Trois ou quatre fois par an, nous allons au cinéma avec ma femme, ce qui me permet de remonter un peu mon quota de films français (assez faible il faut bien l’avouer). Avouons aussi que je le regrette rarement : si elle donne rarement dans le film américain, Valérie n’a pas non plus succombé au Film de Festival. Donc, ça tourne autour du pas mal, voire du bon « Fauteuil d’Orchestre », « Le Goût des Autres » et tutti quanti.
Cette année, la saison débute donc avec Lady Chatterley. Madame a regardé les Césars, et en est revenue très énervée*. Mais avec l’envie de voir des films, et pourquoi pas, le meilleur film de l’année : Lady Chatterley.
Je ne suis pas contre : j’avais beaucoup aimé le premier Ferran, Petits Arrangements avec les Morts, la critique était plutôt favorable, il y a Marina Hands, et va y avoir du cul.
Rappelons, avant de sonner la charge, que ce film, outre le César du Meilleur Film, a aussi obtenu Meilleur Actrice (Marina Hands), Meilleurs Costumes, Meilleure Adaptation, et Meilleure Photo.
Meilleurs Costumes, après tout, pourquoi pas ? On n’allait pas le donner à Ne le Dis à Personne, de toutes façons. Un césar pas très documenté néanmoins, parce que le garde de chasse arbore complaisamment une montre bracelet qui était pour le moins rare dans les années 20, mais passons.
Meilleur Actrice. Comment dire ? Certains platanes jouent pas mal dans le film… Des acteurs, je n’en ai pas vu beaucoup. Mais dire que Mrs Hands joue bien, c’est un peu fort de café ! Dire qu’elle joue, c’est déjà beaucoup. Au mieux, elle a suivi le Cours Tautou (virée au premier trimestre). Elle minaude, ses petits yeux s’embuent de larmes, elle lit son texte. Mais elle joue faux, si faux ! C’est atroce ; On dirait la petite du troisième qui prend son premier cours de violon ! En face, c’est pas mieux : le garde chasse qui dit « ouais » à tout bout de champ pour faire peuple !! Mais bon, au moins, il n’a pas eu de César !
Meilleure photo. Décernée par les chef op’ aveugles du cinéma français ? L’image est floue, saturée, limite 16 mm (c’en est peut être). C’est mal cadré (la plupart des plans coupent les têtes). C’est mal monté. Ca ressemble à un court métrage fait par des ados. C’est inadmissible, de donner un prix comme celui-là, l’un des plus objectifs possibles, à un film comme celui-là.
Vous comprendrez à ce stade que je ne comprends pas non plus le César du Meilleur Film. Mais finalement, cette livraison 2007 des Césars, cérémonie par ailleurs tout aussi inutile que les Oscars, est peut être le signe de la mutation tant attendue du cinéma français.
Auparavant, c’était systématiquement les Lady Chatterley qu’on récompensait à la petite remise de prix provinciale de George Cravenne. Mais cette année, c’est Ne Le Dis A Personne qui a failli tout rafler, et assez justement le César du Meilleur Réalisateur à Canet, et du Meilleur Acteur à Cluzet. Ne Le Dis A Personne : un film de genre. Un film basé sur un best-seller américain. Un film produit par Luc Besson, aka le Diable en personne ?
Finalement, j’aime bien ces Césars 2007.
* tout particulièrement par Lou Doillon, expliquant la difficulté du métier d’acteur, combien il faut travailler, et travailler sans cesse pour réussir… Venant de la fille de Jacques Doillon et de Jane Birkin, c’est vrai que ça ne manque pas de sel…