[ Pour en finir avec … ]

On peut pas aimer tous les gens…



samedi 16 juin 2012


Adieu Thierry…
posté par Professor Ludovico

On parle de temps en temps de sport sur CineFast, mais aussi de stars. L’une d’elle vient de s’éteindre, elle n’a joué dans aucune série à succès, et n’a jamais fait (à notre connaissance*), ses débuts au cinéma. Mais c’est une star.

Il en va ainsi avec le temps, qui efface tout, même les blessures. Ainsi Thierry Roland, vilipendé à longueur d’articles vengeurs, détesté, moqué, parodié, se trouve soudain sanctifié sous le fallacieux prétexte qu’il est mort.

Le Professore ne vaut pas mieux que les autres : il a craché dans la soupe Rolandaise, jusqu’à ce merveilleux soir de juin 1998 : « Maintenant on peut mourir… Enfin, le plus tard possible ! »
Comme si on découvrait, comme dans le Tandem de Patrice Leconte, un autre Thierry Roland : celui qui, depuis 50 ans, couchait dans des hôtels de seconde zone, se tapait des matches merdiques à 0-0 dans des pays aussi riants que les Iles Faeroe, tout ça pour une seule obsession, la nôtre : un petit ballon rond, vingt-deux types en short, et un autre encore plus ridicule, habillé en noir…

Des milliers de matches, des millions de passes, des milliards de tirs, dont une grande partie non cadrés.
Mais la France était Championne du Monde, et Thierry pouvait partir tranquille, au paradis des chroniqueurs sportifs, tout aussi malade que lui, les Chapatte, Gilardi, Couderc, Zitrone.

Pas forcement des mecs biens, mais des passionnés. Car on pleure plus « nos années Thierry Roland » que le mec lui-même. Il en sera de même pour d’autres stars, comme Delon, Depardieu, ou Adjani. « Je ne l’aimais plus trop, mais ça m’a fait quelque chose ».

Adieu Thierry, on t’aimait bien (finalement) !

* Assertion partiellement fausse : http://www.imdb.com/name/nm0738089/




mercredi 4 avril 2012


Chroniques de désastres annoncés
posté par Professor Ludovico

C’est un des fardeaux du CineFaster ; sentir les viandes faisandées avant qu’elles n’arrivent chez votre boucher local, MK2 ou UGC…

Deux exemples qui ne sentent pas bon en ce moment : Twixt et Sur la Piste du Marsupilami. Twixt, c’est le nouveau Coppola. Dans notre beau pays où il-n-y-a-que-des-artistes-et-pas-d-odieux-producteurs, on s’efforce de croire qu’il existe encore un Artiste Maudit appelé Francis Ford Coppola. Pourtant, il n’a réalisé que deux véritables chefs d’œuvres, Le Parrain et Apocalypse Now!, et quelques films intéressants, Rusty James, Conversations Secrètes, Cotton Club ou Jardins de Pierre.

Cette fois-ci, le mangeur de spaghetti et viticulteur nous revient avec une sorte de polar mystique, avec comme tête de gondole Val Kilmer version Maïté (110kg), Twixt ! Un film craspec tourné en vidéo HD et avec des images-qui-font-peur-façon-Tim-Burton. Indice de tomates pourries dans la cagette : 90%.

L’autre, c’est la comédiepourenfantsfaçonalainchabat, Sur la Piste du Marsupilami. Là, plusieurs indices concordent : une bande annonce bien pourrie, très années 60, avec des gags rances qui font pas trop peur aux mamans, et une campagne de pub au contraire un peu trash, avec quelques sous-entendus sexuels douteux en vue des spectateurs visés ; mais surtout, nous disposons, en direct de Notre Agent au Kremlin, d’informations de première main sur le budget « images de synthèse », raboté par la production. Pas de bol, c’est le seul moment un peu magique de la bande annonce.

Après, c’est vous qui voyez…




samedi 10 décembre 2011


Intouchables : la non-critique
posté par Professor Ludovico

Voilà, c’est trop tard. Trop de monde me presse d’aller voir le Super Film de l’Année. Vaguement tenté au début, je n’ai plus du tout envie.

