dimanche 13 janvier 2008


Alien
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

Alien vs Predator II : Requiem m’a donné envie de revoir Alien, de Ridley Scott (je suis au 7ème visionnage). Pour changer un peu, j’ai essayé de faire ce que je ne fais jamais : regarder les bonus, en l’occurrence le commentaire audio. Il existe un making of, qui passa autrefois sur Temps X (souvenirs, souvenirs), mais évidemment, il n’est pas sur le DVD.

Bon, le commentaire audio n’est pas passionnant : Ridley Scott nous explique ce qu’on sait déjà : Alien est un chef d’œuvre, comme Psychose ou Sueurs Froides. C’est le Citizen Kane du cinéma fantastique, c’est-à-dire LE truc qui remet les pendules à l’heure.

J’ai donc finit par rebasculer sur le film lui-même, et bien m’en a fait. Surtout que je me targue de posséder le film originel, et pas le stupide Director’s Cut dont Mr Scott nous a récemment gratifiés. Ironie suprême, il explique dans ma version, pourquoi il n’a pas gardé les scènes qui sont… dans le Director’s Cut !

Exemple : une scène où Lambert (la navigatrice hystérique) engueule Ripley (Sigourney Weaver), parce qu’elle voulait les laisser en quarantaine…Ridley Scott nous explique que tout ça peut rester « off », parce qu’on a pas besoin de comprendre tout ça ; ils sont de toutes façons pas copains, et ça se voit. Pas besoin de dialogue pour expliquer ça : un regard suffit, et la tension reste palpable. Bien sûr la scène fut rajoutée, comme celle où on comprend ce que sont devenus les petits camarades de Ripley, et ce que l’alien leur a fait. Tout ça a finit dans le Director’s Cut, pour notre plus grand malheur.

Autre leçon de cinéma, quand le réalisateur explique la fin ; on voulait l’obliger à finir sur la destruction du vaisseau. Scott explique qu’un film, c’est une musique (il ne tarit pas de compliments sur la musique de Jerry Goldsmith), et que si l’on finit par la destruction du vaisseau, il manque quelque chose. Non, il faut rajouter ce combat final, cette « fin dans la fin » comme il dit.

Et c’est vrai que tout le rythme du film est là : tension intense dans les vingt dernières minutes (la mise à feu de l’auto-destruction du Nostromo, le chat, l’alien dans le couloir, la tentative ratée de stopper le mécanisme de destruction), le rythme du film est alors à son apex. Puis c’est l’explosion libératrice, et ce drôle d’effet qui vous prend aux tripes, quand on comprend que le film n’est pas fini. Où est l’alien ? Cette question, qui nous hante depuis une heure, ressurgit. Car l’alien est parmi nous, dans Kane, puis dans le vaisseau, pourquoi pas dans le chat ?

Le génie du film, et la révolution copernicienne qu’il engendre, c’est bien de cacher ce qu’on voit d’habitude. Non seulement, réaliser cet incroyable travail de conception (Giger, Moebius, Foss, Cobb), ces décors, mais ensuite cacher ces incroyables décors, quand n’importe quel blockbuster voudrait les montrer, eux qui ont coûté si cher !

Non, dans Alien, tout se passe dans le noir, et surgit là on ne l’attend pas, quand on ne l’attend pas.

De même, la musique joue un rôle inversée au film d’horreur traditionnel, intervenant parfois avec l’action, parfois à contre temps. Les bruits permanents dans le vaisseau (ronronnements, souffles d’air, bourdonnements, bips électroniques) emplissent l’espace et servent de deuxième musique. Et quand une boîte tombe, quand le chat miaule, toute la salle saute au plafond !

Dernière remarque, rigolote : la production reprochait à Ridley Scott, qu’il n’y ait pas du tout de sexe dans le film. « Ne pourrait-on pas« , demande-t-elle benoïtement, « créer une romance entre Ripley et son capitaine ? » (la scène existe, elle a été coupée par Scott).

