[ Brèves de bobines ]

Petites réactions et conseils de sortie de salle



samedi 5 novembre 2016


Shotgun Stories
posté par Professor Ludovico

Comme pour dire qu’on finit la collection Jeff Nichols, on regarde son premier film, Shotgun Stories.

C’est l’occasion de remarquer le chemin parcouru. Shotgun Stories est un premier film, avec les forces qui vont faire la carrière de Nichols, mais aussi les faiblesses qui seront corrigées ensuite. L’histoire est basique : l’éternelle vengeance des Atrides, au cœur de l’Arkansas. Comment des white trash (ces gitans de l’Amérique), vont se transmettre les rancunes de père en fils, jusqu’à l’absurde.

L’histoire est simpliste, peut être trop. Mais le talent de Michael Shannon se révèle là, lui qu’on avait jusque-là (dans notre cinéphilie sélective) cantonné dans rôles subalternes*: Pearl Harbor, Un Jour Sans Fin, Vanilla Sky, Bad Boys II. Pour Michael Shannon, il y a un avant et un après Shotgun Stories.


* comme on dit dans Drôles de Dames




dimanche 2 octobre 2016


De Battre mon Cœur s’est Arrêté
posté par Professor Ludovico

Il nous en manquait un, on l’a vu. De Battre mon Cœur s’est Arrêté était le seul Audiard qui nous manquait. Bon ça a un peu vieilli, et Romain Duris ne joue pas très bien. A-t-il bien joué un jour, on ne sait. En tout cas, c’est dans ce film là qu’il joue le mieux, et arrive à rendre crédible ce pianiste doué devenu petite frappe de l’immobilier. Mais Audiard reste cet élégant portraitiste de notre temps, le seul peut être capable de traduire ce qu’est la France d’aujourd’hui avec un tant soit peu de sérieux. Un cinéma politique sans être dogmatique.

C’est que De Battre mon Cœur s’est Arrêté, comme les autres Audiard, propose des personnages solides, sur une intrigue solide pourtant basée sur cet étrange polar mixant amour de Bach et spéculation immobilière.




jeudi 14 juillet 2016


La Neuvième Porte, bis repetita placent
posté par Professor Ludovico

Revoir La Neuvième Porte se fait toujours avec plaisir. Découvrir comment Roman Polanski – pour amener cette histoire à son terme avec beaucoup de subtilité – a glissé des motifs, et même en entrevoir de nouveaux.

Ainsi on découvre que la compagne de Johnny Depp est placée dès les premières scènes, que le code d’entrée de certaines portes s’ouvre avec le code 666, que Polanski fait une fixation sur les chaussettes, que Johnny Depp fume et boit comme un trou, et, qu’évidemment, il y a au moins une porte dans chaque scène.

Au-delà de métaphores sataniques détectées lors de récents visionnages, figures mythiques du diable (le taxi, le chien, …) le franchissement du Styx (ici une petite rivière qui ne laisse pas passer les Rolls Royce), et le feu, bien sûr, le feu omniprésent dans le film auquel répond les volutes de tabac qui sortent de la bouche de Johnny Depp.

Le diable n’est pas celui que l’on croit.




samedi 19 décembre 2015


Tristesse Club
posté par Professor Ludovico

Il y a heureusement des films que les américains ne sauront jamais faire et pour lesquels l’Europe, et en particulier la Grande Bretagne et la France savent parfaitement faire.

Tristesse Club fait partie de ceux-là. Au départ, c’est une des recommandations du Top Ten. C’est-à-dire de tous les films recommandé par les amis en ce froid mois de janvier et dont on se dit, telles les bonnes résolutions à la même période : « Ah zut, on aurait dû aller le voir ! » et puis, une minute après, on demande aux copains « Ça vaut VRAIMENT le coup ? » parce qu’on est pas vraiment sûr de vouloir faire l’effort. Mais comme ces braves gens viennent de vous le recommander, ils ne vont pas se dédire non plus…

Bref ça passe sur Canal, et on jette un œil. En dix minutes, on aura le temps de se faire une idée, et éventuellement jeter la recommandation à la poubelle des bonnes résolutions.

