Il existe peut-être un espoir au cinéma américain, et cet espoir s’appelle Cogan. Un petit film (18M$), sans ambition au box office, ce qui lui permet d’être bourré de talents, et de se permettre toutes les audaces. Aucune trace de marketing dans Killing Them Softly.
Non juste d’incroyable numéros d’acteurs (Pitt, Gandolfini, Liotta, Jenkins, et deux losers splendides (Scoot McNairy (vu dans Monsters) et Ben Mendelsohn)), tous magnifiés par les longs plans séquences qui leur permettent d’exprimer leur incroyable talent.
Derrière une histoire simple, à l’ancienne (deux losers cassent un tripot), la vengeance de la mafia sera terrible, Andrew Dominik (L’Assassinat de Jesse James par le Lâche Robert Ford) filme rien moins que la déchéance de l’Amérique.
Car plutôt que s’attarder sur les casses, passages à tabac, exécutions (remarquablement filmés, pourtant), Dominik s’intéresse à autre chose : les coulisses. Pas les meurtres, mais les négociations autour de la « prestation ». Combien ça vaut, la vie d’un petit braqueur ? 10 000 ? 15 000 ? Ça dépend de qui le fait. Comment on le fait. Tout ça fait le sel d’un dialogue récurrent entre le Maître Assassin (Brad Pitt) et l’avocat de la Mafia (Richard Jenkins, ressuscité d’entre les morts de Six Feet Under*).
Dominik accorde l’image au propos : ce n’est pas l’Amérique habituelle qu’il filme, mais plutôt ses backyards : banlieues résidentielles pourries, bars louches, parkings déserts, pressing…
Et il y ajoute un incroyable sous-texte : la crise de 2008, et les élections qui suivent, qui infiltrent la bande son. George Bush et Barack Obama, narrateurs en voix off, deviennent le chœur grec de cette déconfiture financière et morale.
* Ce n’est pas un hasard d’ailleurs, que le film soit investi des meilleurs acteurs HBO des années 2000 : Gandolfini, Vincent Curatola (Sopranos), Jenkins (Six Feet Under) : un signe de plus que les séries sont désormais le seul repaire de la maturité (acteurs et scénarios) qui subsiste à Hollywood.
20 octobre 2013 à 12 h 24
[…] Cogan, Killing Them Softly passe en ce moment sur Canal+. Ce qui veut dire, en clair, que quand vous aurez fini d’admirer le PSG ridiculiser ses adversaires de Ligue2 à coup de d’ailes de pigeon Ibrahimoviciennes, vous avez pour mission de regarder le chef d’œuvre d’Andrew Dominik. […]
1 septembre 2015 à 10 h 51
[…] dans son chef d’œuvre à venir (Cogan, Killing them softly) Andrew Dominik explore – ici en mode western – les sombres mythologies […]
26 septembre 2015 à 14 h 37
[…] lieutenant raciste d’USS Alabama, c’est lui. Le tueur dépressif, amateur de putes de Cogan, c’est lui aussi. Le directeur de la CIA de Zero Dark thirty, le général US d’Into the […]