[ Séries TV ]

Il n’y pas que le Cinéma dans la vie.. y’a aussi quelques séries TV…



mercredi 30 mai 2018


Girls
posté par Professor Ludovico

Alors que Girls entame sa sixième et dernière saison (devant nos yeux, du moins), la mélancolie est de rigueur. Comme si Lena Dunham, désormais trentenaire, passait aux choses sérieuses. Si la série n’est plus comique, elle fait d’autant plus la preuve de l’immense talent d’une gamine de 25 ans à qui on avait confié en 2012 les clefs du camion, de la voiture de service et de la dépanneuse. Actrice, scénariste et productrice, elle a su mener le barnum pendant six ans, jusqu’à cet épilogue.

On le sait, seules les grandes séries savent mourir. C’est le moment pour Girls de donner sa Grande Scène à l’ensemble du cast, les quatre filles bien sûr, mais aussi à toute la galerie de personnages. Adam, Elijah, Ray, et tant d’autres : chacun peut partir et le show entamer sa tournée d’adieu, tout en restant dans une finesse d’esquisse des personnages. Car chacun trouvera un destin conforme à sa personnalité, mais en évitant pour autant les clichés.

C’était cela Girls, une série bâtie sur des archétypes, mais qui n’avait pas renoncé à exprimer sa propre voix …




lundi 30 avril 2018


Rome
posté par Professor Ludovico

Quand on regarde une série, il ne faut jamais laisser trop de temps entre deux saisons. Normalement on patiente un an, et c’est déjà beaucoup.
J’ai vu Rome quand elle est sortie en 2005, et je regarde la deuxième et dernière saison cette année, 12 ans après.

Grave erreur !

Rome est-elle mauvaise parce que le temps a passé, et qu’on a vu beaucoup mieux depuis ? Ou était-ce mauvais tout court dès le début ? On sait que cette deuxième saison fut torpillée par la destruction totale des décors, suite à un incendie des studios de Cinecitta. La série coutait déjà fort cher, et comme il était hors de question de les reconstruire, Rome fut annulée.

La saison deux condense donc tout ce qu’il ne faut pas faire : des arcs narratifs tirés par les cheveux, et des personnages en carton qui changent d’avis comme de toge. On ne s’intéresse plus qu’à la grande Histoire, version Mankiewicz : Marc-Antoine, Octave, Cléopâtre…

Rome engendra en tout cas de beaux bébés ; HBO découvrit potentiel de la formule péplum + sexe ; elle devait faire florès quatre ans plus tard, sous une autre forme, celle du Trône de Fer.




dimanche 29 avril 2018


Godless
posté par Professor Ludovico

Le big sky. Ce n’est pas seulement le titre original de La Captive aux Yeux Clairs d’Howard Hawks, c’est la meilleure définition que l’on pourrait donner de la Terre des Fantasmes, quelques secondes après y avoir posé pour la première fois le pied. Quand on arrive aux États-Unis d’Amérique, c’est ce qui vous frappe en premier : le ciel. Un immense et bleu, devant, derrière, sur les côtés, sans limite. Un ciel de paradis, blanc comme les nuages qui y paressent… Un pays de géants, incroyablement beau.

C’est aussi ce qui frappe de prime abord dans Godless : la magnifique représentation – renouvelée – de cette immensité. Pourtant, elle n’a pas manqué de glorieux représentants dans le western classique, de la Monument Valley de John Ford, aux étendues neigeuses immaculées de Jeremiah Johnson. Mais c’est comme si Scott Frank avait su trouver pour Godless de nouveaux pinceaux, une nouvelle palette, pour filmer l’ouest, ses grandes plaines, ses déserts et ses forêts.

Pour une fois nous allons faire chronique commune avec Planet Arrakis, le blog de jeu de rôle du Professore. Car par un effet de synchronicité typiquement Jungien, ce qui se passe dans la vie se passe dans la série, et inversement. Le Professore Ludovico anime depuis quelques mois une partie de jeux de rôle western baptisé La Nuit des Chasseurs*. L’un de ses joueurs, l’auguste Beresford, nous signale Godless, « une série qui va vous plaire », tant elle ressemble aux aventures qui nous occupent autour de la table de jeu. On regarde donc. Et on est fasciné par les ressemblances : la vieille mine, la ville du Wild West, son saloon et ses putes, les indiens qui rôdent, les soldats perdus de la Guerre de Sécession… Normal, dira-t-on : dans les deux cas, on fait appel aux clichés du western, mais cela va bien au-delà. Dans le jeu, Karl Ferenc (il y a beaucoup de Cinefasters, à commencer par Le Snake, autour de la table), tire dans le genou d’un journaliste pour lui apprendre la vie. Dans le film, la peintre tire dans le genou pour apprendre la vie à un Agent Pinkerton. Il y a un cercueil, bourré de dollars, qui traîne quelque part dans La Nuit des Chasseurs. Idem dans Godless. Et une ambiance fantastico-biblique pèse sur le fatum des deux fictions.

