[ Le Professor a toujours quelque chose à dire… ]

Le Professor vous apprend des choses utiles que vous ne connaissez pas sur le cinéma



lundi 19 décembre 2022


Titanic au Qatar, Hamlet à Doha
posté par Professor Ludovico

Tandis qu’Avatar : La Voie de l’Eau est en ce moment sur les écrans, le seul chef d’œuvre de James Cameron se jouait hier au Stade de Lusail : la finale de la Coupe du Monde 2022. Après que le boa constrictor argentin ait étouffé nos Bleus pendant tout le match, la magie de la dramaturgie footballistique prenait enfin son envol. Le football n’est pas une science exacte, domination et possession ne valent pas score.

Après quatre-vingt minutes de dictature, les argentins faisaient une erreur, une seule ! et offrait un penalty à Mbappé qui n’en demandait pas tant… Et qui, selon la logique vicieuse du football, entraînait un deuxième but, car la panique s’était installée dans la pampa… C’était la remontada.

La France aurait pu (du) tuer le match ce moment-là, elle serait aujourd’hui championne du monde, mais le football est un trop beau spectacle pour se contenir dans ces clichés étroits. Prolongation, nouveau but de Messi. Nouveau penalty de Mbappé. Qui écrit un tel scénario, à part les James Cameron du football ?

Mbappé et Messi étaient sur la même planche, mais il n’y a pas de place pour deux : le plus grand drame sportif du XXIe siècle était en place, tout serait décidé au hasard, ou plutôt dans cet incroyable rendez-vous avec soi-même que sont les tirs au but. La fin fut sublime. Le roi Messi gagna. L’héritier Kylian perdit.

Commença alors une autre pièce, un autre blockbuster, signé Shakespeare. Le jeune Hamlet Mbappé ne veut plus vivre. Devant une telle malignité de fortune (perdre en inscrivant un triplé), être ou ne pas être : telle est la question. A l’aube de de son vingt-quatrième anniversaire, le futur Roi du Monde ne peut comprendre que cette défaite le rendra beaucoup plus fort. Il ne peut, à lui seul, être le sauveur de la Nation. Mais la leçon est amère. Pour le moment, il n’est que douleur… Il y a quelque chose de pourri dans l’émirat du Qatar… On veut mourir, dormir, rêver peut-être…

Mais le football est cruel ; il honore les gagnants mais veut aussi humilier les perdants. Médailles en chocolat, discours interminables… Survient Claudius-Macron, le roi des Francs… Pour la première fois, le Président réussit à nous attendrir. Peut-être parce que son masque de porcelaine est exceptionnellement tombé, et que l’on voit enfin un amour authentique du football, et une sincère déception. Macron relève le Petit Prince du football, le réconforte, et l’encourage à aller chercher son horrible trophée (un soulier doré Adidas de meilleur buteur), en passant, sublime image, devant cette coupe qu’il désirait tant. Un simple regard, l’œil vide, une photo de groupe…

Bonne nuit, doux prince…




dimanche 11 décembre 2022


Same old story (morning glory)
posté par Professor Ludovico

Alors voilà… L’équipe de France de football est en demi-finale de la Coupe du Monde pour la 7e fois de son histoire. Les haters, qui, il y a 3 semaines, promettaient de boycotter l’Odieuse-Coupe-du-Monde-du-Qatar ressortent en urgence le drapeau bleu-blanc-rouge, les maillots 98 et leur 45 t de Gala, le bien nommé Freed from Desire. A commencer par les politiques ; le premier d’entre-eux nous abjurant de ne pas politiser le sport mais twittant à chaque match…

Les bobos parisiens (donc je m’enorgueillis de faire partie) ne sont pas choqués de fumer en terrasse sous des radiateurs au gaz, mais s’étaient scandalisés de cette odieuse Coupe du Monde climatisée.

Comme d’habitude, le football est l’exutoire commode des passions tristes ; il ne viendrait à personne l’idée de critiquer le Festival de Cannes qui convoie en jets privés le gratin hollywoodien et organise des parties sur les méga-yachts de la Baie d’Antibes. Ni de s’étonner de dépenser de 250 M$ de dollars à réaliser un film écologique… entièrement en image de synthèse.  

Le football est le loisir du peuple ; la culture, c’est la meilleure façon de montrer que l’on en fait pas partie.




dimanche 13 novembre 2022


The end
posté par Professor Ludovico

John Ford disait qu’il mettait tout son budget dans le début et la fin ; le début pour installer les spectateurs dans le film, et la fin pour les faire revenir au cinéma. Si c’est assez évident pour le grand écran– il n’y a pas de grands films sans fin mémorable –, c’est moins vrai pour les séries.

