samedi 6 mars 2010


Shutter Island
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

A quoi reconnaît-on un grand cinéaste ? A partir de rien, il est capable de réaliser un grand film.

Car quoi qu’on en dise, le propos de Shutter Island ne casse pas deux pattes à un canard (on en reparlera quand vous l’aurez vu). Ce qui compte, comme dirait l’immense philosophe Mélanie Thierry, c’est le chemin…

Peu importe, en fait, le dénouement final de Shutter Island, car on passe de toutes façons un bon moment. Il faut dire que Papy Marty a mis la gomme. Dans ce thriller haut de gamme, rien n’est laissé au hasard. Casting en béton : Ben Kingsley, Max von Sydow, Mark Ruffalo, et le Géant qui Grandissait, Leonardo di Caprio. On croyait avoir déjà tout vu avec Di Caprio, mais il est toujours capable de faire mieux. Côté mise en scène, c’est impeccable, comme toujours chez Scorcese, et côté musique, cette fois-ci, Marty a piqué la collec’ de musique contemporaine de Stanley (Ligeti, Penderecki, ça fait toujours son petit effet)…

Rajoutez à cela, et ce n’est pas gratuit, une mise en scène maniérée façon Michael Powell, le héros de Marty, (rouges très rouges, verts et marrons qui pètent…), et on se croirait dans un film des années 40.

Car il ne faut pas oublier que Scorcese est avant tout un geek, un fondu de cinéma qui a tout vu, et même plusieurs fois. Il est par exemple réputé pour commander ses techniciens par référence : « Je voudrais une lumière qui flashe, comme dans La Flèche Brisée… En colère, tu vois, de Niro dans Mean Streets ! Fais moi une musique un peu triste, comme dans La Strada »

Ici, on voit bien que c’est surtout ça qui l’amuse. Reconstituer cette esthétique un peu toc (les flics sur le bateau très réaliste, alors que le fond est à l’évidence un blue screen), le phare qui fait décor de théâtre, la prison qui ressemble à un décor des Mystères de l’Ouest… Bien sûr, ça sert le propos, mais surtout, on se croirait chez Hitchcock, La Maison du Dr Edwards, ou Soupcons

Pour le reste, le film creuse le filon psycho-thriller qui amuse tellement les américains (Sang Chaud pour Meurtre de Sang Froid, Color of Night…) : à chaque fois on a droit au Phare (symbole phallique), au cimetière inquiétant, et à l’HP, plus ou moins gothique. Auquel se rajoute une ambiance conspirationniste fifties : ancien nazis, médecins fous, et Post-Trauma Stress Disorders…

Peu importe, car on passe un excellent moment et c’est bien l’essentiel.


Un commentaire à “Shutter Island”

  1. CineFast » TopTen 2010 écrit :

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