Pour comprendre, il faut entrer dans le petit cerveau schizophrène du Professore. Car dans ce cerveau, il y a un gros snob qui sommeille.

Un gros mot, snob. Élitiste, aussi. Des mots interdits dans notre culture démocratique, qui confond « accès pour tous à la culture », et « culture pour tous ». On n’est pas forcé, pas forcé du tout, d’aimer ce que la majorité aime. On n’est pas forcé de detester obligatirement non plus… Mais voilà, je n’aime pas les Chtis. Pas par atavisme social (le Professore vient du fin fond de la Beauce), mais par une trop grande cinéphilie. Si l’on va voir 5 ou 6 films dans l’année (moyenne nationale), les Chtis sont un divertissement comparable à d’autres, et même plutôt favorablement comparable à d’autres. Si on va en voir 5 ou 6 fois plus, on a des chances d’avoir vu des comédies plus drôles, plus fines, plus subtiles. C’est aussi mathématique que cela.
Pour en revenir aux Intouchables, il se trouve que lorsque j’ai vu la bande annonce, j’ai caressé l’idée d’aller voir le film : j’aime Omar, j’aime Cluzet, et l’histoire avait l’air suffisamment originale. Si je l’avais vu à l’époque, il est possible que je l’ai trouvé suffisamment sympa pour écrire une chronique élogieuse. Mais voilà, je n’y suis pas allé. Et son succès m’a dégoûté de le faire. Ce n’est pas bien dire ça, je le sais ce n’est pas très rationnel non plus, même pas subjectif, mais l’idée d’aller aimer le film que tout le monde aimait, c’était un repoussoir suffisant.

Pourquoi ? C’est dur à dire.

Il y a évidemment une volonté de s’extraire de la masse, de ne pas faire partie du Mainstream, qui est une caractéristique dominante chez moi : être de gauche à une table de sympathisants UMP ou vanter les vertus d’une Kalachnikov à la Fête des Voisins de Boboland, downtown Paris 11°. Mais aussi, sûrement, l’idée qu’un tel succès consensuel ne peut être que suspect. On m’opposera Titanic, ou Tintin (la BD) mais dans le fond, un tel succès touche forcément un nœud sensible de la psyché française, et ça me dérange.

Par ailleurs, et c’est formidablement analysé dans un récent article de Libé, le « chantage au vécu » que nous impose Intouchables (« c’est juste parce que c’est vrai, et comme c’est vrai vous devez rire et vous devez pleurer ») est tout simplement insupportable en tant que spectateur. On a le droit de manipuler le spectateur, mais pas celui de le prendre à la gorge pour lui imposer des sentiments…

Intouchable, en effet.




lundi 17 octobre 2011


3D : Apocalypse Now!
posté par Professor Ludovico

Non, ce n’est pas ce que vous croyez, Coppola n’a pas décidé subitement de convertir son chef d’œuvre pour faire plus de brouzoufs. C’est juste qu’on apprend dans un récent article de Libé sur le MIPCOM (un salon des programmes TV), que la 3D, ça va mal. Pas du côté de la production, qui continue d’aligner le répertoire en 3D (Les 3 Mousquetaires…), mais non, les téléviseurs. On devait en vendre de 7 à 20 millions, seulement 3 de vendus. La faute aux lunettes, qu’on ne veut pas porter à la maison, et le manque de programmes : un match de L1 par ci, un Cars par là, et du porno, du porno, du porno. Le genre, qui traditionnellement est précurseur des révolutions techno (ordinateurs, webcams, Internet…) ne semble pas suffisant pour tirer la stupide charrue 3D.

Pour une raison toute simple : la 3D ne sert à rien. Elle n’amène pas plus de réalisme, pas plus de confort d’utilisation, et aucune émotion supplémentaire.

