[ Brèves de bobines ]

Petites réactions et conseils de sortie de salle



vendredi 4 décembre 2009


Sur le chemin de La Route
posté par Professor Ludovico

Il y a des films qu’on attend, comme La Route, et ceux qu’on n’attend pas trop, comme Avatar.

La Route, on l’attend de pied ferme, car c’est l’adaptation éponyme du chef d’œuvre de Cormac McCarthy, l’un des plus beaux livres de ces dernières années. Mais nous l’attendons aussi avec un peu d’appréhension. Car qui dit adaptation dit trahison. Que restera-t-il de l’ambiance glaciale, silencieuse, barbare, du roman ? John Hillcoat, réalisateur dans les années 80 de Ghosts of the Civil Dead, osera-t-il le film quasi muet, quasi obscur que les lecteurs attendent ?

De l’autre coté, nous n’attendons rien d’Avatar, tant la bande annonce est déceptive.

Mais au final, c’est l’élément psychologique qui joue à plein : un film, ce n’est pas une œuvre figée dans l’absolu, c’est une rencontre, un moment dans le temps.

Attendant trop de La Route, nous seront très probablement déçus ; n’attendant rien d’Avatar, une bonne surprise n’est pas à exclure.

Il faudrait, en fait, voir les films au hasard, sans titre, sans bande-annonce, sans casting et sans affiche : l’histoire toute nue…




lundi 16 novembre 2009


2012 : les toilettes sont alignées
posté par Professor Ludovico

On sait qu’on devient vieux quand c’est votre propre fille, la Professorinette, qui vous conseille d’aller voir une GCA, 2012 pour ne pas la nommer. « Il faut que tu le vois Papa, c’est trop bien… Y’a des immeubles qui s’écroulent, et en plus les mayas l’avaient prédit ! » : deux raisons parfaitement cinefasteuses d’aller au cinéma pop-corn que nous défendons ici.

Après, viennent les grandes questions : « Pourquoi ils détruisent le grand bâtiment, à Rome, avec le Pape ? Pourquoi, maintenant, le pole sud, il est dans le Wisconsin ? » Il faut alors expliquer l’obsession du catholic bashing, le positionnement mental du dairy state dans l’imaginaire yankee (le Wisconsin étant leur équivalent de la Creuse)

Il resta néanmoins une interrogation à laquelle même le Professore ne put répondre : « Mais, Papa, pendant tout le film, il disent que la catastrophe, que les mayas avaient prédit, c’est parce qu’en 2012, les toilettes sont alignées ? Pourquoi il faut que les toilettes soient alignées ? »

Il faut que j’aille voir le film, ma chérie…




lundi 9 novembre 2009


Clones
posté par Professor Ludovico

Si le cinéma est une recette, y’a un problème dans le potage Clones. Trop de farine, trop de bouillon, trop de poireau, on ne sait.

On ne sait pas si Clones est une GCA* rigolote, ou un film de SF sérieuse. Dans les deux cas, c’est raté.

Pourtant, il y a tous les ingrédients pour que ça marche : de bons acteurs, un réalisateur pêchu, des moyens (80M$, tout de même), et une histoire un peu au-dessus de la moyenne. Dans un futur proche, les humains ne sortent plus de chez eux et envoient à leur place des clones (surrogates) qui les remplacent avantageusement : plus beaux, plus jeunes, plus forts.

Mais ce qui ne marche pas dans Clones, c’est le traitement ; Mostow n’assume jamais vraiment son film d’action avec le Bruce Willis pourtant en pleine forme. Mais en même temps, il n’ose pas faire le Blade Runner du XXIème siècle. Pas d’humour, et une histoire tarabiscotée à souhait qui finit d’achever le spectateur, qui a renonce depuis longtemps à comprendre qui voulait tuer qui et pourquoi.

Clones est un film vieux, en fait.

Une seule scène, digne de Shyamalan, montre ce que Clones aurait pu être : des clones déconnectés s’écroulent, et leurs propriétaires sortent de leur domicile, hagards, en short/T-Shirt, mal rasés, pas maquillés, et gras du bide. Une merveilleuse métaphore de l’Amérique, qui se veut toujours belle, forte, et en pleine forme, alors quelle n’est plus qu’une nation de nantis obèses, qui délègue au monde entier le travail manuel, et passe son temps devant les séries et les jeux vidéos…

*Grosse Connerie Américaine, un concept inventé par le Professore pour tout ce qui nous occupe ici.




samedi 7 novembre 2009


La Guerre des Mondes
posté par Professor Ludovico

Les cinq dernières minutes de La Guerre des Mondes qui passait lundi sur TMC, même en VF, même en basse définition, m’ont confirmé dans l’idée que l’adaptation de HG Wells est un chef d’œuvre méconnu de Steven Spielberg. Pourtant, ces cinq dernières minutes, c’est bien ce qu’on lui reproche : la happy end, la réconciliation familiale, Tom Cruise et tout le reste.

Pourtant le regard halluciné de Cruise, sur l’avant-dernier plan de film, son hallucination d’être vivant au milieu de cet holocauste, valent mieux que les jugements entendus à sa sortie.

