Devant tant de perfection, il n’y a qu’à s’incliner : David Fincher, 8 films, et toujours pas un seul de raté.
Avec The Social Network, le réalisateur de Fight Club et de Seven ne cherchait pourtant pas la facilité : une œuvre de commande, un scénariste qui fait de l’ombre (Aaron « Maison Blanche » Sorkin), un biopic (genre casse-gueule par excellence), pire, un biopic sur un type encore vivant, Mark Zuckerberg, dont quasiment tous les lecteurs de ce blog ont accepté un jour de « Confirm » qu’ils étaient notre ami : il n’y a toujours pas de biopic sur Bill Gates – qui a à l’évidence encore plus changé nos vies – mais voila déjà un biopic sur Zuckerberg, le petit con qui a seulement affiché nos vies sur le net.
Et pas n’importe quel biopic : un biopic signé David Fincher.
Paradoxalement, le réalisateur wonderboy chrétien* étale ici d’autant plus son génie qu’il la joue étonnement profil bas. Biopic, film pédago, satire sociale, film de procès, success story, Fincher tente tous les coups, joue toutes les ouvertures, et fait mat en cinq coups, en s’effaçant entièrement derrière son projet. Là où tout un chacun ne résisterait pas au plaisir d’étaler un peu de maestria (Michael Mann, Soderbergh, pour ne citer que deux contemporains), Fincher se réfugie derrière le scénario-dialogue à la mitrailleuse lourde sorti des Usines Sorkin. Mais quel dialogue ! Si ce n’est pas une surprise pour les habitués de West Wing, un tel déluge d’informations doit surprendre le spectateur lambda. La première scène, par exemple, où Zuckerberg tient deux conversations à la fois… Ou encore ces explications informatiques sur les algorithmes de programmation, où le béotien ne trave que dalle, mais saisit quand même les enjeux…
La mise en scène, discrète, sort du même tonneau : du simple champ contre champ pour la première scène, Fincher résistera à toute esbroufe visuelle jusqu’au dernier travelling, très léger, de la scène finale. Et quand bien même il s’offre un gadget visuel, ce faux gros plan de modèle réduit sur la course d’aviron, il amène du sens ; ces rich kids de l’Ivy League ne seraient-ils pas que de enfants (avec des jouets plus chers ?)
Il reste le fond. Même si le film est une commande, même si – comme d’habitude -, il n’a pas touché au scénario, The Social Network parvient à être un « Fincher », c’est à dire un film sur la morale, sur le Bien et le Mal, sur la tentation, et sur le pacte faustien.
Avec – on a fait pire – Justin Timberlake dans le rôle du diable, et une boîte de nuit de San Francisco pour signer un pacte avec le démon. Quant les pauvres malheureux (les jumeaux Winklevoss) s’en réfèrent au prêtre local (en fait, le Doyen de Harvard), pour déterminer le right du wrong, on les redescend sur terre dans une scène hilarante.
Quant à la rédemption, indissociable climax du biopic, Fincher fait là aussi preuve de subtilité : pas de mentor moralisateur, pas de scènes annonciatrices d’un quelconque mouvement intérieur… Non, tout simplement la brutale franchise d’une avocate sexy, dans une punch line qui va devenir culte.
Bien sûr, on pourra dire que ce n’est pas le plus grand Fincher, et qu’il a tendance à s’effacer dans ses films récents (Zodiac, par exemple). Mais la marque du génie, ce n’est pas de faire l’artiste, c’est bien de faire une œuvre…
The Social Network, le chef d’œuvre invisible.
* Relire CineFast depuis le début, please
** Pendant les bandes-annonces, on a vu celle, trépidante, du nouveau Tony Scott, Unstoppable, Based On A True Story, évidemment. A la sortie de The Social Network, elle semblait atrocement démodée…
26 octobre 2010 à 19 h 07
Cher Professeur, c’est que s’appelle dans le jargon judiciaire et plus particulièrement à la cour d’assises ou en grosse correctionnelle, « Faire Gillette… » traduction: il a tout dit ce con qu’est ce que je vais pouvoir plaider… ? Mais je m’en réjouis car ce n’est pas tous les jours que l’on fait mentir les évangiles… »Ils ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre » Hosanah… même les lock out syndrom du masque et la plume ont rendu les armes…. seul bob l’éponge des inrock résiste… il en fallait un pour rompre l’unanimité… c’est bien que ce soit lui qui s’y colle…. T’inquiète bob, ils annoncent un film nord coréen sur un jeune stagiaire paysan dans une usine de sous vêtement ça va déchirer… Bon alors rien à dire le Frame Keeper ? Pourquoi il nous gongle avec des propos homophobes ? Allez juste une pointe… une remarque sur le tour de force de David… Ce personnage de Zuckerberg, paradigme de la success story modern et donc de l’american dream appelle en principe:
– de l’admiration (trop fort ces rikains, milliardaire à 26 ans.. c’est pas avec nos cotis urssaf et retrait que ça serait possible ça…. ah je vous le dit)
– de l’envie (je veux aller à HAVARD law schol c’est là que ça passe.. retenez moi…. )
– de la haine (c’est à cause de ces p’tits cons ricains qu’on délocalise de turquie en chine)
– du didactisme et c’était le plus gros piège… t’as réussi petit mais la vraie vie c’est quand même les chamallos grillés au coin du feu en écoutant Jimmy cash avant d’aller se bourrer la gueule au jack daniel pendant le barbecue de bob (non c’est pas le même)..