Pas de bol, ces dix premières minutes sont géniales : Laurent Laffitte mate un cul dans la file d’attente de la superette, tape son fils de 13 ans pour régler ses achats et Vincent Macaigne s’entraine à draguer les jeunes filles avec sa secrétaire de cinquante balais.

Le ton, est posé, délirant, et ce n’est que le début, car une bonne nouvelle arrive vite : Papa est mort. Au moment de toucher l’héritage de ce père très absent, pas de cadavre mais une fille, Chloé (Ludivine Sagnier) dont ne sait pas trop si c’est une ex du père ou une demi-sœur.

C’est parti pour 90 mn d’humour décalé et de règlements de comptes aigres-doux. Les acteurs à l’évidence se régalent, et nous aussi.




samedi 26 septembre 2015


Happy Birthday Rocky Horror !
posté par Professor Ludovico

Le 26 Septembre 1975, le Rocky Horror Picture Show commençait sa carrière aux Etats Unis (il avait été lancé en août en Angleterre). Ça ne marchait pas trop au début, jusqu’à ce qu’on découvre le culte qui entourait le film aux séances de minuit.

La grande saga du Rocky allait commencer. Quarante ans plus tard, Frank’n’Furter est toujours là.

Bon anniversaire Rocky !

NB Il sera fêté comme il se doit Samedi 31 octobre 2015 au Centquatre, 5 Rue Curial, 75019 Paris, à partir de 19h à 2h
Infos sur www.weezevent.com/rocky-horror-picture-show-party




dimanche 4 mai 2014


Only Lovers Left Alive
posté par Professor Ludovico

Au début de Only Lovers Left Alive, Jarmusch filme en gros plan un 45 tours qui débite un vieux rock très lent, à tel point qu’on se demande si le disque n’est pas en 33 tours, et qu’une main amie va jaillir dans le champ pour régler l’électrophone sur la bonne vitesse.

Only Lovers Left Alive, c’est ça : très rock, très lent. Beaucoup trop lent. D’aucuns – et notamment le guitariste qui m’accompagnait ce soir-là, expliquera, mi fataliste, mi fan transi, que ben, bon, Jarmusch, c’est ça.

Ok, mais quand ça dépasse les limites du supportable, le corps se révolte, et on s’endort. Quand on se réveille, vingt minutes plus tard, on n’a rien perdu de l’intrigue. Certes, on imagine des voix s’élever dans la salle, sur la cohérence, pour ne pas parler de métaphore, avec la notion très distendue du temps qu’ont les vampires (du moins, ceux que je connais).

Certes, mais nous, on s’ennuie quand même.

C’est dommage, parce que le reste est bien, la musique, géniale, les décors, la photo, parfaite, l’argument, pas mal du tout*. Pas pratique pour se retrouver (vols de nuit obligatoires) et pour s’abreuver (on ne suce pas le sang des misérables humains comme ça, il fait rester discret) ; appliquant en cal le credo du revival goth vampirique des romans d’Anne Rice et du très populaire jeu de rôle Vampire : La Mascarade.

Mais tout cela est long, beaucoup trop long, chaque scène étant elle-même interminable. Et peu subtil : Jarmusch parsème son film de références vampiro-littéraires : Christopher Marlowe, Paganini. Tout cela tourne au name dropping. Dommage.

* Deux vampires s’aiment, mais vivent séparément, chacun à l’autre bout du monde : Adam (Tom Hiddleston) vit dans les très impressionnantes ruines de Detroit et compose de la musique, Eve (Tilda Swinton) vit à Tanger dans les pas de Bowles et Burroughs et lit -beaucoup).




lundi 21 avril 2014


Twin Peaks forever
posté par Professor Ludovico

C’était hier, et nous reprenions, après un an d’abstinence*, notre ultime virée dans Twin Peaks land, son RR Café, le bureau du sheriff, la scierie, le Great Northern Hotel, le Jack-N’a-Qu’un-Œil… Ultime, car il n’est pas sûr que la Professorinette ait envie d’aller jusqu’au bout d’une série qui, comme chacun sait, échoua dans la saison 2 tout ce qu’elle avait réussi dans la saison 1.