Les clichés, malgré leur mauvaise réputation, font le genre, au cinéma, en jeu de rôle, en littérature. Ils sont les piliers sur lesquels le public s’appuie pour s’aventurer en terrain connu, et connivent, avec l’auteur. Pas de film de zombie sans blonde hurlante, pas de film de guerre sans soldat héroïque, pas d’heroic fantasy sans princesse à sauver… Sans, vraiment ? Pourtant, pas de blonde hurlante dans Walking Dead, pas de soldat héroïque dans La Ligne Rouge, et pas de princesse à sauver (c’est plutôt le contraire !) dans Game of thrones

Car pour faire œuvre, il faut transcender les limites du genre, les respecter, les violer, bref, jouer avec. C’est exactement ce que fait Scott Frank dans Godless : plutôt que d’aligner ces clichés, il les transcende**, démontrant qu’avec du travail et du talent, on peut passer du produit commun de série B au pur chef d’œuvre. Car ce n’est pas un western normal, même si sa forme et son propos restent étonnamment classiques.

Godless est d’abord extraordinairement esthétique (ne ratez pas les vingt premières minutes, jamais on a filmé comme cela les grandes plaines sous l’orage). Mais ses histoires sont toutes simples, pour ne pas dire éternelles. Un outlaw sur la voie de la rédemption, un shérif veuf, inconsolable, et à la ramasse, une fermière mère courage, et un vieux gangster revenu de tout, godless, qui veut récupérer un magot et se venger.

Mais dans cette soupe de légumes classique, Scott Frank, scénariste averti d’Hollywood pour pointures 90’s (Branagh, Spielberg, Sonnenfeld, Soderbergh***) ajoute des épices tout à fait étonnantes. La ville est spéciale, peuplée quasi uniquement de femmes depuis l’effondrement de la mine qui a tué leurs maris. De cet événement quasi biblique, Scott Frank tire parti pour lancer l’idée d’une utopie féministe anachronique, à l’aube du XX° siècle. Et fait de ces femmes des personnages qui ont les clefs en mains : au-delà de la tragédie, voilà une incroyable opportunité de devenir maîtresse de son propre destin. On verra ainsi s’esquisser un personnage lesbien absolument pas ridicule (ce qu’il craignait fort d’être), des femmes fortes et de faibles femmes, des hommes forts qui se révèle faibles et vice versa…

De Titanic, on disait ici que c’était un film con, car les films cons osent tout, et c’est à ça qu’on les reconnaît. On pourrait dire la même chose de Godless, une série conne qui ose tout et réussit tout. Un film féminin et féministe, un western d’action et contemplatif, une histoire de rédemption et l’impossibilité de la rédemption, des histoires d’amour (qui finissent mal en général…) Tout en maintenant une tension érotique pendant six épisodes sans jamais succomber à la tentation d’en montrer plus…

Et ce n’est rien dire des grands acteurs qui transforment ces clichés en personnages de chair de et de sang, où même les pires ordures auront leur moment de gloire. Car Godless est peuplé de ces acteurs « B » dont personne (sauf les cinefasters) connaissent le nom : Jack O’Connell (Skins, ’71, HHhH), Michelle Dockery (Downtown Abbey), Scoot McNairy (Halt&Catch Fire, Monsters, Twelve years a Slave, Fargo), Merritt Wever (The Walking Dead), Thomas Brodie-Sangster (Le Labyrinthe, Game of Thrones), Sam Waterston (La Déchirure, The Newsroom), Jeff Daniels (Speed, The Newsroom, The Looming Tower) …

Si une série est capable de vous donner envie de dresser des étalons, que vous dire de plus ?