Non seulement David évite tout ça mais à la fin, lorsqu’il nous laisse un peu reprendre notre souffle, sans nous avoir jamais saoulé, on a trois secondes de plan fixe sur cet acteur assez génial et on se dit juste:
oh le pauvre…. c’est moche ce qui lui arrive….
Pas de condescendance, pas de mépris, juste un instant d’empathie… avec le sourire… car on lui prendrait 65 millions de dollars quand même au ptit con… bon allez, la vraie vie n’est pas là, j’ai des chamallos à faire griller moi…
Biz
26 octobre 2010 à 19 h 14
Cher Professeur, c’est que s’appelle dans le jargon judiciaire et plus particulièrement à la cour d’assises ou en grosse correctionnelle: Faire Gillette…traduction: il a tout dit ce con qu’est ce que je vais pouvoir plaider… ? Mais je m’en réjouis car ce n’est pas tous les jours que l’on fait mentir les évangiles…Ils ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre Hosanah… même les lock out syndrom du masque et la plume ont rendu les armes…. seul bob l’éponge des inrock résiste… il en fallait un pour rompre l\’unanimité… c’est bien que ce soit lui qui s’y colle…. T’inquiète bob, ils annoncent un film nord coréen sur un jeune stagiaire paysan dans une usine de sous vêtement masculin ça va déchirer… Bon alors rien à dire le Frame Keeper ? Pourquoi il nous gongle avec des propos homophobes ? Allez juste une pointe… une remarque sur le tour de force de David… Ce personnage de Zuckerberg, paradigme de la success story modern et donc de l’american dream appelle en principe:
– de l’admiration (trop fort ces rikains, milliardaire à 26 ans.. c’est pas avec nos cotis urssaf et retraite que ça serait possible ça…. ah je vous le dit)
– de l’envie (je veux aller à HAVARD law schol c’est là que ça passe.. retenez moi…. )
– de la haine (c’est à cause de ces p’tits cons ricains, pléonoasme, qu’on délocalise de turquie en chine)
– du didactisme et c’était le plus gros piège… t’as réussi petit mais la vraie vie c’est quand même les chamallos grillés au coin du feu en écoutant Jimmy cash avant d’aller se bourrer la gueule au jack daniel pendant le barbecue de bob (non c’est pas le même).. Allez viens avec nous tu verras ta cousine qu’a des gros seins maintenant…
Non seulement David évite tout ça mais à la fin, lorsqu’il nous laisse un peu reprendre notre souffle, sans nous avoir jamais saoulé, on a trente secondes de plan fixe sur cet acteur assez génial qui se coltine Zuckerberg et on se dit juste:
oh le pauvre…. c’est moche ce qui lui arrive….
Pas de condescendance, pas de mépris, juste un instant d’empathie… avec le sourire… car nous aussi on lui prendrait bien 65 millions de dollars quand même au ptit con… bon allez, c’est pas tout ça mais j’ai des chamallos à faire griller moi…
Biz
9 février 2011 à 19 h 48
[…] The social network 2. Agora ou là 3. Ghostwriter 4. A serious man 5. Dans ses yeux 6. Tournée 7. Brothers 8. Robin […]
28 septembre 2011 à 17 h 45
[…] Messieurs Sorkin et Fincher, mais aussi devant tant de modestie. Le chef d’œuvre invisible, comme nous l’avions baptisé à l’époque, est bien là : dialogues impeccables, acteurs géniaux, et mise en scène discrète se pliant au […]
26 novembre 2012 à 0 h 39
[…] naturelle du biopic, modernisé par l’inévitable Sorkin, qui ré-invente le genre après The Social Network avec ce motto : nous émouvoir sur le sort d’un connard génial. Comments […]
16 mars 2016 à 12 h 11
[…] le réalisateur de Seven et de Fight Club pose tranquillement sa caméra dans un coin pour achever le Chef d’Œuvre Invisible, traquant dans le visage du héros Zuckerbergien une rédemption qui ne viendra […]