Bref c’était L’épisode, celui où l’on sait enfin qui a tué Laura Palmer, La Grande Scène.

A vrai dire, je ne m’en rappelais plus. Une scène à la fois absolument terrifiante, uniquement rythmée par le crachotement d’un 33 tours en bout de piste, mais aussi contrebalancée par une autre scène magnifique, juxtaposée, où tous ceux qui ont connu et aimé Laura (Dale Cooper, Donna, Bobby) sont pris d’une horrible mélancolie, tandis que Julee Cruise interprète une chanson d’amour.

Tout Twin Peaks est là-dedans, et tout Lynch, pourrait-on dire : ce que la vie a de plus beau et de plus noir, concentré en une seule scène.

* due à une malencontreuse erreur de manipulation, qui avait révélé à la Professorinette, avec un épisode d’avance, le secret de Twin Peaks




jeudi 17 avril 2014


Fincher perd son Jobs
posté par Professor Ludovico

On l’annonçait, la bave s’écoulant des babines : le duo de choc Social Network, Sorkin-Fincher, était reformé pour s’attaquer au biopic du Commandeur des Croyants, le génial designer de Lisa et du Newton, monsieur Steve Jobs lui-même.

Malheureusement, Fincher a osé demander ce qu’il demande à chaque fois : le final cut*. Ce qui n’a pas plu à monsieur Sony, exit donc David Fincher.

Reste à savoir qui cuisinera la recette Sorkin, une bonne surprise n’étant pas à exclure. Et vu le sujet, il reste de grandes chances qu’on aille voir le film quand même. On n’est pas sectaires.

* Pour Social Network, Fincher avait formulé trois exigences : tourner le scénario tel quel sans y changer une virgule, l’assurance des avocats du studio que le film ne risquait aucun procès de la part de Marc Zuckerberg**, et, évidemment, le final cut.

** Le Zuck, grand prince, invita tout le personnel de Facebook à une projection privée de The Social Network, et se contenta du commentaire suivant : « They got the clothing right. »




lundi 31 mars 2014


Good Bye Lenin
posté par Professor Ludovico

C’est toujours amusant de voir un film longtemps après la hype. Good Bye Lenin faisait partie des films qu’on m’avait violemment conseillés à l’époque, que je n’avais pas refusé de voir, mais bref, ça n’a s’était pas fait. Il est depuis passé à la télé plusieurs fois, et je l’ai raté à chaque fois. Le signe – quand même – d’une très faible volonté de la part du Professore.

Mais voilà la Professorinette passe le bac, et considérant que le meilleur des profs d’allemand, c’est encore le cinéma, décide de bosser sa compréhension orale en visionnant quelques films. Immédiatement, le Professore suggère La Chute et Das Boot, mais bizarrement la jeune fille préfère Good Bye Lenin.

Bon, ben, c’est bien, sans plus. Après toutes ces années, il ne reste que les souvenirs de la hype : des scènes soi-disant très drôles d’une RDA reconstituée. Il ne reste qu’une forme de nostalgie de la chute du Mur, mélangée à une forme d’empathie distanciée pour ces ossies qui voyaient le rêve socialiste s’effondrer.

Tout cela semble bien loin maintenant.




mardi 4 mars 2014


Fincher+Sorkin x 2 = Steve Jobs
posté par Professor Ludovico

C’est peut-être la nouvelle la plus excitante du moment, révélée par Le Parisien (et les bons soins de Maître Fulci) : David Fincher travaillerait (avec Aaron Sorkin !) sur une adaptation de la vie de Steve Jobs, d’après la bio de Walter Isaacson.

Sachant qu’on vénère ici tout autant le réalisateur de Fight Club que le créateur d’A La Maison Blanche, et que l’on considère que leur bébé commun – l’épopée Zuckerbergienne filmé comme un slasher gothique mâtiné de John Hughes – comme le chef d’œuvre des années 2000, et que par ailleurs, l’on conchie l’idolâtrie jobsienne tout autant que l’on pourchasse avec vigueur l’hérésie Applemaniaque (cette chronique étant rédigée sur iPhone mais avec clavier intelligent Path), c’est une quadruple bonne nouvelle.




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