Voilà un film ambitieux, qui ne vise pas moins que de nous amener à réfléchir sur notre condition, sur notre tentation du confort et du conformisme, mais aussi à notre irrépressible besoin de liberté…
C’est aussi, pour le Professore Ludovico, un film qui part a priori avec un très gros handicap : le trip écolo, Allons vivre dans la nature, quittons la ville, fuyons familles, amis, et civilisation… tout ça est en général très suspect à mes yeux ! Il fallait donc le talent d’un Sean Penn pour ne serait-ce que m’inciter à aller voir ce film. Le talent est là, doté d’un scénario habile et d’un jeune comédien hors pair.
Tout d’abord, Sean Penn évite l’écueil numéro un : le manichéisme. S’il filme la beauté de la nature, la pureté des intentions de Christopher McCandless, la désagrégation de la famille McCandless, il n’hésite pas à placer une contre-argumentation : la voix off de la sœur (porte parole de Christopher), les « parents » qui parlent au travers de Catherine Keener ou d’Hal Holbrook. En bref, le film ne plaide pas qu’à charge. Ensuite, en alternant flash-backs et séquences en Alaska, il donne un vrai rythme au film, créant un suspense, là où il n’y en a pas vraiment, autour de l’enjeu : Christopher survivra-t-il à cette aventure extrême ? Il évite aussi le trip écolo, parce que si le film enlumine la nature, Sean Penn ne sombre pas dans l’angélisme : il faut tuer pour survivre, et se nourrir seulement de baies peut s’avérer dangereux…
Quant au comédien, Emile Hirsch est tout simplement fabuleux, alternant justement plusieurs registres, entre sa vie d’avant et celle d’aujourd’hui. Il engendre une véritable sympathie, qui transformerait, sinon, le film en pensum.
On pardonnera donc à Sean Penn de loucher un peu trop du côté d’Easy Rider, et les quelques (légères) longueurs du film, et on se ruera à Into The Wild avec plaisir, ne serait-ce que pour réfléchir un peu…