Très british, il répond à ça pendant LA scène culte que toute la population mâle de 40 ans peut vous citer, quand Ripley se déshabille et apparaît enfin féminine, magnifique, en petite culotte blanche. « Voilà un peu de sexe, quand même », dit le réalisateur dans le commentaire audio.

Un peu de sexe ? Il ne manque pas d’air, le rosbif ! Parce qu’on va la revoir, cette petite culotte, quelques secondes plus tard, quand Sigourney, tétons en avant, va faire le grand écart – la caméra opportunément en contre-plongée – pour entrer dans sa combinaison et combattre une dernière fois l’alien. Alien, qui justement, nous sort à ce moment-là sa bouche-phallus, couvert d’un liquide poisseux (je vous passe les détails).

Y’a-t-il un film plus sexe qu’Alien ? Il n’y a que ces grand nigauds d’américains qui n’ont pas vu que le film est un incroyable porno gore, parsemé de pénétrations diverses et variées : Lambert qui se fait tuer d’un coup de queue remontant lentement entre ses jambes, Parker et Brett se prenant le phallus dans le crâne, Kane qui étouffe parce qu’on lui introduit ce tube dans la bouche, qui l’étrangle en même temps !! Sans parler de Ash, le robot asexué, qui, une fois qu’il a perdu la boule, se met à suer un liquide blanchâtre, et tente de tuer Ripley en lui introduisant dans la bouche un magazine porno roulé en tube. « The closest thing to sex for a robot ? », s’interroge, rigolard, Scott.

Enfin, c’est oublier de ces fameuses vingt dernières minutes : une longue montée de l’orgasme, sans paroles, ponctuée du seul halètement de Ripley en sueur, une Ripley qui finit par s’étendre pour assister aux trois explosions orgasmiques de son vaisseau, la bouche entrouverte, les yeux fermés…

The closest thing to sex, peut être ?


7 commentaires à “Alien”

  1. Giovanni Drogo écrit :

    Suite à un article récemment paru sur l’incontournable site Cinefast, je me suis lancé dans le revisionnage intégral de la quadrilogie d’Alien (étant entendu que j’avais précédemment vu au moins une fois chacun des épisodes). Ce revisionnage n’en est toutefois pas totalement un puisque j’ai décidé d’en profiter pour visionner les versions director’s cut disponibles au sein d’un coffret 8 CD acheté il y a quelques mois sur internet pour moins de 30 €, comme quoi le pouvoir d’achat … je m’égare.

    Alien (1979)
    Impressions passées (ou les souvenirs qu’il m’en restait) : un film étouffant, peu de moyens, pas de rythme, un peu ch…
    Impressions présentes : d’entrée de jeu, mes souvenirs sont mis à mal, car Alien constitue avant tout une expérience visuelle et sonore … Du début jusqu’à la scène cultissime du repas (toujours aussi efficace), c’est du bonheur en boîte … on ne devrait jamais se fier à ses souvenirs de jeunesse … mais après c’est plus pareil : on passe à l’exercice convenu de l’élimination de l’équipage les uns après les autres (cf. sketch de Bigard sur les films d’horreur, on peut ne pas aimer cet humoriste mais ce sketch est particulièrement bien vu : les victimes dans les films d’horreur parviennent toujours, on se sait comment, à faire des « groupes de un » qui les placent dans des situations délicates et souvent tragiques) … et finalement à part se faire bouffer, ils ne font pas grand-chose, n’ont pas d’armes pour lutter, et ont un charisme proche de celui du poulpe qui fait que leur disparition ne nous fait ni chaud ni froid … on devrait toujours se fier à ses souvenirs visuels : Alien a beau être non seulement l’épisode fondateur mais en outre un film de SF des années 70 qui a magnifiquement bien vieilli visuellement, il n’en reste pas moins assez vide (le scénario est ultra basique, presque résumé dans le sous-titre (en français seulement ?) : le 8ème passager), bref … pas celui qu’on regardera les samedis soir entre potes … sous peine d’endormir tout le monde …

