[ Séries TV ]

Il n’y pas que le Cinéma dans la vie.. y’a aussi quelques séries TV…



dimanche 25 août 2013


Le Messie de Dune
posté par Professor Ludovico

Le Professore, défenseur du monde libre, avait échappé aux griffes de Karl Ferenc Scorpios dans l’épisode précédent. Ce qu’il ne savait pas, c’est que l’agent du SPECTRE lui avait implanté sous hypnose un mot-commande dans les profondeurs de son cerveau. Dès que Ludovico entendrait les mots « Parle-moi de ton monde natal, Usul », il ne contrôlerait plus ses actes.

C’est ainsi que je me retrouvais, tout jugement suspendu, à introduire dans mon lecteur Blu-Ray Sony dernier cri, le DVD de Children of Dune. Oui, la suite de la série TV honnie, l’adaptation au scandaleux succès du plus grand livre jamais écrit*.

J’étais resté abasourdi devant le premier chapitre, Dune, ses cadrages improbable, sa déco à deux francs, ses acteurs en plastique et ses images de synthèse réalisées sur Amiga. Hors de question de voir la suite, malgré les exhortations d’un ami de Montreuil, DAF d’une grande société informatique française. Mais quelqu’un avait fait sauté mon conditionnement impérial, et j’étais bien en train de regarder la suite. Impossible de faire demi-tour. Susan Sarandon était là, dans un fauteuil Conran, sur une Salusa Secundus en 3D dans le rôle de Wensica Corrino. Trop tard pour faire demi-tour…

Mes pensées se troublèrent de plus en plus quand je me mis à penser que certes moche, ce second chapitre, Le Messie de Dune, était diablement fidèle au livre. Pas seulement à l’intrigue, mais aussi à l’esprit du Messie de Dune. Un livre qui torpille l’idée de héros. Paul Atréides, devenu Muad’ Dib, a lancé ses Feydakin dans l’univers ; ils mettent ces planètes à feu et à sang et les convertissent l’une après l’autre à cette dictature théocratique.

Qu’est-ce que ça fait de passer de libérateur à tyran, c’est le sujet du livre, diablement bien illustré dans ce Messie de Dune TV. Il faut juste éviter de regarder les images, atroces. Car cette adaptation télé a – sciemment – pris le contre-pied du film de Lynch, qui avait été un atroce bide aux Etats Unis. Elle a respecté le livre à la lettre, mais au passage, a parfaitement raté le look du film, ce qui était – et reste – le principal atout du film de Lynch.

Me voilà en tout cas obligé de regarder Les Enfants de Dune.

* C’est ce que croyais à quinze ans, en tout cas.




lundi 19 août 2013


Hatfields et McCoys
posté par Professor Ludovico

C’est une histoire peu connue de ce côté-ci du Pecos*, l’affrontement terrible qui opposa deux familles pendant près de quarante ans, le long de la Tug Fork, une rivière qui délimite la frontière entre le Kentucky et la Virginie Occidentale.

Ces Horaces et ces Curiaces US, c’est tout simplement – selon Kevin Costner – l’histoire de l’Amérique elle-même : la lutte entre le bien et le mal, la religion et la laïcité, l’esprit pionnier (qui se meurt) et l’Etat (qui se construit). Deux amis courageux partent défendre le Sud pendant la Guerre de Sécession, mais vont en revenir ennemis à jamais. Anse Hatfield (Kevin Costner) déserte une guerre ingagnable qui n’est plus la sienne, et bâtit un empire dans l’exploitation du bois ; son ami Randall McCoy (Bill Paxton) revient en héros, mais brisé par la guerre et la trahison. De l’assassinat d’un « traître » de la famille McCoy passé Nordiste, à un vol de cochon, va naître la plus grande vendetta des Etats-Unis.

C’est ce que propose de raconter le biopic fleuve Hatfields & McCoys, une mini-série de 5 heures qui a cartonné sur la chaîne History** et co-produite par le revenant Kevin Costner. L’ex wonderboy des années 85-95 s’est trouvé une forme de reconversion dans une exploration revisitée du western. Avec Open Range, puis aujourd’hui via Hatfields et McCoys.

