Qu’est-il arrivé à Michael Mann ? Où est passé le génie de Heat, le virtuose d’Ali et de Révélations ? La réponse est simple : il fait Chef Op’ de luxe pour Mann Michael, le scénariste tâcheron de Miami Vice.
Avant d’abattre le film à l’aide mon Glock de service, il faut dire que Miami Vice n’est pas un film sans qualités. D’abord, c’est d’une beauté à couper le souffle : le moindre plan de chargeur M-16, de soleil couchant ou de Ferrari est à couper le souffle. Le Mann est capable de filmer des cheveux mouillés sous la douche, caméra portée, avec autant d’élégance que les Falcon au milieu des nuages, ou le sombre éclat d’un gun dans la lumière glauque de Miami.
Ensuite, Mann invente carrément sous nos yeux un nouveau genre cinématographique : le cinéma-vérité-hollywoodien. Avec des caméras DV, nous voilà plongés au coeurr de l’action, d’un réalisme étouffant. Le film se promène de Miami à Ciudad del Este, plus vite qu’il n’en faut à Colin Farrell pour emmener Gong Li déguster un Mojitos à La Havane. Ce qui permet de donner au film une caution de quasi-reportage sur les banlieues crasseuses de Port Au Prince, les trailer parks de Miami, ou les chutes d’Iguacu.
Mais c’est aussi ce qui détruit le film. Derrière le réalisme outrancier, se cache un scénario parfaitement indigent. L’intrigue elle-même est déjà faiblarde (deux flics abandonnent une opération importante pour se porter immédiatement au secours d’un de leurs informateurs. Celui-ci se fait tuer, les deux flics se mettent au service du FBI pour retrouver qui l’a balancé… Ils deviennent instantanément des transporteurs de drogue crédibles, obtiennent la confiance du plus gros trafiquant de drogue de la planète, baisent sa femme, se font enlever leur copine, et dans la même demi-heure la sauve des griffes des Aryens qui contrôlent le trafic à Miami !)
Miami Vice est sûrement scénario plus ridicule de l’année ! On ne comprend rien à l’intrigue. Les personnages n’ont pas d’épaisseur (et on rarement vu des acteur de ce calibre jouer aussi mal). Les confrontations flics-bandits sont pathétiques. On se menace en roulant des gros yeux, comme dans la cour de l’école quand on joue aux gendarmes et aux voleurs. Il n’y a aucun enjeu derrière les personnages. On n’a pas peur une seule seconde qu’il leur arrive quelque chose. On aimerait bien qu’il leur arrive quelque chose !
Et comme on s’ennuie tellement, (ou on rigole, c’est selon), que l’on ne peut s’empêcher de faire les comparaisons qui tuent : Le deal qui tourne mal (tellement mieux fait chez le Scarface de De Palma)… le flic qui tombe amoureux de la femme du patron (tellement mieux fait chez le Scarface de De Palma)… Les troubles des flics undercover (tellement mieux fait dans Donnie Brasco)… la guerre des polices (tellement mieux fait dans Heat)… Etc. etc.
Autant Heat était réussi, autant Miami Vice est un ratage complet. On y retrouve pourtant les obsessions du réalisateur (l’amitié virile, la frontière ténue entre flic et voyou, les femmes qui viennent compliquer tout ça…) Mais cette fois-ci, ça ne marche plus. Et ça confirme l’option d’un Michael Mann en roue libre, déjà aperçue dans Collateral, film qu’on avait cru pouvoir habiller du manteau du « bel exercice formel autour du film de genre »… mais déjà pointait un certain ennui, et une fainéantise scénaristique évidente. Défauts qui ne pouvait que donner naissance à Miami Vice.