    AlienS (1986)
    Impressions passées (ou les souvenirs qu’il m’en restait) : un vrai film fun, rythmé avec des vrais séquences cultes (« t’approche pas d’elle, sal… ! »), des moyens, un vrai scénario, bref du J. Cameron …
    Impressions présentes : et là on peut dire que ça part très mal … Alors qu’Alien premier du nom était, sur un plan visuel, impressionnant de modernité, comme s’il avait été tourné récemment … AlienS, la suite donc, précise d’entrée de jeu, à l’insu de son plein gré, qu’il est un pur produit des années 80 : une photographie datée (au mauvais sens du terme), avec des effets « bleutés » à ch… qui fait plus penser à du Hollywood Night qu’à un vrai film de cinéma … Une horreur ! Impression renforcée par les costumes, ridicules, où tous les acteurs évoluent dans une station spatiale, vêtus … comme dans les années 80, de tenues qui feraient presque passer celles de Crockett et Tubs (remember Miami Vice ?) pour un sommet de bon goût … Bref une première demi-heure (de cette version director’s cut) douloureuse, où l’angoisse monte quant au contenu du reste du menu … Mais dès que Ripley rentre en contact avec les marines, le ouf de soulagement est poussé : on retrouve tout ce qui fait le sel de cet opus. L’humour militaire, les effets spéciaux, les joujous (un véhicule type Batmobile, un robot élévateur type ED-209, le robot adversaire de Robocop), les armes, les personnages charismatiques quoique un chouia manichéens (les méchants sont vraiment méchants, les gentils vraiment gentils, les idiots …), un scénario plein de rebondissements … et puis des tas d’Aliens avec la « mama » typée Godzilla … le film s’améliore au fil des minutes et le final est exceptionnel avec un vrai duel cette fois entre Ripley et maman Alien (rien à voir avec les caresses du premier épisode) et ma phrase fétiche « t’approche pas d’elle, sal… ! » qui n’a rien perdu elle non plus de son efficacité … Conclusion : pour bien savourer AlienS, zappez la première demi-heure (RAF du début du scénario, on se doute que Ripley va retrouver ses bébêtes adorées) et savourez « entre amis » avec pizza, bières ou coca selon affinités …

    Bon, à ce stade, ce sera du « à suivre » parce que deux évènements ont depuis considérablement réduit mon emploi du temps cinématographique et emepêché de rédiger la chronique de l’Opus 3 et même privé du visionnage de l’Opus 4 …

  2. Professor Ludovico écrit :

    pas d’excuse ! on attend la suite pour répondre…

  3. CineFast » Blade Runner écrit :

    […] dans la déco et d’innombrables prises). Après 3 films sublimes (Duellistes, Alien, Blade Runner), Scott passera « autre chose » (Traquée, Black […]

  4. CineFast » Ce qui cloche avec les Tudors… écrit :

    […] la seule coupe de cheveux de Brad Pitt donne une idée de la superficialité du personnage, dans Alien, les conflits entre les mécanos et le poste de pilotage sont symboliser par un jet de vapeur qui […]

  5. CineFast » Prometheus écrit :

    […] région parisienne. Signé d’un certain Scott Ridley (parodie de Ridley Scott, auteur du premier Alien), le film s’appelle Prometheus et nous propose ce Coca de supermarché en marque distributeur. Ce […]

  6. CineFast » Alien, le 8ème visionnage écrit :

    […] tout est dit : Alien est tellement important qu’il a déjà laissé son empreinte dans la culture populaire, même […]

  7. CineFast » Alien Covenant écrit :

    […] une prochaine chronique). Ou simplement piétiner le fabuleux jardin à l’anglaise* qu’est Alien, comme le fait ce sequel de Prometheus et ce prequel du film mythique qui lança la carrière du […]

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