La bonne nouvelle, c’est qu’il s’est réconcilié avec Kevin Reynolds, son meilleur ami devenu meilleur ennemi sur le naufrage Waterworld. Kevin Reynolds, ce n’est rien de moins que le plus grand gâchis de l’histoire récente d’Hollywood. Deux premiers films peu connus mais géniaux (Fandango, La Bête de Guerre), un carton Hollywoodien (Robin des Bois : Prince des voleurs), une des plus belles séquences de Danse Avec Les Loups (les bisons), et puis plus rien. Idem pour Kevin Costner, le plus grand acteur de sa génération, héros des plus gros succès de la décennie 1985-1995***. Deux hommes détruits par un seul film, Waterworld, un bide abyssal que méritait le film mais sûrement pas les deux intéressés.

Les revoilà donc aux affaires, plutôt en forme dans leurs métiers respectifs (acteur et réalisateur). Mais si Hatfields et McCoys passionne pour l’Histoire avec un grand H, la série est ratée côté dramaturgie : l’histoire des deux familles est tellement connue aux USA que Costner et Reynolds ne font qu’en illustrer les images d’Epinal : l’amitié virile, au temps de la Guerre de Sécession, le retour difficile, après la guerre, le meurtre de Harmon MacCoy, la vengeance de la mort de Harmon, la vengeance de la vengeance de la mort de Harmon, etc. Auquel s’ajoute cette fâcheuse mode americana du moment. Les acteurs passent ainsi leur temps à cracher leur chique et à imiter un accent redneck du plus bel effet (Ain’t gonna be my time, sir ! For sure !) L’équivalent de nos reconstitutions médiévales ampoulées de la télé française… La même obsession misérabiliste de montrer « qu’à l’époque c’était comme ça. »

On préférerait que Hatfields et McCoys s’attarde sur les personnages, construise des enjeux, un destin, mais on sait que le biopic castre rapidement ces commandement scénaristiques.

Hatfields et McCoys reste néanmoins hautement regardable, notamment pour la toile de fond qu’elle propose ; rien de moins que la fin de l’ère « sauvage » des Etats-Unis, la fin de la conquête de l’Ouest et de la Destinée Manifeste. Derrière ces gars lourds, taillés à la serpe, défendant leur propriété à coup de Winchester, c’est un nouveau monde qui apparaît : la loi, l’état, la justice fédérale… Un pays en train de se construire.

* Quoique Lucky Luke s’en soit emparé avec les O’Hara et les O’Timmins, dans Les Rivaux de Painful Gulch
** En ce moment sur Canal+, bientôt en DVD/VOD ?
*** Allez, on ne résiste pas : Fandango Silverado, Les Incorruptibles, Sens Unique, Danse avec les Loups, Robin des Bois, Prince des Voleurs, JFK, Bodyguard, Un Monde Parfait…




vendredi 2 août 2013


Game Change
posté par Professor Ludovico

Sur les conseils de La Lengua, je profite de l’été pour me pencher sur Game Change, le téléfilm HBO basé sur la campagne 2008 de John McCain/Sarah Palin. Et je réalise l’indicible : regarder un film sur un netbook ! Oui, sur un écran minuscule de 12″ avec un casque sur les oreilles. Avouons que dans le confort d’une terrasse provençale, une fois les cigales parties se coucher, ça le fait.

On peut donc se pencher tranquillement sur l’extraordinaire performance de Julianne Moore interprétant Miss Palin. Extraordinaire, oui, pesons nos mots. Car la bombe rousse de Magnolia, The Big Lebowski, Boogie Nights, Short Cuts réussit à disparaître littéralement sous le charme MILF, Alaska et chasse à l’élan, de Madame Palin. L’actrice réussit quelque chose d’extraordinaire au cinéma : jouer la bêtise, sans jamais la surjouer.