Moi, j’vous l’dit, c’est mort !




vendredi 12 août 2011


Le Gamin au vélo, deuxième
posté par Professor Ludovico

Une des passions secrètes du Professore, c’est le scrapbooking. On achète des grands cahiers noirs destinés à la compta, on découpe des articles, des photos, des tickets de cinéma, et on colle ça au petit bonheur la chance. On fait ça en vacances, une fois qu’on a accumulé trois kilos de vieux journaux… Et là, au dos d’un article sur Lady Gaga qu’on est en train de découper, une perle : un article sur les frères Dardenne au Festival de Marrakech, pre-Gamin au vélo.

O joie ! Nos intuitions d’aujourd’hui soudain corroborées par un article venu du passé, on se croirait dans une nouvelle de Philip K. Dick adaptée par John Woo, avec Nicholas Cage dans le rôle du Professore…

Et là, je cite, Libération du 15 décembre 2010, « Marrakech ouvre l’atlas du cinéma » : « A chaque fois, on se dit pas de plan séquence… et puis on craque. On aime le plan séquence parce qu’on aime pas couper, on ne sait pas couper » On avait remarqué.
Et deuxième citation : « Il ne s’agit pas de peindre la vie, il s’agit de faire une peinture vivante […] De toutes façons, ce que l’on attend des acteurs, c’est qu’ils ne jouent pas… »

Merci les gars. On avait compris.




vendredi 5 août 2011


Le Gamin au Vélo
posté par Professor Ludovico

Allez, ça continue ! Malgré la Fatwa lancée par Faram el Keeper, St Jérôme, dit « le Serpent du Tout-Puissant » Michel le Vaillant, Maître du Temple de Saint-Jean d’Acre depuis 1213, je brave l’interdit : je vais voir mon premier Dardenne.

Que les choses soient bien claires :

– Je n’ai rien contre le cinéma français ; malgré les chroniques comminatoires, injustes, à charge, vachardes, méprisantes, condescendantes dont j’ai pu l’affubler ici, j’aime le cinéma français. Celui de l’Age d’Or des années 30-40, (Quai des Brumes, Les Enfants du Paradis, Le Jour se Lève, …), celui des classiques des années 50 (Les Diaboliques, La Traversée de Paris…) Ou pas classiques (Godard and co…), celui des années 60-70 (Rappeneau, Boisset…), des années 80, ou d’aujourd’hui (Desplechin, Audiard, Klapisch…)

– J’aime le cinéma d’auteur : Fellini, Antonioni, Welles, Kubrick, Despleschin, Lynch, Fincher…

– J’aime la Belgique : Hergé, Brel, Simenon, Poelvoorde, Eddy Merxcx…

Mais voilà, il faut le dire, le cinéma des frères Dardenne (sur la base d’un seul film, je le reconnais) est proche du degré zéro de la performance artistique.

Prenons un exemple extérieur, pour mieux nous faire comprendre; imaginons que l’on demande à des artistes de nous représenter un vélo. Oui, un vélo.

Gainsborough* magnifierait la campagne anglaise en posant le vélo le long d’un chemin du Sussex. Roger van der Weyden ne peindrait que sept rayons au vélo, voulant symboliser par là même les Sept Vertus Cardinales, tandis que Georges de la Tour les peindrait tous, pour montrer comment le reflet d’une bougie les affecte chacun différemment. Picasso dessinerait des roues carrées, pour montrer l’absurdité de la vie, et Damien Hirst détruirait au bulldozer un vélo par jour, pour dénoncer la société de consommation…

Tout ça, que vous l’aimiez ou non, c’est de l’Art. C’est un message, une position face à la vie.

Et les frères Dardenne, dans tout ça ? Les deux belges achètent un jetable chez l’épicier du coin, prennent le vélo en photo devant l’épicerie et se barrent avec la caisse en hurlant « Nous filmons la réalité !!! »

Ce qui prouve qu’ils n’ont rien compris à leur devoir d’artiste. Si on filme la réalité, c’est qu’on fait du documentaire, ce qui est un autre – et noble – métier. Comme le disait Emmanuel Krivine, le créateur du Village Français, «On ne va pas au cinéma voir comment les choses se sont exactement passées. ».