On rendra grâce un jour au talent de Spielberg dans cette Guerre des Mondes-là : un grand film sur l’extermination, sur la fin de l’héroïsme US, sur la sauvagerie qui guette même les grandes nations démocratiques comme l’Amérique*. Il faut revoir d’urgence La Guerre des Mondes

*en attendant l’adaptation prochaine du chef d’œuvre de Cormac McCarthy, La Route.




mardi 22 septembre 2009


De l’esthétique au cinéma (Ou de l’impact d’une bande-annonce)
posté par Professor Ludovico

D’habitude, on défend ici que l’esthétique n’est que l’écume des choses D’où notre aversion pour le « cinéma de décorateur », professé par Ridley Scott, Jean-Pierre Jeunet, ou Jean-Jacques Annaud (il y en a bien d’autres, mais ce sont nos têtes de turc favorites)…

La bande-annonce d’Avatar, le nouveau « chef d’œuvre de James Cameron » (c’est ce que dit la pub, et comme chacun sait, la pub ne ment pas) nous ferait presque faire marche arrière. En creux.

Nous sommes nombreux à attendre le successeur de Titanic, mais contrairement à ce que pensent certains, je ne pense pas que Cameron soit un génie. Il a fait un très bon film (Abyss), de bons films (Aliens, Terminator 2), et un chef d’œuvre du cinéma populaire, Titanic. Mais je crains un peu Avatar. Je ne me suis pas rué sur la bande-annonce. Mais voilà, maintenant, je l’ai vu, et… hmmm… (Petits sourires contrits devant l’ordinateur). On rembobine pour vérifier : oui, Avatar a l’air très moche. On ne peut pas encore juger l’histoire (de la SF assez basique, visiblement), mais bon, le look de schtroumpf des créatures extraterrestres m’a nettement refroidi.

Comme quoi l’esthétique, si elle n’est pas tout, elle reste la surface des choses et peut tout aussi bien servir de repoussoir…

PS : à l’inverse, la bande-annonce hyper-vendeuse de Star Trek version Abrams était parfaitement mensongère. Le relookage complet de l’Enterprise attendra.




mardi 8 septembre 2009


Deux Sœurs pour un Roi
posté par Professor Ludovico


Refusant d’aller le voir, pour cause de spoiler, pendant la diffusion des Tudors, j’ai enfin regardé
Deux Soeurs pour un Roi, la version Hollywoodienne de la tragédie de la petite Boleyn.

Malheureusement, malgré le casting Ferrari (Portman-Johansson-Bana, que demander de mieux ?), malgré une version alternative de l’histoire (pas le père, mais l’oncle), Deux Sœurs pour un Roi ne vaut pas tripette.

C’est beau, comme les Tudors, mais dans un autre genre : plus sombre, plus sale. Plus ramassé aussi, pas besoin d’allonger la sauce sur 13 épisodes : les personnages secondaires (Kristin Scott Thomas, très bien) sont moins nombreux. Mais surtout, comme tout BOATS qui se respecte, Deux Sœurs pour un Roi se contente d’enchaîner les événements connus (la rencontre, les accouchements, la décapitation), tout en évitant soigneusement ce qui intéresse les spectateurs (suspense, enjeux, personnages).

Un écueil qu’évitait en grande partie les Tudors…




lundi 7 septembre 2009


Les Dents de la Nuit
posté par Professor Ludovico

L’humour c’est vraiment une question de génération. Je suppose que si j’avais vingt ou trente ans, Les Dents de la Nuit me ferait rire. Mais je trouve les comédiens mauvais, les gags ressassés, seulement sauvés par quelques minuscules inventions scénaristiques.

On s’ennuie, et comme il a déjà été dit, l’ennui, au cinéma, c’est interdit. On pourrait même étendre ça à tous les arts, en précisant que « l’ennui » n’est pas lié à l’idée galvaudée de « divertissement ». Certains s’ennuient à 2001, chez Haneke, en écoutant Ligeti, moi pas. Mais je m’ennuie chez Woody Allen, le cinéma iranien, ou Oasis… Il est tout aussi facile de s’ennuyer chez Christian Clavier ou chez Alain Chabat.

Ce doit être le critère numéro un en sortant du théâtre, en éteignant l’iPod, en sortant du Gaumont…




mercredi 5 août 2009


The Reader
posté par Professor Ludovico

Il y a un truc qui cloche dans The Reader, et c’est difficile de dire quoi. On pourrait arguer qu’on n’est pas attiré par les personnages, mais c’est fait exprès. Derrière cette contrôleuse de bus sexy (Kate Winslet) se cache une ancienne gardienne d’Auschwitz, ça calme. Et le jeune berlinois, qui découvre ses premiers émois sexuels avec elle, découvrira aussi la Shoah, dix ans plus tard, lors de son procès, ça calme aussi.