On a pourtant déjà évoqué ici l’idée qu’une grande série, c’était avant tout une grande fin. Si elles offrent souvent plusieurs saisons éclatantes, cela se termine souvent en eau de boudin, pour de basses raisons de business model : les audiences ont baissé, la chaîne s’est désintéressée du show, et les créateurs sont déjà partis faire autre chose. Les acteurs ont la tête ailleurs, et la deuxième équipe tente de finir le travail…  

Les séries chefs-d’œuvre racontent tout le contraire : le showrunner est toujours là, il écrit le dernier épisode, voire le dirige. Il a la volonté de conclure son œuvre en beauté. Les grandes séries ont toujours un dernier épisode (ou simplement une dernière scène) qui résume totalement le show. C’est le cas de Sharp Objects, dans sa dernière phrase, ou de Six Feet Under qui n’a pas toujours été bonne – loin de là -, dans sa dernière scène. Game of Thrones, elle, finit une saison 8 décevante par un dernier épisode méta si décrié, concluant pourtant en beauté tous ses arcs, et donnant une leçon de storytelling au spectateur…

Voici donc pour le Professore Ludovico 17 fins étincelantes, et donc 17 séries chef d’œuvre…

The Wire
The Sopranos

Twin Peaks (saison2, évidemment)
Mad Men
Battlestar Galactica
Seinfeld

Friday Night Lights
The Prisoner
Justified
The West Wing
Six Feet Under
Game Of Thrones
Sharp Objects
Generation Kill
Godless




samedi 29 octobre 2022


You shake my nerves and you rattle my brain
posté par Professor Ludovico

Too much love drives a man insane
You broke my will, but what a thrill
Goodness, gracious, great balls of fire

I laughed at love ’cause I thought it was funny
You came along and moved me honey
I’ve changed my mind, your love is fine
Goodness, gracious, great balls of fire

Kiss me baby, woo feels good
Hold me baby, well
I want to love you like a lover should

You’re fine, so kind
I want to tell the world that you’re mine mine mine mine

I chew my nails and I twiddle my thumbs
I’m real nervous, but it sure is fun
Come on baby, drive my crazy
Goodness, gracious, great balls of fire




jeudi 20 octobre 2022


Vive la crise !
posté par Professor Ludovico

En 1984, une émission d’Antenne2 fit grand bruit. Yves Montand, l’homme de gauche entre tous, aidait le pouvoir socialiste à faire passer la pilule du tournant de la rigueur, en animant une émission pédagogique sur le sujet. On reprend le titre, et l’intention, car il y a en ce moment une crise du cinéma français.

La semaine dernière, une table ronde organisée par France Inter opposait Nicole Garcia, réalisatrice, Jérôme Seydoux, tout-puissant président de Pathé, et Nathanaël Karmitz, président de Mk2. Chacun était dans son rôle : Garcia défenseure de la liberté fondamentale de la création, Seydoux promoteur d’un marketing « Avengers à la française » et Karmitz en avocat bayroutiste du En Même Temps.

De toute part – de Variety à Hollywood Reporter -, on demande l’avis du Professore. Etonnamment, le Ludovico se sent bien en peine de répondre, alors qu’il a beaucoup quelques idées sur l’utilisation des batteries de 155 CAESAR sur le saillant de Kherson.  

Mais voilà : crise il y a. Pour une fois, la réponse n’est pas évidente, entre la tentation américaine du tentpole, film événement qui tient le cirque du studio pour l’année (Batman, Jurassic World, Top Gun : Maverick…) et la posture habituelle de l’artiste mendiant des subsides à  l’État.

Jérôme Seydoux est évidemment dans le sillage Hollywoodien : événementialisons le cinéma, vendons des places plus chères, en offrant plus : des films spectacles, des innovations (3D, 4D, 5D, Odorama…), de la restauration, des services, etc. Malheureusement, rien n’est moins sûr dans cette industrie que de réussir un film événement. Buzz L’Eclair, basé sur une franchise en béton, vient d’en faire la démonstration…  Proposer un cinéma-évènement, ça veut dire aussi événementialiser les sorties ciné, et donc, quelque part, y aller moins, surtout si c’est plus cher. Le cinéma reste le seul loisir fédérateur des classes populaires, loin devant le foot, les concerts, etc. Les ados peuvent y aller et manger le McDo de rigueur, les retraités se faire leur toile une fois par semaine, etc. Pas sûr qu’un cinéma à 25 euros soit la solution…

De l’autre côté, la tentation d’un art mieux soutenu par l’Etat est une plaisanterie. Le cinéma français est déjà sous totale perfusion étatique, en se finançant sur les taxes du cinéma US. Il est normal que des films mauvais (français ou pas) ne marchent pas ! Aider encore plus les films, quelle que soit leur qualité, c’est vider bêtement le panier, déjà percé, de la culture. Que faire alors ?

