En 1974, Al Pacino tournait dans un film modeste (Le Parrain II). La prestation intéressante de ce jeune italo-américain lui valut une nomination aux Oscars. Il aurait pu gagner, mais dut néanmoins s’effacer devant le célebre…
(roulement de tambours, trompettes…) :
Art CARNEY !!!!
pour sa performance dans…
HARRY&TONTO !!!!!
(… qui avait aussi gagné aussi le Golden Globe)
Etes vous allez voir ? sur ImdB, ils ont classé les films favoris de leurs internautes… On dirait presque une soirée Cinefast…
Sous l’intuition pénétrante du FrameKeeper, je me lance. En effet, il s’agit de faire l’inventaire de notre véritable cinéphilie, non celle de la tête, cinéphilie raisonnée qui ne peut tolérer qu’on trouve Alien plus important que Pluie Noire, même si ce dernier a eu un prix dans les alpes maritimes. Non, il s’agit bien de celle du cœur, et c’est peut être ça la vraie définition de la cinéphilie : un film, c’est quelque chose qui vous hante longtemps, au point d’occuper votre esprit, envahir votre âme, squatter votre langage. Pendant des années, je voulais construire des ponts en bois, avec des baguettes de barbapapa et en allumettes parce qu’un film m’avait marqué. Ce film c’était Le Pont de la Rivière Kwai. Les autres films de cette liste sont autant de ponts que les films m’ont fait construire.
Je me lance donc, refusant donc toute plongée dans ma base de données sous Excel/Powerpoint/ImdB, je cherche au plus profond de mes souvenirs, et je retrouve, vers l’âge de 10 ans les films de guerre où m’emmenait mon père au cinéma de Dourdan. Au premier rang de ce panthéon on trouvera donc Les Canons de Navarone, et le charme trouble de Gregory Peck. Rio Bravo et Cléopâtre sont aussi des mythes enfantins cinéphiles.
Ensuite, quelques grands films m’amenèrent vers l’épouvante et la science-fiction, moi qui les craignaient par-dessus tout : La Chose venu d’un autre monde, de Hawks/Nyby, puis Shining, une déflagration terrible dont je mis une après-midi à me remettre. S’enchaineront aussi Alien et Blade Runner, dont le réalisme outrancier couplé à une poésie noire n’ont guère trouvé d’équivalent depuis.
Ces émois adolescents ne peuvent éclipser Mad Max, puis Scarface (version de Palma). J’ajouterais aussi Citizen Kane, qui m’ouvrit la porte du cinéma en tant qu’ART.
Il y a aussi une veine comique à cette cinéphilie du cœur : Monty Python Sacré Graal et Y’a-t-il un Pilote dans l’avion, dont je ris encore à chaque projection. Ce film m’a complètement brûlé le cerveau, au point que je parle souvent comme les héros du film « oui je sais, je sais ! » « encore une fois merci, je suis de tout cœur avec vous » et autres « c’était pas le jour pour arrêter la colle».
Dans un autre registre, Le Rocky Horror Picture Show tient une place à part. D’abord parce que c’est le film que j’ai le plus vu (une vingtaine de fois), ensuite parce qu’il représente quelque part ce que devrait être un certain cinéma de divertissement, où le public pourrait exprimer à voix haute son contentement, chanter en cœur les chansons du film, lancer du PQ pour démolir les répliques idiotes. Pas pour tous les films, bien sûr, mais pour Armageddon ou Air Force one, ça le ferait…
Il n’y a pas beaucoup de Kubrick, finalement. Probablement parce que c’est trop cérébral, ce n’est pas un plaisir jouissif immédiat, c’est une œuvre. Paradoxalement, je mettrais quand même 2001, pour l’énorme baffe quand je l’ai vu la première fois.
Dans les années 90, il y a aussi Breakfast Club, La Folle Journée de Ferris Bueller et Weird Science, quand John Hughes était grand. Il y a aussi Kasdan, au rayon des portés disparus, avec La Fièvre au Corps.
Dans les plus récents, il y aurait Heat, ou Titanic, qui rentrent lentement mais sûrement –comme nous avions été certains à la prédire à l’époque –, comme des classiques indémodables, tandis que Usual Suspects, lui fait la marche arrière vers les films sympas, pourtant encensés par votre serviteur à l’époque.
Personne n’est parfait, et je mettrais aussi L’Empire Contre Attaque, parce que même si réticent au début, le film fut un choc pour moi et m’incita à faire du cinéma. Ça ne m’empêchera pas de démolir très prochainement dans ces colonnes le mythe Lucas/Star Wars, mais ce n’est pas le propos ici.
Enfin il y a LE film, celui que j’emmènerais partout avec moi, c’est bien sur Apocalypse Now, le film parfait (je ne parle pas de l’honteuse version commerciale redux, mais bien du montage original). Après de multiples revoyures, c’est probablement le seul film où je n’ai jamais trouvé de défaut. Pas d’erreur de cadre, pas d’effet de manche dépassé par le temps, voilà un film qui semble sortir d’aujourd’hui.