La magie de la télé, c’est d’être là au bon moment. On a beau avoir le DVD prestige, les 130 heures de bonus, le commentaire du 3ème assistant réal’, quand ça passe sur TF1, même en VF, même avec les pubs, on regarde Titanic. Et le lendemain, on passe Céline Dion sur Europe 1.
Pourquoi re-regarder ? Comme pour les amours anciennes, il s’agit de vérifier que le cœur bat encore. Et il bat, c’est confirmé pour Titanic, le Cœur de l’Océan. En dix ans, le film a certes pris quelques rides, surtout du point de vue technique : on s’est habitué à la perfection en matière d’images de synthèse. Mais pour l’essentiel, Titanic reste ce chef d’œuvre populaire, notre Autant en Emporte le Vent de ces vingt dernières années. Perfection du scénario, perfection de l’adaptation de ce scénario à l’écran, Titanic brille d’autant plus qu’il est une accumulation de défis lancés par James Cameron, défis qu’il accomplit tous : film catastrophe, film romantique, film féministe, film social, film d’action. Tout y est, à sa juste mesure.
Mais pour l’anecdote il y a une autre chose qui m’a frappé hier. Titanic m’a conforté dans l‘hypothèse lancée dans ma chronique « Nice guy for a brit », à savoir la persistance du sentiment anti-anglais dans le cinéma américain. Dans Titanic, ça ne manque pas : les méchants (pourtant américains) sont de parfaits anglais, cul-serrés comme il faut. Ils se prennent « pour des rois », comme le dit Hockley, le futur mari de Rose. Des rois ? Une hérésie pour les américains, qui se sont débarrassés de la monarchie les premiers. A l’opposé, le héros vit à fond de cale, avec ses amis irlandais. La « vraie fête » à laquelle il invite Rose est une fête irlandaise, où l’on pratique un melting-pot et une ambiance décontractée, purement US, ce n’est pas les verres de Brandy qu’on déguste en première ! D’ailleurs nous rappelle-t-on, ce bateau est irlandais, construit à Belfast. Pendant le naufrage, un des amis de Jack insulte les stewards : « Salauds de britanniques ! ». Et la musique, si particulièrement mémorable : un thème irlandais omniprésent pendant tout le film.
Depuis, Cameron, tétanisé par le succès de son film, n’a plus fait que des documentaires, dont un sur le Bismarck. La thèse du documentaire était que le célèbre navire avait été sabordé par les allemands, et non coulé, ce dont s’enorgueillissait depuis 1941… les anglais.