Aucun point de vue, aucun message, aucune espèce de travail sur l’image, le son, le cadrage, le jeu d’acteur : le cinéma des Dardenne, c’est en fait une ode à la fainéantise. Je déteste habituellement cette phrase, mais ici elle s’applique parfaitement : « N’importe qui pourrait faire pareil ». Essayez ! Prenez votre iPhone, trois-quatre copains, un vélo, un gosse, je vous jure que vous faites le même film.

Il y a pourtant de quoi faire dans le sujet : l’abandon d’enfant, le désir maternel, le recrutement des petites mains par les caïds des banlieues… Il y a aussi des pointures (Cécile de France, Jérémie Régnier) mais non, les frangins posent leur caméra, ça tourne, elle est bonne…

Ce cinéma de l’inutile que nous propose les frères Dardenne ne vise en réalité qu’un seul public, celui du cinéma lui-même, celui qui s’accorde des subventions (« banlieue »-« enfance »-« rédemption » étant les mots de passe pour accéder à l’Avance sur Recettes), et qui s’autocongratule dans le monde clos des célébrations professionnelles (César des Ours de la Mostra des Alpes Maritimes)… Un monde où l’on peut donner deux palmes déjà aux frères Dardenne, mais zéro à Kubrick, zéro à Welles, Bergman, Truffaut, etc.

Pas de quoi s’énerver, donc, car justice est déjà faite : les films des frères Dardenne n’ont jamais rencontré de succès public, ne passent pas à la télé (odieux complot contre la Culture), et seront vite oubliés comme de mauvais jambon-beurre de supermarché…

Les artistes officiels finissent toujours à la poubelle…

*Je sais, Gainsborough n’avait pas de vélo…




mardi 17 mai 2011


Tree of Life, l’Arbre médiatique qui cache la forêt critique
posté par Professor Ludovico

Nous avons déjà dit ici tout le bien que nous pensons de La Ligne Rouge, le chef d’œuvre militaro-rousseauiste de Terrence Malick. Nous avons aussi, ensuite découvert le reste de l’œuvre – parait-il culte – de Malick, Badlands, Les Moissons du Ciel… Comme nous avons dénoncé la pauvreté scénaristique d’Un nouveau Monde.

Nous n’avons pas encore vu Tree of Life, et nous irons le voir, évidemment, mais il est étonnant de voir la propension naturelle de parler d’un film que personne n’a vu. « Nouveau chef d’œuvre », « 2001 de Malick », « œuvre prophétique », : que n’avons nous pas entendu sur ce film que personne n’avait pu voir. Il y a deux jours, L’Express crevé l’abcès, avant la projection à Cannes ; le film est lourdingue, matinée de philosophie New Age, et trop long.

Tout ça pour ça.

C’est oublier que les films de Malick, en dehors de La Ligne Rouge, ne sont pas géniaux. Ils sont très beaux, élégiaques, pastoraux, tout ce que vous voulez, mais pas géniaux.

Mais la presse, et le public – son meilleur complice – ne veut pas rater la prochaine hype.

Voilà donc Malick bombardé Kubrick.

On attendra encore un peu pour se prononcer.




lundi 9 mai 2011


Le Jour le Plus Long
posté par Professor Ludovico

Enfant, j’ai trois souvenirs de cinéma : le premier, c’est Les Aventures de Bernard et Bianca, en salle – à Paris ! – avec mon parrain et ma marraine. Ensuite c’est Cléopâtre, à la télé, alors que j’étais censé être couché. Et ensuite, c’est les films de guerre, avec papa, au cinéma de Dourdan.

Probablement qu’il ne se forçait pas trop pour y aller, mais il n’en demeure pas moins qu’il m’a emmené en voir beaucoup : Le Pont de la Rivière Kwai, Les Canons de Navaronne, et Le Jour le Plus Long. C’est à mon tour, maintenant, de montrer le film de Daryl Zanuck, au Professorino. Je ne me force pas trop non plus.