Le cinéma, en réalité, a déjà connu des crises : le Krach de 29, d’abord, qui avait vidé les salles de son public populaire, aux Etats-Unis puis en France. La télé, dans les années 50, qui avait volé les thèmes basiques (love story, famille, enfants, …) et obligé Hollywood à réagir avec un cinéma à grand spectacle (Western, Peplum). Dans les années 80, la VHS, puis le DVD, avaient d’abord été une menace pour devenir une opportunité. Puis la TV par câble, HBO et les autres dans les années 90, avaient  remplacé la niaiserie des family values des grands réseaux (ABC, NBC, CBS) et permis à un public adulte de voir revenir les thèmes sérieux et matures sous formes de series ambitieuses (Oz, les Sopranos, Sex and the City…)

Les plateformes de streaming sont désormais le dernier défi, cumulant les avantages de précédents : un coût faible, un catalogue illimité, des séries pour tous les goûts, de l’enfant à l’adulte. Et surtout, le choix à portée d’un simple clic.

Pourtant, il n’y a pas de doute que le cinéma survive à cette nouvelle épreuve. Il reste le loisir populaire entre tous, et rien que pour cela, le cinéma continuera d’exister. Mais il doit forcément se réinventer.

Vive la crise !




mercredi 28 septembre 2022


Rings of Power: Apocalypse Now
posté par Professor Ludovico

Parfois les scénaristes, les cinéastes, aiment glisser de petites allusions à leur propre panthéon cinématographique. Ça peut être lourdingue : les citations d’Apocalypse Now dans le Dune de Villeneuve (le Baron essuyant son crâne luisant de sueur comme Marlon Brando), ou plus fin : citer le même film dans Lord of the Rings: Rings of Power, épisode 4*, quand Adar demande à son prisonnier Elfe où il est né :

Where were you born, soldier ? By the mouth of the river? I went down that river once, when I was young… I remember the banks were covered in sage blossoms…

A comparer avec la scène ou Willard, lui aussi prisonnier répond aux questions du Colonel Kurtz :

Where are you from, Willard?
– I’m from Ohio, sir.
Were you born there?
– Yes, sir.
– Whereabouts?
– Toledo, sir.
– How far are you from the river?

– The Ohio River, sir? About 200 miles.
– I went down that river once when I was a kid. There’s a place in that river – I can’t remember – must have been a gardenia plantation at one time. It’s all wild and overgrown now, but about five miles, you’d think that heaven just fell on the earth in the form of gardenias.

* Scénario de Stephany Folsom, John D. Payne, Patrick McKay




vendredi 16 septembre 2022


Delphine Horvilleur
posté par Professor Ludovico

« Dans nos obsessions identitaires, beaucoup de gens pensent qu’on est ce que notre naissance a fait de nous. Je suggère, dans ce texte, qu’on est bien souvent aussi les enfants des livres qu’on a lus, des histoires nous a racontés. »

Ce matin, sur France Inter. Delphine Horvilleur* est la bienvenue au Conseil d’Administration de CineFast.

* « Je suis juive, rabbin, mais aussi parisienne, mère de famille, et je ne fais pas de sport. Pourquoi voulez-vous m’enfermer dans une identité ? »




jeudi 15 septembre 2022


God save The Crown
posté par Professor Ludovico

Il se passe en ce moment quelque chose de très étonnant. Une très vieille dame, très honorable au demeurant, vient de mourir. Les hommages affluent, ce qui est normal. Ce qui l’est moins, c’est la béatification. Elisabeth aurait paraît-il sauvé l’Empire Britannique, unifié son peuple, renforcé le Commonwealth, etc.

Un simple coup d’œil à votre journal favori suffira à vous indiquer le contraire. Brexit, enfoncement de l’Angleterre dans une insularité dangereuse, Commonwealth qui part en morceaux, sans parler des dominions (Ecosse, Irlande du Nord) qui veulent la quitter. Et que dire de sa famille, du divorce de la Princesse Anne, à la couleur supposée du bébé du Prince Harry, en passant par Andrew/Epstein ou Diana Spencer, qui fournit depuis soixante-dix ans un feuilleton à rebondissements.