Car c’est bien de cela dont il s’agit : comment, par opportunisme politique, Steve Schmidt (Woody Harrelson) – stratège politique – pousse John McCain (Ed Harris) à se choisir comme co-listière (et potentielle vice-présidente des Etats-Unis) une parfaite inconnue, séduisante tout autant physiquement que politiquement, mais parfaitement incompétente à un tel poste, la Sénateur de l’Alaska Sarah Palin.

Évidemment, ils vont enfanter un monstre, car, comme le dit McCain, « il y a une face sombre au populisme américain » et Palin va l’incarner : si la sénatrice semble d’abord respecter la feuille de route (incarner la droite du parti, tout en soutenant le réformisme de McCain), elle va vite sortir du cadre imposé (anti-Obama, anti-avortement, créationniste…)
Si Moore brille tant, c’est qu’elle sait aussi donner une perspective à ce personnage, qui ne peut être aussi noir : mère de famille, femme amoureuse, mais aussi femme blessée par les attaques, notamment la fameuse imitation de Tina Fey.

Et une fois de plus, la loi du biopic fonctionne. C’est en décentrant le héros (le conseiller, pas Palin) que nous nous intéressons à cette histoire. C’est bien le conseiller que nous suivons, son enthousiasme, puis ses doutes et enfin ses regrets. Palin n’est qu’une toile de fond de sa propre biographie, ce qui permet au spectateur toutes les spéculations… Et deuxième recette mise en œuvre par HBO : avoir un propos, une opinion, un point de vue. Produit par Tom Hanks, le film est évidemment à charge, ce qui ne le rend pas moins intéressant.

Bien au contraire.




vendredi 24 mai 2013


Tout Star Trek sur Arte !
posté par Professor Ludovico

Non, ce n’est pas un gag, ni même un poisson d’avril tardif pour Vulcains : Arte, vous avez bien lu, la chaîne franco-allemande de la culture va diffuser sept films de la série Star Trek avant la sortie du deuxième opus, JJ Abrams style, Into Darkness, le 12 juin prochain.

Comment ne pas y voir, à la suite de notre récente chronique sur Spielberg, la victoire de la geek nation ?
Que n’avons nous pas entendu, en 1982, quand nous louions les qualités scénaristiques de la série Star Trek, qui balbutiait enfin, avec quinze ans de retard, ses premiers pas sur TF1 !

« Série en pyjama » « ridicule à l’époque de Star Wars », j’en passe et des meilleures. C’était oublier, ou simplement ne pas voir, que les scénarios étaient d’excellente facture, souvent écrit par des grands noms de la SF ou du polar, comme Robert Bloch. Et traitaient de grands sujets, bien plus ambitieux que les thématiques wagnériennes de la Guerre des Etoiles.

Passer aujourd’hui sur Arte, c’est plus qu’un gag, c’est une reconnaissance.

Et une victoire. Totale.

Dimanche 26, 20:45, Star Trek
Lundi 27, 20:50, Star Trek II La Colère de Khan et 22:40, Star Trek III la recherche de Spock
Dimanche 2 juin, 20:45, Star Trek IV Retour sur Terre et 22:35, Star Trek V L’Ultime Frontière
Lundi 3, 20:45, Star Trek VI Terre inconnue et 22 :35, Star Trek: First Contact (en zappant bizarrement Star Trek : Générations)




dimanche 12 mai 2013


Borgia, les personnages emportent tout ?
posté par Professor Ludovico

Alors que l’on termine la saison 2 de Borgia façon Canal+, nous voilà envahi d’un étrange doute, comme le lent poison qui coule dans les intrigues de cette fin du XVème : qu’est-ce qui nous pousse à regarder une série que l’on vilipende par ailleurs ?

Pas l’intrigue : on sait que les Borgia vont mourir ; aucun cliffhanger attendu là où tout est prévisible. Il suffit d’avoir l’excellent Les Borgia de Marcel Brion à la main. On sait par exemple ce qui va advenir de Cesare : après son mariage français, la gloire, la conquête et la pacification de la Romagne, pour soudain subir une « terrible malignité de fortune » comme aurait dit Machiavel.