Avouons-le, Le Jour le Plus Long est un film nul. Ce qui passe dans le livre (une suite d’anecdotes tour à tour croustillantes ou émouvantes) ne passe pas du tout en film. Pas de début, pas d’enjeux, pas de fin. Juste un défilé insupportable de cabotinages anglo-américano-franco-allemands.

Et surtout, une belle dose de propagande yankee.

Dans le film, les allemands sont bêtes, disciplinés, et antinazis évidemment (Guerre Froide oblige, il faut se réconcilier avec l’ennemi d’hier, qui gardent maintenant le Rideau de Fer). Les allemands n’ont pas prévu le débarquement, les allemands sont mal organisés, les allemands ne veulent pas réveiller le Führer.

Rien n’est moins vrai, bien sûr. On sait aujourd’hui que les allemands se doutaient d’un possible débarquement en Normandie, mais qu’ils n’y ont pas cru le 6 juin, et que leur objectif principal était de rejeter les alliés à la mer, ce qu’ils ont failli faire. Car contrairement à la légende propagée par les films américains des années 60, les allemands se sont battus avec courage et acharnement. Pendant tout le mois de juin dans le bocage, ils ont infligé de lourdes pertes aux anglais et aux américains, et désorganisant gravement le ravitaillement allié.

Ça, évidemment, Le Jour le Plus Long n’en parle pas, tant il se concentre sur l’enfilage de perles, c’est à dire les actions héroïques isolées. Ainsi les français (Bourvil, Jean-Louis Barrault, George Wilson) sont résistants et concons, les anglais, courageux mais un peu coincés, les écossais têtes brûlées, les portugais sont gais, les espagnols sont gnols…. et les américains… courageux et cools. On mâche du chewing gum, on balance des vannes (John Wayne, Mitchum), et surtout : on n’attache pas son casque !! Sommet de la coolitude ! Si j’ai appris quelque chose dans les cinquante semaines que j’ai passé dans cette vénérable institution qu’est l’armée francaise, c’est qu’on attache son PUTTTTAAIN de casque !

Moralité, le gratin d’Hollywood passe trois heures à mettre son casque, enlever son casque, ramasser son casque, remettre son casque… Rires garantis…

Passez donc votre chemin, même si, comme moi, la nostalgie vous y a poussé.




vendredi 6 mai 2011


Apocalypse, enfin Now!
posté par Professor Ludovico

J’ai failli attendre, comme disait Napoléon ou Louis XIV à je ne sais plus qui. Mais voilà : Apocalypse Now!, pas Redux, est enfin disponible ! Le chef d’œuvre de Coppola, le seul, l’unique, et aussi l’unique objet de mon ressentiment, car l’auteur du Parrain nous a joué une mauvaise farce. Voyant son ex-ami George Lucas (ex-ami, depuis que Coppola s’est foutu de sa gueule en créant, dans Apocalypse Now! – justement -, le personnage du foutraque Colonel Lucas, joué par… Harrison Ford), son ex-ami, disais-je, se faire des Etoiles Noires en platine avec son Star Wars’ Director’ cut, Coppola décida d’en faire autant avec son diamant vietnamien.

Las ! Ce diamant était déjà très pur, et difficile à tailler (ce qui n’était pas compliqué avec Star Wars : gnark ! gnark!) Apocalypse Now! Redux fut donc la daube que l’on sait : complexité pour rien (le monologue lourdement explicatif de Brando, in extenso), élargi sans raison (les scènes interminables dans la plantation française), changeant même de sens (Willard devenant un sympathique voleur de surf), bref une perversion totale de l’équivalent cinématographique du Voyage au Bout de la Nuit.

Pour vingt quatre malheureux euros (ça fait combien en francs, mademoiselle Le Pen?), vous disposerez donc d’un Blu-ray d’Apocalypse Now! Redux (vous pouvez l’offrir à quelqu’un qui n’aime pas le cinéma), un livre sur « les secrets du tournage » (idem), et surtout deux trésors absolus : Apocalypse Now!, l’unique, et Heart of Darkness, a Filmmaker Apocalypse, le seul veritable making of que je connaisse, réalisé par madame Coppola elle-même. Un doc à ne rater sous aucun prétexte : l’infarctus de Martin Sheen, les délires de Brando, Coppola baisant les Playmates, l’équipe qui carbure au défoliant, tout y est.

