dimanche 14 octobre 2007


7h58 Ce Samedi-Là
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Sidney Lumet n’est pas mort. Du haut de ses 83 printemps, il nous propose un polar à l’ancienne, digne des meilleurs faits divers. Autour de ces deux frères désespérés au point de braquer la propre bijouterie de leurs parents, Lumet brosse un portrait terrifiant d’une famille américaine, où rien ne peut être sauvé. Formidablement joué, au rythme lent, 7h58 Ce Samedi-Là ne convainc pas tout à fait, et on ne saurait bien dire pourquoi. Peut être justement, parce que rien ne peut être sauvé et qu’on ne peut donc s’identifier aux personnages. A voir néanmoins.




dimanche 14 octobre 2007


L’Age des Ténèbres
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Où est passé Denys Arcand ? Le cinéaste inspiré de Jésus de Montréal, le chroniqueur du Déclin de L’empire Américain, le seul, à mon sens, capable de mélanger discours sérieux sur le choc des civilisations et blagues de cul, sombre à pic dans L’Age des Ténèbres.

Il y a sûrement beaucoup d’inconscient dans ce dernier film, et on sent que le héros n’est autre que le double plus jeune de Denys Arcand. Ce héros est mal marié, entouré d’enfants débiles, travaille dans les services sociaux dans un Québec, qui, dans dans un futur proche, est enfin libre. Ces services sociaux sont impuissants, tout comme notre héros, qui n’a pas baisé depuis 18 mois ; Ce qui ne l’empêche pas de fantasmer : il rêve de Diane Kruger, star hollywoodienne, Emma de Caunes (journaliste), ou encore sa collègue lesbienne ou sa chef SM. Ces fantasmes sont censés compenser les lacunes de son épouse, une « vraie salope » : elle refuse de cuisiner, se consacre à son job, ne s’occupe pas de ses enfants (sic !).

On sent derrière le vieux réac qui pointe, pire, le vieux réac de gauche, écolo et/ou communiste : les lacs sont pollués, les services publics sont en panne, les enfants jouent au jeu vidéo ou pire, commencent à avoir une vie sexuelle ! Tout ça sent le rance et le rassis. Le tout sans humour ou avec des gags digne du cinéma muet…

Mais le final reste le plus beau ; notre homme décide de tout lâcher, son job, sa femme, ses enfants, s’installe sur les bords du Saint Laurent, où il peut enfin abandonner ses fantasmes, est se mettre à cultiver son jardin ! Si ! Si ! Un petit clin d’œil à Voltaire qui en fait finalement un film très américain : la ville c’est le Mal, la campagne, c’est le Bien.

Apothéose finale sur l’ultime plan, une nature morte sur des pommes que Monsieur épluche désormais à la main. Le plan se métamorphose petit à petit en … peinture. Vu la métaphore ? Le Cinéma a détruit à l’Opéra (on en voit deux illustrations dans le film), la Photo détruit la Peinture. En concluant sur l’air de « c’était mieux avant », on sort de L’Age des Ténèbres définitivement achevé…




dimanche 14 octobre 2007


Mon Frère est Fils Unique
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

S’il y a un cinéma vivifiant, qui a encore la pêche, qui a quelque chose à dire, et qui ne se noie pas sous les budgets, c’est bien le cinéma italien. Ou alors, on nous cache les nanards qui sortent là-bas. En tout cas, le cinéma de genre se porte bien (Arriverderci Amore Ciao), comme le cinéma politique. Daniele Luchetti avait réalisé un très bon film (Le Porteur de Serviette, sur la montée du berlusconisme), et il remet le couvert avec un film très frais et très fin : Mon Frère est Fils Unique.
Deux frères, issus d’un milieu ouvrier, plutôt joyeux vont plonger dans le néo-fascisme et les Brigades Rouges, au cœur des années de plomb. Entre eux, une femme passera de l’un à l’autre. Le génie de Luchetti est de traiter ça comme une comédie italienne, avec la mama, les filles, les mobylettes, et montrer l’action politique comme un délire adolescent. Imperceptiblement, pourtant, la comédie vire à la tragi-comédie, et c’est presque une surprise, une véritable rupture de ton dans le film.

Porté par des comédiens superbe, Mon Frère est Fils Unique vaut vraiment le détour.