Cela n’a rien à voir avec le cinéma, et pourtant si.
Je viens de terminer le très court livre* de Jean-Claude Michéa (Les Intellectuels, le Peuple et le Ballon Rond). L’auteur y fustige le mépris des intellectuels pour le football. Par intellectuels, il comprend les quelques idéologues qui pérorent régulièrement à la télévision, mais aussi les cadres, la très vaste élite qui encadrent la classe moyenne au quotidien.
Bien sûr, le propos est un peu fort, un peu exagéré, mais la moindre conversation de bistrot vous prouvera qu’il suffit de cracher sur le foot pour se distinguer du vulgum pecus à peu de frais.
Le rapport avec CineFast ? Et bien c’est la même chose, ma bonne dame ! Encenser le dernier Blier, s’intéresser à la Palme d’Or, acheter le dernier Goncourt, préférer le rugby ou le tennis, voilà des attributs qui vous classent tout de suite dans la classe dirigeante.
S’intéresser à The Wire plutôt qu’à 36 Quai des Orfèvres, prétendre qu’il y a plus de scénaristes à la télé américaine que dans le cinéma français, préférer Seinfeld aux frères Dardenne, voilà qui ne vous aide pas à gravir l’échelle sociale.
Tant pis. Nous ferons avec.
* Extraits :
« [Ce livre] a toutes les chances d’apparaître comme une provocation déplacée à une époque où le mépris des sentiments et des passions populaires est devenu un métier, et passe pour une vertu.
Le public qui s’estime cultivé, – disons, pour fixer les idées, qui lit Télérama et regarde Nulle Part Ailleurs -, et prend au sérieux le Festival de Cannes – ne sait-il pas, d’avance, que le football est une activité parfaitement futile (22 individus en short qui courent après un ballon) et qu’il ne doit son regrettable succès qu’à sa fonction évidente de nouvel opium du peuple ?
(…)
Si les intellectuels haïssent le football, c’est que ce dernier incarne le sport populaire par excellence (…) Ces derniers ont en effet l’habitude, historiquement bien établie, de représenter l’activité dont ils vivent comme un combat, obstiné et épuisant de la Vérité (…) contre les illusions tenaces et toujours recommencées du « vulgaire » et du « sens commun »
Le « populisme » – ce pavillon commode suis lequel circulent les plus diverses marchandises – apparaît par conséquent comme l’ennemi métaphysique héréditaire de l’intellectuel dans la mesure même où celui-ci ne peut asseoir sa légitimité qu’en travaillant sans fin à se différencier des gens ordinaires. »
Les Intellectuels, le Peuple et le Ballon Rond, de Jean-Claude Michéa
29 juin 2012 à 23 h 26
[…] Nous en parlions déjà ici, mais l’histoire se répète. Comments (0) […]
25 novembre 2012 à 14 h 39
[…] dans le film sportif, probablement parce qu’évoluant dans une société plus égalitaire, le mépris du sport qui règne dans nos contrées n’existe pas outre-atlantique. Hollywood ne rechigne pas à faire […]