Blue Valentine est un film extraordinaire.
Oui, ne pesons pas nos mots : un film comme ça, il en sort un ou deux par an, et encore. Cette année, c’est le deuxième, après Martha Marcy May Marlene.
Blue Valentine s’inscrit dans cette tendance du cinéma US qui essaie de renouer avec un véritable cinéma indépendant, un cinéma qui a vocation, en tout cas, de s’éloigner de l’escroquerie qu’est devenu Sundance (et ses films pourris de bons sentiments façon The Descendants, qui coûtent 20M$.)
Blue Valentine raconte pourtant quelque chose de très simple : un couple. Deux personnes se rencontrent, s’aiment, et vivent ensemble. Et ce même couple, six ans après. C’est là que Blue Valentine devient vraiment extraordinaire, en refusant toute continuité, en passant du présent au passé avec une facilité déconcertante. En fait, c’est là même le sujet du film : que reste-t-il de l’amour originel, après que la vie, la vraie, nous ait roulé dessus pendant six ans ? Que reste-t-il de la rencontre, magique, de la découverte de l’autre ? C’est peu, six ans, mais ça suffit à détruire une couple aussi glamour que Ryan Gosling et Michelle Williams.
Car les deux comédiens sont tellement pleins de talent que l’on croit que ça va craquer, et l’on n’hésite plus à invoquer les mânes de De Niro pour Gosling, ou de Kathleen Turner pour Williams. Beaux comme la jeunesse, amoureux comme Tristan et Iseult, mais détruits six ans après. Méconnaissables*. Car entre temps, les enfants, le travail, l’alcool, auront détruit les meilleures des intentions.
C’est pourquoi, dans Blue Valentine, présent et passé sont inextricablement mêlés. Comme dans la vraie vie. A l’instar de la chanson, « leur » chanson, celle qui bâtit autrefois cet amour aussi fort, devenue d’une noirceur absolue six ans après. Ou une rencontre innocente avec un ex dans un supermarché, qui réveille des douleurs insoupçonnées. Autour de soi, il n’y a jamais d’oubli, que des souvenirs. C’est la terrible leçon que nous inflige Blue Valentine.
Et nous ressortons assommé d’un tel constat.
* J’ai mis du temps à reconnaître Gosling dans les premières scènes, avec sa moustache et son début de calvitie.
30 septembre 2012 à 19 h 28
Et pas un mot sur le metteur en scène ?
8 octobre 2012 à 15 h 08
NOn, je ne le connais pas.
8 mai 2015 à 17 h 34
[…] Ryan Gosling est un con. Il ose tout, c’est à ça, dit-on, qu’on les reconnait. Mais le Professore Ludovico aime le beau Ryan, et ne comprend pas qu’on lui fasse le procès de jouer comme une huître. Ceux qui disent n’ont pas vu La Faille, Half Nelson, ou Blue Valentine. […]