C’est justement le point qui permet à ce fait divers de se retrouver dans CineFast. Ce que vend la monarchie britannique (comme d’ailleurs la plupart des monarchies occidentales), c’est un feuilleton. Les Sex Pistols l’avaient compris : « notre figure de proue n’est pas ce que l’on croit* ». La reine, la royauté sont des produits touristiques qui font affluer les touristes par millions, en particulier ceux qui se sont débarrassés le plus violemment de l’aristocratie. La Monarchie Britannique est un musée, une exposition à ciel ouvert sur notre passé, tout comme Versailles, ou Chambord. Nous oublions, l’espace d’un instant, que dans ce monde-là, nous étions dans les champs, et pas en train de lire CineFast.  

Quand le Professore Ludovico tient ce discours oralement, il est symptomatique de constater que la plupart du temps, on lui cite The Crown. « En voyant la série, j’ai compris ce qu’avait vécu cette femme, ce qu’elle avait fait ! » Une fiction, voilà notre référence historique. Et c’est normal, on voit toujours plus de films qu’on ne lit de livres d’histoire. Pour ma part, j’ai adoré The Crown parce que ses créateurs avaient créé de formidables personnages. Aucune vérité historique là-dedans, même si Peter « Based on a True Story » Morgan prétend contraire. Si l’Angleterre a remonté la pente d’après-guerre, c’est qu’elle avait un gouvernement, une administration, un peuple. Si le Commonwealth a perduré, c’est parce que ces pays y voyaient un intérêt, pas parce que la reine saluait de sa petite main gantée le peuple australien. Si le peuple est uni, c’est parce qu’il croit que Britannia will rule again. S’il ne l’est pas, c’est qu’il n’y croit plus.

À titre de comparaison, Anne Hidalgo ou Valérie Pécresse ont plus fait pour l’humanité qu’Elisabeth. Qui n’a jamais rien fait, rien dit, tout simplement parce que c’était son rôle.

*God save the queen
The fascist regime
They made you a moron
A potential H bomb

God save the queen
She’s not a human being
And There’s no future
And England’s dreaming

Don’t be told what you want
Don’t be told what you need
There’s no future
No future
No future for you

God save the queen
We mean it man
We love our queen
God saves

God save the queen
‘Cause tourists are money
And our figurehead
Is not what she seems

Oh God save history
God save your mad parade
h Lord God have mercy
All crimes are paid

Oh when there’s no future
How can there be sin
We’re the flowers
In the dustbin

We’re the poison
In your human machine
We’re the future
Your future

God save the queen
We mean it man
We love our queen
God saves
God saves the queen




jeudi 28 juillet 2022


RIP Michel Schneider
posté par Professor Ludovico

Michel Schneider est mort, et nous sommes tristes. L’homme est surtout connu pour son livre sur Marilyn*, qui lui fit gagner l’Interallié. Mais pour le Professore, Michel Schneider est l’homme d’une émission, Apostrophes, et d’un livre, La Comédie de la Culture. Venu dans la première promouvoir le second, il lutta, seul contre tous, pendant près d’une heure contre les thuriféraires de Jack Lang et Pierre Boulez. Une heure qui changea à jamais Ludovico, qui courut acheter le livre et, douze ans plus tard, partit fonder CineFast.

Son brûlot dénonçait l’imposture d’un ministère de la Culture mécène plutôt que passeur. Un monde que connaissait bien Michel Schneider, lui qui avait été, sous Jack Lang, Directeur de la Musique et de la Danse.

Sa thèse était simple, et, malheureusement, toujours d’actualité. Dans l’Ancien Régime, les artistes vivaient au gré du goût (bon ou mauvais) du Prince. Si les Médicis aimaient les statues, on faisait des statues. Si Louis XV aimait la peinture, on peignait. C’était le goût d’un homme. Mais dans une démocratie, l’Etat est une communauté, il n’a pas de goût. Et il n’a pas à en avoir. Le rôle des fonctionnaires n’est pas de choisir les artistes, mais d’assurer leur diffusion : salles de spectacles, médiathèques, salles de cours et de répétition. C’est évidemment l’inverse que constate, de 1988 à 1991, Michel Schneider. La Comédie de la Culture s’attaque en fait à deux vaches sacrées : Jack Lang, ultra charismatique et indéboulonnable Ministre de la Culture, et Pierre Boulez. Le musicien contemporain a certes du talent, mais vit depuis Georges Pompidou de la commande publique : Éclat/Multiples, …Explosante-fixe…, Répons sont des œuvres payées par les deniers de l’état. Comment puis-je, explique Schneider, moi l’énarque formé à la Cour des Comptes, savoir ce qu’est de la bonne musique ? Sur quels critères dois-je décider de subventionner, ou non, Pierre Boulez ?

