N’est pas David Lynch ou Stanley Kubrick qui veut. Emmanuel Carrère en fait la preuve avec l’adaptation de son roman au grand écran ; passionné par les histoires schizophrène (L’adversaire, sur l’affaire Roman, ou Je Suis Vivant Et Vous Etes Tous Morts, la formidable biographie de Philippe K. Dick) cela n’en fait pas forcément un grand cinéaste.
Un homme s’est rasé sa moustache (Vincent Lindon). Sa compagne, Emmanuelle Devos, ne semble pas s’en apercevoir. Et laisse même entendre qu’il n’a jamais eu de moustache … qui dit vrai ? Errant entre fantasme et réalité, ce genre d’histoire ouvre bien des abîmes, d’Eyes wide Shut à Mulholland Drive.
Mais là, point de Tom Cruise, et pas de Naomi Watts. Il y a là erreur de casting : Emmanuelle Devos, qui peut être excellente chez Desplechins (sauf le dernier, Rois Et Reines), est ici à contre emploi. Idem pour Lindon. Il faut des comédiens d’une autre trempe, au bord de la folie, des Nicholson, des Cruise, il faut un roc de pierre ; on a droit qu’à des gens comme vous et moi, et ca ne peut pas passer…
La mise en scène, de même, est faible , et trop proche d’une dramatique de France 2 pour soutenir le rythme.
Au rayon des bonnes nouvelles, on notera enfin une fin ambitieuse, et une excellente musique, et pour cause, c’est le concerto pour violon de Philip Glass…
Bref, à voir, s’il n’y rien d’autre.