Ce n’est pas le scénario non plus, ses dialogues indigents, mécanistes, qui ne sont là que pour expliciter des situations ultra convenues aux schémas ultra répétitifs (je veux quelque chose, je la demande, on me la refuse, je l’obtiens). A cette aune, Les Tudors passent à côté pour un trésor de dramaturgie.

Non, c’est peut-être, tout simplement, les personnages. Malédiction commune aux séries, on a finit par s’attacher au Pape (formidable John Doman), à Cesare (Mark Ryder), à Lucrèce (Isolda Dychauk). Et à se passionner pour les tourments de cette famille, mal née, sans noblesse, qui n’a pas d’autre choix que de se battre pour survivre.

Le pouvoir se prend, personne ne vous le donnera, c’est la grande leçon de Borgia.

 




mercredi 1 mai 2013


Borgia, une saison au vitriol
posté par Professor Ludovico

Ça y est, c’est sûr ! On l’avait déjà pressenti, mais le mauvais ragu borgia alla fontana, n’est ni plus ni moins que le vieux bouillon de légumes Oz, sorti du congélateur Levinson/Fontana, réchauffé au micro-ondes Canal+, et légèrement pimenté de gonzesses (un truc qui manquait gravement à l’homoérotique Oz)

On s’en doutait, mais on en a eu la preuve formelle dans les récents épisodes … de l’addiction du Pape. Car Alexandre Borgia, vicaire du Christ, est devenu un junkie du vitriol, et en boit plus que de raison. Loin de moi l’idée de repousser cette intéressante hypothèse, mais c’est le traitement qui a révèle la fainéantise crasse de Monsieur Fontana (et le manque de pouvoir sur lui de Canal+, son bailleur de fonds).

Car l’addiction est traitée à la Oz, très trash (vomissures, et autres plans scatologiques), très violent, bref, le parfait attirail pour choquer le bourgeois et creuser la veine du catholic bashing. Ce qui fonctionne parfaitement dans l’univers confiné et contemporain d’Emerald City, la « prison modèle » de l’Oswald Correctional Center, mais qui n’a aucun sens dans le Vatican de la Renaissance.

Dès lors, les autres signaux de la Grande Photocopieuse sont partout : gros plans en grand angle, steadicam défoncée à la cocaïne, personnages gesticulant dans tous les sens et assenant les rebondissements au spectateur. Tout ça marche parfaitement dans Oz, et pas du tout ici. Car l’on voit bien que le propos est bien plus haut. Fontana, malgré la provoc, a lu Machiavel, il a des choses à dire, et il utilise un personnage pour le faire passer : Cesare. Les Borgia, c’est tout simplement Le Prince pour les Nuls : comment conquérir le pouvoir, le maintenir, unifier l’Italie, créer les fondations d’une nouvelle famille royale : les Borgia…

Et si les mêmes enjeux de pouvoir sont au cœur des factions de Oz, c’est au service d’un objectif beaucoup plus simple : la survie. C’est à coup sûr ce qui a intéressé Tom Fontana, mais ça ne suffit pas …

 




lundi 22 avril 2013


Game of Thrones, Saison 3
posté par Professor Ludovico

Ça y est, c’est le printemps et winter is coming. Sous l’amicale pression de ses amis, Philippe de Winterfell réunit son petit monde sous le Godswood et projette les deux premiers épisodes de la nouvelle saison, après quelques pâtes aux champignons de Dragonstone et deux trois dattes dothrakies.

Et là, l’habituel se produit : le béotien (le Professore) est en admiration contrite devant tant de talent dramaturgique, de beauté formelle, de décors parfaits et d’acteurs étonnants. Mais en face, la tribu de GoT épluche la bête : comment Catelyn Stark peut-elle parler ainsi de Jon Snow, alors qu’elle le déteste depuis tout petit ? Il y a une incohérence chronologique, là, avec Mance Rayder, car on aurait du le voir dès la saison 1 dans la scène de biiiip… Etc. Etc.