* La Nuit des Chasseurs, par Yno, disponible ici
** La Nuit des Chasseurs, aussi, même si cette transcendance reste entièrement aux mains des joueurs et du Maitre de Jeu
*** qui coproduit Godless




samedi 21 avril 2018


Steven Bochco
posté par Professor Ludovico

Quelque part tout a commencé là. Quand Madame Dolly nous a conseillé, au mitan des années quatre-vingt dix, de regarder NYPD Blues sur Canal Jimmy. La série avait déjà sa petite réputation aux États-Unis parce qu’elle était faite par Monsieur Steven Bochco et qu’il avait déjà lui-même sa petite réputation (Capitaine Furillo, L.A. Law, des épisodes de Colombo, entre autres).

Mais en France nous étions quelques centaines de milliers à regarder les aventures de Sipowicz, Simone, et Medavoy le dimanche soir. Et tout de suite, nous avons compris que quelque chose avait changé ; les héros été méchants, tristes, racistes, malades, mais terriblement émouvants. Les bons allaient mourir. Certains méchants allaient s’en tirer. On n’était plus dans Walker Texas Ranger ou Hooker. Et surtout les cop show ne seraient plus jamais les mêmes. Toute la télé ne serait plus jamais la même…

Bochco, avec son collègue David Milch, étaient les pionniers de cette révolution. Il vient de mourir, à 74 ans.




mardi 23 janvier 2018


Top of the Lake
posté par Professor Ludovico

On était passé, à vrai dire, à côté du phénomène Top of the Lake, malgré les nombreuses recommandations des copains et copines qui ont généralement bon goût. Et puis là, ça passe sur Arte saison deux, et donc on regarde la saison une.

Petite escapade dans les aventures numériques, la série est disponible Arte +7, mais uniquement en VF. Après quelques radineries auvergnates, nous finissons par opter pour Arte VOD, avec un format à 1,99 € l’épisode en VO. Pour découvrir que l’intégrale est disponible pour 8.99€. L’essentiel n’est pas là, mais pour ce prix on a une horrible numérisation, pâle et baveuse, très loin des standards HD. Il y a encore du boulot avant d’être Netflix, les gars…

Mais passé ces petits problèmes techniques, Top of the Lake est une merveille. Et prouve au passage que la distance est faible entre le pâté et le foie gras. Dans les deux cas, c’est de la cuisine ; dans les deux cas il y a du foie, mais ce qu’en fait le cuisinier (le showrunner) change tout. L’histoire, basique, est pour tout dire totalement rebattue. Une petite fille a disparu, des bikers trafiquent de la drogue, une secte s’est installée près du lac, le tout dépaysé non pas dans un pays nordique mais dans son équivalent austral, la Nouvelle-Zélande.

Il y en a des centaines comme ça, des polars soi-disant exotiques, norvégiens ou suédois, qui ne font finalement que ressasser les mêmes thèmes (pédophilie, passé trouble, petite ville aux secrets inavouables) et appliquer les mêmes recettes. Jane Campion, c’est autre chose, elle tord tous les codes du polar. Et en fait en quelque sorte un objet réaliste. Par exemple, la fliquette (formidable – une fois de plus – Elisabeth Moss), s’oppose au chef biker (Peter Mullan) lors d’une perquisition. Elle veut absolument visiter les sous-sols, qui intriguent tout autant le personnage que spectateur depuis le début de la série. Mais le biker lui résiste, sans justification. Dans n’importe quelle série, la fliquette sortirait son arme, son mandat, son supérieur, et obtiendrait satisfaction. Ici, le rapport de force n’est pas en sa faveur. Elle s’incline.

Ce genre de réalisme est tout à fait exotique. En jouant avec les codes, Campion fait travailler le spectateur, habitué aux clichés du genre ; son cerveau se met à partir dans toutes les directions, pour son plus grand plaisir.

Et si la solution n’est pas des plus originales, elle est pourtant parfaitement aboutie. Bien filmé, formidablement joué par ses acteurs, mais sans affectation, Top of the Lake est une réussite.




samedi 30 décembre 2017


The Expanse, saison 2
posté par Professor Ludovico

C’est déjà une perte de temps de regarder The Expanse, alors, en parler ! Mais bon, on y retourne parce que franchement, autant de médiocrité dépasse l’entendement. Cette saison deux est une incroyable démonstration d’un manque absolu de talent et, très basiquement, de technique. Avec tout le matériau à leur disposition, comment faire aussi plat ?

