mercredi 30 juillet 2008


L’Ile de la Tentation (part 1)
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Il existe une île mystérieuse, bien plus mystérieuse que l’île de Lost : c’est L’Ile de la Tentation.

Derrière ce programme de – prétendue – télé-réalité se cache une véritable œuvre de fiction, voire de science-fiction, tant elle flotte « au delà du réel ».

Fiction, L’Ile de la Tentation l’est assurément. Depuis longtemps, même le spectateur lambda sait à quelle point cette émission est castée, costumée, scénarisée. Il l’a compris via Entrevue* depuis sept ans, et au travers des récents procès sur le droit du travail intentés par d’ex-tentateurs : L’Ile de la Tentation n’est pas une île (c’est un bout de côte mexicaine); ce que voient les candidats lors des célèbres feux de camp n’est pas ce que voit le spectateur de TF1, les couples ne sont pas vraiment en couple, etc.

Et tout ça est montée, remontée, bidouillé… Une télé-réalité scénarisée -malgré l’oxymore – ça marche. Comme le titrait brillamment Télé 7 jours: « C’est bidon, les français détestent … mais l’audience ne fait que grimper. »

C’est cette artificialité qui nous intéresse ici, et la proximité avec la fiction. Acceptons donc d’observer l’objet au premier degré, sans ricaner, pour mieux le décortiquer.

Le pitch, d’abord. Quatre couples décident, sous l’œil de multiples caméras, de venir tester leur couple en se frottant séparément aux charmes de tentateurs bien montés et de tentatrices légèrement vêtues…

Bon, sérieusement, qui ferait ça ? Une semaine au Club Med ou au Camping des Flots Bleus peut vous apporter les mêmes réponses, sans risquer d’être la risée de la France entière. Non, la motivation de passer à L’Ile de la Tentation, c’est bien sûr le show business ; la célébrité et l’exploitation mercantile de celle-ci. Fleurissent ensuite dans les boîtes de nuit de France et de Navarre les tournées de « Gaëlle/Lesly/Audrey, de L’Ile de la Tentation ». Pas étonnant que les candidats et les tentateurs se recrutent majoritairement dans le milieu de la Nuit : barmaid, stripteaseuses, chippendales. Passer dans l’émission devient alors une opportunité économique, mieux : une campagne de promotion. Pas étonnant non plus, dans ce contexte, que les couples n’en soient pas vraiment : ex-couples, collègues du Macumba Club se faisant passer pour couple, tout est bon pour passer dans l’émission, surtout que TF1 n’est pas trop regardant sur le background de leurs personnages.

Castés, les candidats le sont à l’évidence. Costumés, aussi, et décorés : on se reportera avec intérêt à l’épisode 1 de cette saison, qui débute par un portrait de chaque couple candidat. Chacun évoluant dans des métiers différents (chef d’entreprise, cadre, chippendale, croque-mort), mais pourtant filmés, chez eux, dans des décors étonnamment semblables, et furieusement tendance : murs colorés, bougies, mobilier moderne, casual mais chic. De même, on raconte que la prod’ récupéra en catastrophe à l’aéroport de Roissy les vêtements prêtés à une tentatrice, obligée d’annuler pour cause d’overdose à la cocaïne dans les toilettes. Les vêtements, évidemment, étant destinés à servir… sur sa remplaçante.

En face, en revanche, c’est l’énigme du côté des tentateurs. On ne saura rien de leur vie d’avant, sinon un improbable et synthétique CV** : « Magaly, top model et baby sitter ». Un prénom qui sent le pseudo, un métier peu crédible, un statut obligatoire (célibataire) et une volonté commune : s’éclater ! Car si on prend au premier degré le concept du show, en faisant abstraction des motivations promotionnelles susmentionnées, quelle est leur motivation, aux tentateurs ? Obligé de sortir avec un(e) candidat(e) qui vous a choisi, tenter de le(la)séduire alors qu’on ne ressent rien, et être rémunéré en cas de succès, n’est-ce pas tout simplement de la prostitution ?

La suite ici….


3 commentaires à “L’Ile de la Tentation (part 1)”

  1. CineFast » L’Ile de la Tentation (part 2) écrit :

    […] Nous avons évoqué ici un début d’analyse de L’Ile de la Tentation… Reste analyser la forme elle-même, incroyablement cinématographique, empruntant la fois au documentaire, au film d’horreur… et au porno. […]

  2. CineFast » Hypocrisies écrit :

    […] L’article sur L’Ile de la Tentation, et une récente conversation entre collègues, m’ont rappelé, s’il le fallait, l’écart entre « ce que je dis » et « ce que je fais ». Et encore, « ce que je dis », c’est plutôt « ce que je voudrais montrer de moi ». […]

  3. CineFast » Le retour des Iles écrit :

    […] le retour concomitante de deux programmes cultes : L’Ile de la Tentation et Lost. Hasard, car L’Ile de la Tentation avait disparu des écrans de TF1 en 2008, suite à une brusque poussée de fièvre éthique de Nonce […]

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