et paradoxalement présente, à l’harmonie – dissonante – des sentiments contradictoires de M, que le cadrage, magnifique, ou l’image dénaturée qui vient servir le propos.
Martha Marcy May Marlene représente ce que le cinéma US indépendant peut produire de mieux ; ce qui, avouons-le, n’était pas arrivé depuis longtemps…
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8 avril 2013 à 20 h 39
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