Dans cette saison, il n’y a en effet rien de moins qu’une petite fille qui disparaît, un personnage qui peut trahir sa chef, deux mecs qui survivent au cancer, un couple qui se sépare, la Terre qui menace d’être détruite par un astéroïde, une patrouille de soldat qui est anéantie, un personnage très important qui change de camp, un autre personnage très important qui change de camp : pas à un seul moment, on ne ressent la moindre émotion. Peur des antagonistes ? Peur pour les protagonistes ? Stupéfaction devant un rebondissement inattendu ? Emerveillement devant la beauté du système solaire ? Adrénaline des combats spatiaux ? Angoisse ? Suspense ? Amour ? Désir ? Affection ?

Rien. Zéro.

La faute non pas à l’intrigue, ni aux acteurs (pas très bons par ailleurs) mais bien aux metteurs en scène et aux showrunners (Mark Fergus etHawk Ostby) incapables de faire monter la sauce et de créer la moindre tension dramatique. Tout est torché au sein du même épisode. Et on passera aa autre chose la prochaine fois.

Avec un dixième de ce matériau, Ronald D. Moore bâtirait une Eglise et JJ. Abrams une cathédrale. Mais Machin et Truc* sont incapables de faire mieux qu’une cabane en préfabriqué.

C’est honteux.

* Scénaristes des Fils de l’Homme : tout s’éclaire …




lundi 27 novembre 2017


Un Village Français, finale
posté par Professor Ludovico

Retour à Villeneuve, pour la dernière fois… Un Village Français, le champion du monde du Tell, Don’t Show, le Prince de la Dramaturgie Ratée est de retour.

Le show, qui a perdu son manuel de scénariste pendant l’Exode, revient pour six épisodes avec toujours les mêmes qualités, toujours les mêmes défauts. Tout dans la pédagogie, rien dans le scénario.

Avec une belle promesse, qu’on espérait à vrai dire depuis le début : raconter le destin de nos personnages au-delà de 1945 : comment Vichy, comment la Résistance ont défini la France d’aujourd’hui.

Raconter l’évolution de ses personnages, et montrer ce qu’ils sont devenus vingt ans après – comme la fabuleuse conclusion des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas : la volonté est louable. Les gentils sont toujours punis et les salopards s’en sortent toujours.

Mais c’est évidemment du côté de la cinématographie que ça pêche. Ainsi, pour montrer l’admiration que Te Quiero a pour son père, et que l’immarcescible Daniel Larcher a toujours représenté pour lui la générosité, la probité, et l’honnêteté, les scénaristes ne trouvent rien de mieux que de faire dire à Te Quiero « Papa, je t’admirais. Pour moi tu étais la générosité, la probité, et l’honnêteté ». Degré zéro de l’écriture.

Le reste est à l’avenant : personnages outrés (Hortense, Lucienne), rebondissements téléphonés, et spoilers inclus dans le générique (sic !)

Dommage. Mille fois dommage.




samedi 18 novembre 2017


The Wire, saison 2, Le Port
posté par Professor Ludovico

La cinéphilie, ça a du bon. Ca peut dévaloriser un film comme Usual Suspects (on y reviendra), mais ça peut aussi révéler, à la revoyure, une saison deux de Sur Ecoute.

Sur cette fameuse deuxième année, dite « du port », il est remarquable de constater, quinze ans après, qu’elle fait le même effet au Professorino, né en même temps qu’elle. On a beau être génération The Wire, on ne comprend pas plus que le paternel le virage orthogonal pris par David Simon, au moment même où celui-ci se battait avec HBO pour sauver le show.

Cette saison 2, ce n’est plus Sur Ecoute : plus de cité, plus projects, plus de drogue, plus de noirs. Juste des blancs, des putains de polacks, et des putains tout court, mortes d’étouffement dans le container qui les amenaient d’Ukraine en Terre Promise. 

Mais force est de constater qu’il faut réévaluer à la hausse cette histoire de vitraux, de trafics, et de syndicat de dockers. David Simon joue le contraste à fond dans la scène hilarante où les rôles sont inversés : Herc, le flic blanc va sur le terrain acheter de la drogue, et ce sont les noirs, Carver et Kima, qui prennent des photos sur le toit.  

Mais voilà, maintenant on a vu tout Sur Ecoute, et on a compris ce que voulait faire David Simon : pas un vulgaire cop show, mais rien de moins que le portrait d’une ville, de toutes nos villes. Pas l’Amérique qui gagne, mais l’Amérique qui perd : ses flics, ses truands, ses politiciens, ses prolos, ses profs et ses journalistes. 