En 1993, Boulez est le pape de la Musique Contemporaine en France ; il a la mainmise sur un orchestre spécialisée (l’Ensemble Inter Contemporain), un centre de recherche (l’IRCAM) et bientôt une salle de spectacle (la Cité de la Musique). Ce quasi-monopole empêche la diffusion d’autres musiciens contemporains qui n’ont pas l’heur de lui plaire (Steve Reich, Philip Glass, John Adams). Et ce monopole absorbe une grande partie des ressources (900 millions de francs à l’époque) soit l’équivalent du budget de la Danse en France, ou celui de toutes les bibliothèques.

Quel rapport avec le cinéma ? Même si le fonctionnement est différent (c’est le cinéma américain, taxé, qui finance le cinéma français), la même thèse s’applique. Pour faire un film, il faut souvent passer par les fourches caudines de l’Etat (le CNC), qui juge ce qui est bien ou pas. Et déclenche ensuite les financements télé. C’est-à-dire un droit de vie ou de mort sur les films qui ne sont pas de grosses productions populaires…   

Depuis, Schneider a fait des émules dans la musique (Requiem pour une Avant-Garde, Benoit Duteurtre) ou au cinéma (la charge assassine Vincent Maraval en 2012).

Qu’il en soit remercié.

« Il y a en France un ministère de la Culture, singularité dans une démocratie. Depuis 1981, ses interventions se multiplient : événements, marchandises, consommations, la culture semble diverse et vivante. N’est-ce pas l’inverse ? La fièvre indique un malaise. Au-delà d’une critique de la culture de cour, avec ses mœurs, grimaces, travers et ridicules, il faut analyser les tensions qui toujours existent entre art et politique, culture et pouvoir. Car, menée par la gauche ou la droite, la politique culturelle recèle des risques. Les arts ont peut-être le ministère qu’ils méritent, et le ministère les artistes qui le justifient. Que l’art divorce d’avec le sens, la forme, le beau, qu’il ne dise plus rien à personne, qu’il n’y ait plus d’œuvres ni de public, qu’importe, du moment qu’il y a encore des artistes et des politiques, et qu’ils continuent de se soutenir : une subvention contre une signature au bas d’un manifeste électoral. Le rideau tombe, il faut juger la pièce. Ministère de la Culture ? Non, gouvernement des artistes. Mais on ne gouverne pas la culture, et elle n’est pas un moyen de gouvernement. Rien n’est pire qu’un prince qui se prend pour un artiste, si ce n’est un artiste qui se prend pour un prince. »




vendredi 17 juin 2022


La Clef de Verre
posté par Professor Ludovico

Né de la crise de 1929, le roman noir s’est attaché à décrire les frustrations économiques, sociales, et sexuelles de la Jazz Generation. Sous la plume de Chandler, Hammett, Fast, Thompson, Himes, les intrigues policières ne furent que prétexte à décrire la corruption, morale et politique, de l’Amérique des 30’s.

Devant le succès de cette littérature populaire, Hollywood s’est vite jeté dans la niche, produisant ou amplifiant des chefs d’œuvres comme Le Faucon Maltais, Le Grand Sommeil, La Soif du Mal, ou La Griffe du Passé… L’Usine à Rêves a aussi employé ses auteurs. WR Burnett est le scénariste de Tueur à Gages, Chandler celui du Dahlia Bleu, et cette Clef de Verre n’est autre que l’adaptation d’un livre de Dashiel Hammett.

Ici, le père de Sam Spade s’attaque à la corruption politique. Paul Madvig (l’exellent Brian Donlevy) dirige une « association d’électeurs » ; en réalité, il fait le coup de main pour un candidat de la mafia mais tombe amoureux de Janet, la fille de son adversaire. Il a bien raison, c’est Veronica Lake.  Mais son adjoint – l’inévitable Alan Ladd – tente de le protéger de la vénéneuse héritière.  

S’ensuit inévitablement imbroglio, puis meurtre. Tous ces films ont intégré la règle du Grand Sommeil (personne ne comprend rien à l’intrigue et ce n’est pas très grave). En effet, le sujet n’est pas là. Il s’agit plutôt de décrire des gens vils qui se débattent et essaient de survivre dans cette Amérique impitoyable des années 30.

On ne se focalisera pas trop sur l’intrigue mais une fois de plus sur les performances d’acteur…




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