Eternel débat entre le lecteur, qui s’est approprié totalement un livre (je connais parfaitement la couleur des cheveux de Paul Muad Dib, et ce ne sont pas ceux de Kyle McLachlan !) et le spectateur qui doit accepter toutes les entorses liées à la dramaturgie spécifique d’un film ou d’une série. Et cela vaut pour les grands livres comme pour les petits. Au-Dessous du Volcan, Ulysse, Le Festin Nu, À la Recherche du Temps Perdu, … ou Marc Levy, le lecteur est tout aussi impliqué dans une lecture qui l’a passionné.

Adaptation : trahison.

J’ai bien fait de ne pas lire Le Trône de Fer.




dimanche 14 avril 2013


Real Humans
posté par Professor Ludovico

C’est la bonne surprise offerte par Arte : Äkta Människor, la série sur les robots qui vient de Suède, précédée d’un buzz flatteur. Et le buzz n’est pas trompeur : Real Humans, à ce stade (2 épisodes), c’est même très bon.

Le pitch, tout le monde le connaît. Dans un futur très proche, les robots font partie de l’électroménager de base. Chacun s’en achète un, comme un nouveau réfrigérateur. Aide ménager, assistante médicale, ouvrier, ou prostituée, les robots servent à tout ou à rien. Tellement pratiques, que comme l’iPhone moyen, tout le monde en veut un. Seul résiste un parti, extrémiste (les fameux Äkta Människor) qui prônent une société 100% humaine, jusqu’à « tuer » les robots s’il le faut.

Première finesse : l’épisode pilote est assez malin pour nous présenter toutes les nuances de ce parti : de la mère de famille, qui se plait à penser qu’il vaut mieux que ce soit les parents qui s’occupent des enfants (plutôt que les robots) – même si les enfants pensent le contraire ! – jusqu’au vigilante qui tire sur tous les grille-pains* qui bougent…

Deuxième finesse : si Dieu a fait l’homme à son image, et que l’homme a fait le Robot à son image, alors il devient difficile de détruire ce qui te ressemble autant. C’est la grande réussite graphique de Real Humans. Avec une grande économie de moyens (un peu de maquillage, des lentilles de contact), les hubots, sont, comme leur nom l’indique, très humains.

Et le spectateur, par transfert, de se mettre à imiter les personnages : détester les robots de l’usine qui vous piquent votre job, ou tomber amoureux d’Anita, la hubot tout droit sortie d’un japanime, ou encore être touché par le robot cassé que répare consciencieusement son propriétaire retraité… On finit par se demander si certains humains ne sont pas des robots cachés…

Real Humans s’extrait en fait du divertissement excitant (aventure/science-fiction/humour/romance) pour se poser comme une véritable œuvre d’art, en se posant les bonnes questions : qu’est-ce qui fait de nous un humain : l’amour, ou les preuves d’amour ? Vaut-il mieux vivre avec un humain irascible ou un robot affectueux ? Faut-il continuer à effectuer des tâches pénibles si une machine le fait mieux que nous ? Et se garde de donner des réponses toutes faites…

Cette masse gluante et violette que l’on trouve dans le crâne des hubots – ce que les humains appellent l’âme –, c’est déjà ce qui fait la différence : vraiment humain.

* Allusion à Battlestar Galactica ou blagounette du sous-titreur, Dieu seul le sait…




samedi 6 avril 2013


Borgia saison 2 : une ou deux choses que je sais de Nicolas Machiavel (et de la fiction)
posté par Professor Ludovico

Hier, dans les épisodes 3 et 4 de la lamentable série de Canal+ sur les Borgia « Carbonara alla Fontana », le petit cœur du Professore a tressauté. Car IL était là, soudain, dans cette église de Florence, et rencontrait son maître, sa muse.

Je veux bien sûr parler de Nicolas Machiavel, rencontrant Cesare Borgia, le futur modèle du Prince, le manuel maudit de la politique, que le diplomate florentin écrira en exil, quinze ans plus tard.

Cette petite entorse à la réalité ne m’a pas choqué plus que cela : licence poétique, force de la fiction, etc. En effet, Machiavel a bien rencontré Cesare Borgia, mais beaucoup plus tard, en mission pour Florence, et il se fera même rouler dans la farine.