Stringer et Avon peuvent rester dans l’ombre, comme Maurice Levy ou Bubbles, parce qu’aujourd’hui, c’est l’heure de gloire du Grec, de Zig et Nick, de Beadie Russell, et bien sûr, de Frank Sobotka. 




samedi 11 novembre 2017


Petit cours de décoration
posté par Professor Ludovico

Pour ceux qui pensent encore que le cinéma naîtrait, ex nihilo, du cerveau d’un seul cinéaste démiurge, que la beauté d’un plan, d’un costume, d’un décor serait le fruit du hasard, et pas l’exécution d’un travail planifié en amont, on se penchera sur trois minutes de Stranger Things.

Un nouveau personnage très excitant, Maxine, est venu enrichir la bande de copains de la fresque nostalgique des frères Duffer. Maxine est rousse. Dans l’épisode six, il y a un exemple parfait de la nécessité de stylisation que décrivait Hitchcock : « On découvre que deux personnages portent le même costume, et de fait, on ne sait plus qui est le méchant… »

La stylisation, c’est ce qui permet de caractériser le personnage d’un seul coup d’œil, car le spectateur a autre chose à faire : comprendre l’intrigue, écouter les dialogues et surtout, ressentir des émotions.

Donc, Maxine. Toutes les filles rousses vous le diront, ce qui leur va le mieux, c’est le vert. Parce que le vert, c’est la couleur complémentaire de l’orange, la couleur qui crée dans votre œil le plus fort contraste possible. Quand on est décorateur, costumier, on a appris ça à l’école.

Et on le met en pratique, dans cette scène très simple de la maison de Maxime. Il y a de l’orange partout dans cette maison : les vitraux de la porte, le papier peint, les coquillages dans le bocal… Mais il y a aussi du vert, le linteau de la cheminée, le bocal de coquillages, les rideaux… Ce n’est pas innocent, même si ce n’est pas fait de façon appuyée*.

Ces choix créent une ambiance : on est dans la maison de Maxine, vous savez, la petite rousse en survêtement vert. Dans le final de la saison, elle porte un masque de plongée comme les autres … mais le sien est orange ! Tous les masques de plongée des années 80 sont en plastique noir, sauf celui de Maxine : on la reconnaitra du premier coup d’œil. Dans Mad Men, Matthew Weiner faisait de même avec Joan Holloway ; Christina Hendricks se pavanait dans des robes vertes incendiaires. Mais il n’est pas besoin d’être aussi stylé que les années 50 pour faire ce travail de stylisation…

* Au contraire de Légion, ou de Kingsman qui cherchent, eux, à créer un univers ultrastylisé, type BD.




jeudi 9 novembre 2017


Stranger Things, saison 2
posté par Professor Ludovico

Nouvelle crise de schizophrénie du CineFaster : on se jette comme la vermine sur le bas clergé sur Stranger Things, et on se repaît de notre dose quotidienne. Mais une fois fini, on n’a de cesse d’en pointer les innombrables défauts. Car il s’agit bien de cela : une série addictive mais faible, à l’exécution parfaite mais d’une faible originalité.

Les frères Duffer ont à l’évidence appris par cœur les manuels de Spielberg, Donner, de Palma, Carpenter, mais ils peinent à avoir le début d’une idée. Cette saison deux a une intrigue et une seule, qui ressemble beaucoup à celle de la première saison. Les personnages sont fossilisés dans leurs stéréotypes, la mère courage pleurnicheuse, les enfants indomptables, le flic frustre*. Il y a bien une ouverture – un instant mystérieuse – avec Maxine, mais qui ne mène finalement à rien.

Il reste néanmoins la perfection de l’exécution, la musique, les acteurs, la déco, et ce doux parfum de nostalgie eighties, talkies-walkies et Donjons&Dragons, promenades à vélo et cabanes dans la forêt yvelinoise, et le Commissariat à l’Energie Atomique de Bruyères-le-Chatel comme siège possible de l’Empire du Mal… C’est ce business de la nostalgie qui pilote Stranger Things, et seulement cela.

Si, comme l’a révélé la dernière séance de spiritisme menée par le Professore Ludovico au cœur de la forêt rambolitaine, Stranger Things devait durer 11 saisons, il va falloir songer à se trouver un scénariste.

* Sans parler d’un épisode (et d’un personnage) complètement ratés, qui sentaient le Trumpisme à plein nez comme le Framekeeper sent le Brocciu, et dont le message frôlait dangereusement les meilleures pages de la Loi du Talion.




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