Les comédiens sont excellents (Winslet, Fiennes, le jeune David Kross, et la montagne Bruno Ganz), mais bon ça ne décolle pas. Le message est là, très fort : c’est un film intelligent, qui donne à réfléchir, et propose un point de vue, un angle intéressant sur le sujet…

Mais pour ma part, j’ai trouve le film imbu de lui-même, le mélo à oscar dont les frères Weinstein se sont fait une spécialité, surligné au stabilo rose par l’énervante petite musique de chambre de Monsieur Nico Muhly. Madame la Professore, elle, a été scotchée par tout exactement le contraire, la retenue et l’extraordinaire sobriété du film.

A vous de voir…




mercredi 5 août 2009


Brüno
posté par Professor Ludovico

Après Borat, Sacha Baron Cohen et confirme tout le bien -et tout le mal – qu’on pensait de lui.
Le bien, c’est que le cinéma proposé ici est révolutionnaire, mélangeant intrigue web (pré-scandale à la Fashion Week de Milan repris par les médias du monde entier, lancement via des annonces sur Twitter), télé-réalité et fiction. Mais c’était déjà le problème de Borat, c’est encore plus le problème de Brüno : impossible de démêler le vrai du faux.

Autant le procédé était vrai (et donc fort) dans l’Ali G. Show qui lança le caméléon sur Channel 4, autant aujourd’hui, l’interrogation est de mise. Que reste-t-il de vrai dans Brüno ?

Quand Brüno atterrit chez les échangistes hétéros, c’est plausible. Quand Borat prend des cours de maintien chez les bourges du Kentucky, pourquoi pas ? Mais Brüno roulant des pelles dans un match d’Ultimate Fighting au cœur de l’Oklahoma (en hommage au Wrestling Game d’Andy Kaufman, autre imposteur déjanté ?), ça commence à sonner faux. Comment la production a-t-elle réussi à convaincre les organisateurs de laisser Cohen présenter ?

Le problème, c’est que dès que le doute s’instaure, il mine le film. Et si rien n’était vrai ? Peu importe le message (les USA, pays effrayant de Politiquement Correct et de haine de l’autre), tout d’un coup, ça ne marche plus.

Comme si ce passage de la subversion (la télé européenne), au média global (le cinéma US) avait corrompu l’intégrité Cohenienne. Beaucoup d’argent, donc moins de créativité : l’éternelle malédiction de l’art !

Il ne reste aujourd’hui que des rires gras dans la salle, quand Brüno fait tourner sa bite, ou se bat avec des sextoys. Symptomatique du passage aux standards américains : l’obsession scato. Le rebelle est devenu un membre respecté de l’industrie.




mercredi 5 août 2009


Whatever Works
posté par Professor Ludovico

On sait le peu d’estime en laquelle est tenu le new-yorkais ici, mais en fait c’est surtout son œuvre – très inégale – et le culte idiot qu’il suscite en France qui énerve. Cela n’empêche pas d’aller en voir quelques-uns, et certains sont bons, comme Whatever Works.

Premier atout dans la manche : Larry David. Allen s’est enfin trouvé un alter ego, qui peut dire son texte à sa place, et qui est infiniment plus crédible. New-yorkais comme lui, irascible comme lui, il a dix ans de moins, et peut donc encore séduire une jeunette en toute impunité… il ressemble aux seniors d’aujourd’hui, en short toute la journée, fan de jazz et de base-ball.

Larry David n’a pas à se forcer, il a écrit pendant des années les méchants scénarios de Seinfeld, et a déjà prouvé ses talents de misanthrope dans l’excellent vraie-fausse sitcom sur lui-même, Curb your Enthusisam (Larry Dans Tous Ses Etats).

Pour David, Whatever Works, c’est seulement des heures sup’ : professeur de physique, spécialiste de la Théorie des Cordes (« presque nominé pour le Nobel »), divorcé d’une femme belle et intelligente, hypocondriaque et spécialiste de la détestation de l’humanité, Boris Yellnikoff a tout pour plaire.* Quand il rencontre une jeune SDF, Marie Anne Celestine (Rachel Evan Wood), paumée à NY depuis qu’elle a fui sa famille de bigots du Sud profond, évidemment c’est loin d’être le coup de foudre immédiat.

Et c’est là le deuxième atout de Whatever Works : sa méchanceté profonde, sa misanthropie avouée, son manque total de political correctness. Les juifs, les noirs, les jeunes, les femmes, les pédés, tout le monde y passe. Oui tout le monde subit la méchanceté Yellnikoff, aka Woody Allen.

En face, l’innocence pure, la naïveté, mais aussi l’optimisme de la jeunesse de Marie Anne Celestine feront un utile contrepoids…

Après une heure trente de théâtre de boulevard – car c’est de cela qu’il s’agit, avec arrivées impromptues, manigances maternelles et ménage à trois -, tout ce petit monde sera réuni pour le Nouvel An, comme dans tout bon feelgood movie, contrairement aux prédictions Yelnikoviennes…

Ce n’est pas très bien joué, pas très bien filmé, mais c’est aussi rafraîchissant qu’un coca, après deux heures de marche exténuantes dans l’East Side…




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