Mais là n’est pas la question. La suite des épisodes s’est mis à raconter n’importe quoi sur le héros du Professore, et là, avouons-le, c’est plus possible ! Licence poétique, force de la fiction, je m’en fous, je ne peux pas laisser entendre que mon Niccolo a torturé. Car on en est là : 1494, Savonarole* installe à Florence une « démocratie chrétienne », qui devient vite à une dictature théocratique**. On brûle les livres, les jeux, les tableaux de nus, et chacun est sommé de s’habiller avec dignité. On envoie des enfants s’introduire, dans les maisons pour vérifier les bonnes mœurs des adultes. Savonarole prédit l’apocalypse, et l’arrivée de l’antéchrist, en la personne du pape, Alexandre Borgia, le père de Cesare. La première arrive : les français de Charles VIII ont débarqué en Italie. L’autre va gagner : l’antéchrist va triompher du prédicateur.

Pour le reste, Savonarole, sans arme, est renversé (ce qui inspirera Machiavel : « Tous les prophètes armés ont vaincu, et les désarmés ont été détruits, comme il advint de notre temps de frère Jérôme Savonarole. »). Le prédicateur est excommunié, pendu et brûlé.

Dans la série, il y a plusieurs erreurs historiques : Cesare Borgia n’est pas le représentant du pape à Florence, et Machiavel ne conseille pas Cesare Borgia. Au contraire il s’inspirera des hauts faits du Valentinois en Romagne (la région de Rome que pacifiera Borgia en 1500). Machiavel n’est pas le bourreau de Savonarole, il sera lui-même torturé par les Médicis quand ils reviendront au pouvoir.

Ici s’achève la séquence « Alain Decaux raconte » de cette chronique, en fait l’hommage du Professore à « nos amis les vraisemblants » comme les appelait Hitchcock ; ces spectateurs qui cherchent la petite bête, dans l’intrigue ou dans la véracité des situations. Vous en trouvez ici un vibrant exemple : si l’on ne s’est jamais intéressé à la période, la présentation des faits par Tom Fontana est tout à fait vraisemblable. Une des lois majeures de la fiction est d’ailleurs de faire « vivre » les événements via les personnages principaux et le moins possible par des personnages annexes. Que Cesare Borgia devienne le légat du pape est donc une nécessité scénaristique. Elle permet à Fontana de faire aboutir la transformation du personnage. En organisant une confontation avec Savonarole (l’Antagoniste), Cesare (le Protagoniste) flirte une dernière fois avec la foi, qui le taraude depuis le premier épisode. Mais le florentin le met face à ses contradictions. Après avoir défait le prédicateur, Cesare sait enfin ce qu’il veut être : un chef de guerre. Et c’est ce qu’il deviendra.

Donc Fontana a raison, le Professore a tort, et ce n’est pas un poisson d’avril.

* Formidablement interprété par le sosie de Ridley Scott, Iain Glen, l’immense Jorah Mormont du Trône de Fer.
** Evidemment, ce sont les vrais dates, pas celles de la série.




lundi 1 avril 2013


Borgia saison 2
posté par Professor Ludovico

Bon c’est reparti comme en 1492, les Borgia façon Tom Fontana. A part le générique, rien n’a changé, c’est toujours aussi mauvais.

Le créateur de Homicide, de Oz – mon dieu – est en roue libre, et se contente de piocher dans l’Histoire avec un grand H pour débiter du scénar au kilomètre, et visiblement, personne chez Canal+ n’ose lui faire une quelconque remarque.

On enchaîne donc les Borgias à Naples, les Borgias à Rome, les Borgias à Pise. Le Pape mène ses complots en direct, et les événement sont résumés une seule scène, (et peut-être même une seule prise), comme par exemple, l’arrivée des turcs à Venise.

C’est ridicule, pathétique, mais puisque personne ne dit rien, Fontana aurait le tort de se gêner.

Le Professore, lui, est enchaîné devant sa télé, car « je n’ai trouvé, dans tout mon équipage, rien que j’aime et je prise autant que la connaissances des actions des grands hommes… »




mars 2025
L M M J V S D
 12
3456789
10111213141516
17181920212223
24252627282930
31