Nous voilà donc, Théorème Rabillon et moi-même, à la fin de Lawless – la dernière coopération Nick Cave / John Hillcoat* – à échanger nos impressions… et on est d’accord : Les Hommes sans Loi ne décolle pas.
Car contrairement à la fabrication du whisky de contrebande – qui peut se faire à base de n’importe quoi, pourvu qu’on ait un alambic – un film se doit de mettre les meilleurs ingrédients. Comme un bon bourguignon. Si le vin est pas bon, le bourguignon est pas bon non plus.
C’est le cas de ce Lawless, qui dispose a priori de tous les atouts pour produire le meilleur : un scénariste prestigieux, si ce n’est doué, Nick Cave, de plus est héros personnel du Professore. Un réalisateur qui n’a pas ses deux mains dans le même panier, John Hillcoat (voir l’astérisque). Un chef op haut de gamme. Des acteurs talentueux (Shia LaBeouf, Tom Hardy, …) Un décor splendide (la Virginie). Une époque passionnante (la Prohibition). Des gangsters vénéneux (Gary Oldman). Un flic ultra corrompu (Guy Pearce). Des filles à poil (Jessica Chastain). Des poursuites. Des coups de feu. Une musique du tonnerre. Alors, qu’est-ce qui ne marche pas ? Mystère.
C’est lent à se mettre en route. Mais d’habitude, on aime que l’action soit posée convenablement. Les acteurs surjouent les péquenots, l’accent du sud, la bibine à la main : on pourrait appeler ça réalisme. Les intrigues sont trop nombreuses, et se mélangent un peu en désordre. Ça pourrait passer pour de la richesse scénaristique. Des invraisemblances : ça ne choquerait pas dans un Bruckheimer…
Non, vraiment un mystère.
C’est comme le soufflé : la recette est simple, mais la réalisation, c’est toujours hasardeux.
*Après Ghosts… of the Civil Dead, The Proposition, et La Route