Je n’aime pas Jennifer Lawrence. Je n’aime pas David O’Russell (j’avais trouvé Les Rois du Désert pas très drôle et I love Huckabees insupportable). Je ne supportais pas non plus, à vrai dire, le matraquage publicitaire sur Europe 1. Tout cela faisait trois bonnes raisons d’aller voir Joy.
Pourquoi va-t-on au cinéma ? Ça reste toujours mystérieux. Dans ce cas précis, la télé était prise par madame, je n’avais pas envie d’aller très loin et en même temps j’avais vu mon programme de vacances (Star Wars VII, Le Pont des Espions, Back Home, Mia Madre) Et il me restait un chèque Ciné MK2 en limite de péremption. Et ce que passait le MK2 Bastille c’était Joy. Et derrière la pub d’Europe1, résonnait, comme sur la bande annonce, le Fa et le Do, chanté à choeurs d’enfants, l’intro céleste de You can’t always get what you want…
Donc on va voir Joy. Et le début du film ne nous rassure pas : Joy est comme les autres films d’O’Russell : bavard, intello et pas forcément intelligent, trop de texte, trop de dialogues, trop de voix off, et encore une famille de cinglés virevoltants : De Niro en père irresponsable, Edgar Ramirez en ex fainéant, Virginia Madsen (notre princesse Irulan !) avec cinquante kilos de trop, abonnée aux Feux de l’Amour.
Tout cela semble en terrain trop connu. Mais quelque chose déjà nous attire l’œil : Jennifer Lawrence. Elle joue bien très bien, la petite. Et De Niro aussi, qui n’a pas eu d’aussi beau rôle depuis au moins quinze ans.
Et puis on se laisse gagner par cette histoire. Cette femme qui veut réussir, mais sans l’aide d’un prince charmant, comme l’annonce Joy enfant. Cette femme a déjà tout sacrifié ; sa jeunesse, ses études, sa carrière, son couple, pour aider les hommes (et les femmes) qui l’entourent. Son père garagiste dont elle tient pour la comptabilité, son ex-mari qui pense toujours percer dans la chanson, mais qui vit à ses crochets, chez elle. Sa mère, droguée de télé, dont il faut gérer les moindres faits et gestes. Et son travail pour joindre les deux bouts.
Seul horizon : une grand-mère qui croit en elle et en son esprit incroyablement inventif. Une grand-mère. Pas un homme. Elle est là, l’originalité du film. Un conte de fée qui réussit haut la main le test de Bechdel.
Car c’est un conte de fée, pour sûr, un conte de fée américain, bien sûr ; Cendrillon inventera une serpillère magique, gagnera des millions de dollars au Pays des Opportunités et de la Libre Entreprise… et rencontrera quelqu’un qui correspond beaucoup à l’idée d’un Prince Charmant, car il ressemble à Bradley Cooper.
Mais ce qui est si précieux dans ce film, ce qui est si inouï, c’est que Joy réussit seule, sans ce Prince Charmant justement. Grâce à elle-même, sans amant, compagnon affectueux, conseiller brillant, mentor bienveillant…
Si vous trouvez un film qui propose un personnage féminin comme Joy, écrivez à la rédaction, qui transmettra.
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