Seul problème : je n’ai pas de Blu-Ray.




samedi 30 avril 2011


Inflation du nylon
posté par Professor Ludovico

Abondance de biens ne nuit pas ? Je ne suis pas sûr ! Par exemple, prenez le déluge actuel de films de superhéros : déjà vus, prêts à sortir ou en préparation… Thor est sorti cette semaine (dirigé par Kenneth Branagh, tout un symbole !), et on nous prévoit Captain America, les Avengers, un prequel aux X Men,un troisième Batman « Nolan », un premier Superman « Snyder » et même une nouvelle franchise Spiderman

Personne ne nous force, me direz vous… Mais sincèrement, cette programmation m’écœure (ou simplement m’éloigne) du cinéma. J’ai l’impression d’être dans un fast food où l’on me propose que quatre produits distincts : comédie américaine « Un Gars, Une Fille« , film d’animation avec des animaux « Rango&Rio, les Cars de l’Age de Glace« , film français « J’irais manger quelque part si tu ne m’embrasses pas » et… film de super héros.

Je n’ai jamais aimé les superhéros. Tandis que mes copains se jetaient sur Strange, un cousin imprimeur m’amenait des pelletées de Pif Gadget. Et dans Pif, il y avait certes Pif et Hercule, Placid et Muzo, mais surtout Glop! Glop! : Hugo Pratt, La Ballade la Mer Salée. Je ne veux pas frimer, je lisais aussi Battler Britton, et ses spitfires en flammes au dessus de la Manche.

Tout ça pour dire que je suis un cas assez unique chez les quadra : un réfractaire à la nostalgie en nylon. J’aimais bien L’Araignée en dessin animé, donc j’ai bien aimé le premier Spiderman de Sam Raimi. Mais pour le reste, le concept d’un type qui se déguise en justaucorps bien moulant m’a toujours paru absurde. Mettre un masque pour cacher son identité tout en choisissant une cape bien flashy, et, en général, d’un goût douteux, ma toujours laissé dubitatif… sans parler de cette propension à vouloir sauver le monde parce qu’on a un trauma familial (père tué, mort sur Krypton, ou dieu du Valhalla)…

Très logiquement, j’ai aimé les films destructeurs de cette mythologie : Incassable de Shyamalan, ou Hancock, de Mr Berg : pourquoi as-tu quitté le projet Dune, mon petit Peter ?? Oui, pourquoi ? Pour faire un autre film de Superhéros ?

Parce que le drame est là, en fait : Hollywood se mord la queue en tournant toujours les mêmes films, alors que des milliers de sujets géniaux attendent une adaptation ; Dune, confié à un tâcheron, Lovecraft, toujours pas de film à l’horizon, et les centaines de chefs d’œuvre de la SF toujours pas adaptés : le Cycle des Epées de Leiber, Elric de Moorcock, Ubik, de K. Dick, Demain les Chiens, de Simak, Les Monades Urbaines, de Christopher Priest, l’Orbite Déchiquetée de Brunner, les Princes d’Ambre de Zelazny, et à peu près tous les Frank Herbert…

Non, le cinéma Hollywoodien, depuis l’éclosion de Spielberg-Lucas à la fin des années soixante-dix, a décidé de ne s’adresser qu’au gosse qui est en nous.

C’est bien dommage.

*Hier soir, mon ami Philippe m’a proposé en avant première de voir Le Trône de Fer, la saga brillante de George Martin adaptée par HBO. Visuellement, scénaristiquement, ce pilote est une réussite : ambitieux et pédagogique à la fois, pour un livre aux intrigues multiples, complexes, et adultes. Un prototype de cinéma adulte inenvisageable désormais sur grand écran.




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