C’est par ce mot magique que se termine John Carter from Mars, le film le plus sous-estimé de 2012. Sans les conseils de Conrad, le navigateur le plus sûr sur les eaux tumultueuses du Reik, je serais moi aussi passé à côté de cette petite merveille pulp. John Carter n’est pas un chef d’œuvre, loin de là, mais c’est un film fait avec beaucoup de cœur, et cela suffit. Andrew Stanton a peut-être gâché sa carrière à Hollywood avec ce bide pharaonique, mais il a rendu hommage à ses livres d’enfance, et ça, ça n’a pas de prix.
En revoyant John Carter sur Canal+ avec le Professorino (qui ne cesse de m’assaillir de questions sur l’échec du film – lui non plus ne comprend pas –), je n’avais qu’un souhait : revoir ce dernier plan, où Dejah Thoris (Lynn Collins) prononce le nom de Mars, face caméra.
Car si, pour le reste, John Carter est un film d’aventure très réussi et très drôle, il ne prend réellement son envol que dans les dernières minutes, là où les grosses machines s’arrêtent habituellement. Après avoir vaincu ce pauvre McNulty (euh pardon, Dominic West dans le rôle de Sab Than), Dejah et Carter se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… Ça c’est la fin de Star Wars, mais pas de John Carter. Car beaucoup de questions posées dans le prologue, dans l’Amérique post-Guerre de Sécession, n’ont pas trouvé de réponse.
Andrew Stanton va compléter son puzzle brillamment*, en dix minutes chrono, inclure la réalité dans la fiction (en faisant de l’auteur, Edgar Rice Burroughs, un personnage de sa propre histoire) et apporter une conclusion humaniste un poil plus complexe que la production US habituelle. Le cynique John Carter ne pense qu’à son or, comme les pires ennemis de Mars, les Therns, qui voyagent de planète en planète pour s’emparer de toutes les ressources naturelles. Mais son aventure martienne, en forme de quête initiatique, le transformera en héros de tout une peuple. Et se débarrasser du médaillon qui permet le transfert vers la terre (et donc toute possibilité de retour) pour devenir John Carter, From Mars. Car on n’est pas d’un pays, ou de la terre de ses ancêtres, ou attaché par un quelconque lien du sang. Son pays, c’est celui où l’on défend ses amis, là où bat son cœur. Carter vient de Jasoom (la Terre dans le langage martien), il n’arrête pas de le répéter pendant le film, pourtant il deviendra un martien, par amour, et par amitié pour tout un peuple.
Le peuple de Barsoom.
* Rappelons que Stanton n’est rien de moins que le scénariste en chef de la meilleure période de Pixar, avant qu’elle ne devienne une parodie de Disney : il est l’auteur de Toy Story, 1001 Pattes, deux chefs d’œuvres, et des blockbusters Toy Story 2, Le Monde de Nemo, Monstres et Cie, WALL-E, Toy Story 3.
posté par Professor Ludovico
Dans la cadre de notre programme « Transmission des Savoirs et des Compétences », nous avons montré Alien, le chef d’œuvre de Ridley Scott, à la Professorinette. D’abord pour éviter qu’elle ne le voit n’importe comment avec Kevin ou Klara, en mangeant des Chupa Chups tout en zappant sur Secret Story. Ensuite pour qu’elle voie la bonne version, c’est à dire pas l’horrible Director’s cut où Ridley Scott cru bon d’ajouter en 2003 tout ce qu’il avait bataillé pour enlever en 1979*.
Verdict de la Professorinette : « C’est bien, mais ça fait pas peur… »
Avant de hurler sur les ados blasés, incultes, drogués aux jeux vidéos et incapable de séparer le bon grain (les conneries des années 80) de l’ivraie (les conneries des années 2010), tentons d’analyser le phénomène. Et laissons parler l’adolescente.
« Je n’ai pas eu peur, » confie-t-elle à CineFast, « contrairement à Shining, qui lui, fait vraiment peur (brave petite !) Et l’Alien, tu m’avais dit qu’on ne le voyait pas du tout, pourtant on le voit plusieurs fois ! Et en plus, j’avais déjà vu la créature : dans Martin Mystère, il y a un type qui se déguise en alien. Et la scène des œufs, elle est aussi dans un dessin animé que j’ai vu petite. »
Voilà, tout est dit : Alien est tellement important qu’il a déjà laissé son empreinte dans la culture populaire, même enfantine. On ne peut avoir peur de quelque chose qui est déjà présent partout, on ne peut avoir peur de quelque chose que l’on découvre dans le confort du canapé**, et pas pas dans le noir absolu de l’espace… d’une salle de cinéma.
* pour l’anecdote, j’avais interdit à ma sœur de le voir sur une télé, lui promettant de l’emmener au cinéma dès qu’il ressortirait. Finalement, nous l’avons vu en 2003, dans cette maudite version.
** Moi qui le connaît par cœur, j’ai sursauté deux fois. Quand Ripley fait tomber une boite à l’infirmerie, et quand le chat s’échappe !
dimanche 15 juillet 2012
Hello, I’m Johnny Cash…
posté par Professor Ludovico
Ne ratez pas ce soir le documentaire sur la légende noire de la Country. Oubliez le dispensable Walk The Line. Oubliez Johnny Halliday, ses Harley et ses vestes à franges… Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur la country (camions, rodéos et petites pépés), et écoutez l’authentique blues blanc du fond de l’Amérique :
When I was just a baby,
My Mama told me, « Son,
Always be a good boy,
Don’t ever play with guns, »
But I shot a man in Reno,
Just to watch him die
Plongez-vous dans l’album mythique du Man in Black : Cash, sortant de la drogue, cherche sa rédemption en allant chanter dans l’une des pires prisons des Etats Unis, Folsom, près de Sacramento. Cash ne sait pas qu’il va y enregistrer le meilleur album de sa carrière, le Live At Folsom Prison.
Johnny Cash at Folsom Prison
Arte, 22h15
jeudi 12 juillet 2012
Mélancolie sans fin
posté par Professor Ludovico
Revoir des bouts de Melancholia, l’Armageddon wagnérien, le Festen HD de Lars von Trier, voilà un plaisir qui ne se boude pas.
Dans dix ans, quand les polémiques cannoises (consciencieusement entretenues par l’insane punk danois) se seront tues, on découvrira enfin le chef d’œuvre Melancholia.
mercredi 11 juillet 2012
Stand By Me
posté par Professor Ludovico
C’est dur de retourner sur les douces prairies de l’enfance. J’ai revu hier avec le Professorino Stand By Me.
Bon, bof.
Oui c’est bien, oui River Phoenix délivre une performance exceptionnelle. Mais est-ce la VF ? La mauvaise qualité de la copie ? Le film m’a semblé simplissime, avec cette voix off ultra-explicative, et les situations plutôt convenues…
Le temps passe, héhé…
lundi 13 février 2012
Les Nouveaux Chiens de Garde
posté par Professor Ludovico
Tiré de l’excellent petit livre de Serge Halimi, Les Nouveaux Chiens de Garde est l’adaptation cinématographique – en moins réussi – de cette charge anti médiatique.
Même sil rate ses passages humoristiques (faussement premier degré, façon Canard Enchaîné), la charge reste intacte : monde media-politique en vase clos, formation identique (HEC-Sciences Po), manque de barrières déontologiques.
L’ensemble est passionnant, la critique sociologique est intéressante (élites droite et gauche unies pour « éduquer le peuple »), l’avertissement est clair (remember 1933) mais le tout mériterait d’être développé.
A voir donc et au cinéma, car il y a peu de chances que cela passe un jour à la télé.