vendredi 1 février 2008
Merci Michel Denisot !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Petite anecdote personnelle : si la rubrique « Pour en finir avec…» existe, c’est d’abord, bien évidemment, parce que nous aimons à CineFast dégonfler certaines baudruches du paysage cinématographique. Mais pour ma part, c’est surtout du à la lecture d’une interview de Michel Denisot dans un des premiers Studio (oui je le confesse, j’ai lu cette honorable brochure rutilante dans les années 80).
Or que disait l’homme du Grand Journal et du PSG ? Qu’il aimait le cinéma, bien sûr. Mais à la fin, il y avait une petite question piège : « Y’a-t-il un cinéaste que vous n’appréciez pas ? » Et qu’est-ce qu’il répond, notre consensuel Michel ? « Je n’aime pas Chaplin. Je n’ai jamais compris exactement où était le « génie » de Charlie Chaplin. » Qu’il ose démolir comme ça, dans un média grand public, une icône aussi évidente que Chaplin fut pour moi une révélation, qui m’inspire encore aujourd’hui…
vendredi 1 février 2008
Astérix aux Jeux Olympiques : la résistance s’organise ?
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Pour une fois, tout le monde est d‘accord : le public d’Allociné et les critiques ont décerné une seule étoile (le minimum) à la pharaonade mégalo de Monsieur Langman. Lequel, non content de vouloir signer lui-même le film (il n’est théoriquement que producteur*), se pavane dans les gazettes toute honte bue, et, chargé de l’arrogance de César, ne parle que de marketing : « film à l’humour consensuel », « drôle de Bruges à Marseille », « 10 millions d’entrées à faire pour être rentable », « 5000 salles », « budget record de 78 M€, et 20M€ de plus pour la promo ».
Il se trouve, semble-t-il, que le film est mauvais. Pas légèrement mauvais, comme une Grosse Connerie peut l’être, non, il a l’air très mauvais. Même la presse la plus amicale le démolit (les gratuits, Le Parisien…).
Malheureusement, le problème n’est pas là. Astérix aux Jeux Olympiques sera-t-il puni de sa médiocrité, that is the question ! Le verra-t-on se ramasser comme les derniers incidents industriels en date (Minor, Le Deuxième Souffle, L’Auberge Rouge ?) ; rien n’est moins sûr ! Car Astérix aux Jeux Olympiques ne teste rien de moins que notre force morale ! Irons-nous ? Résisterons-nous à l’appel des amis, enfants, parents qui nous enjoignent d’aller voir un film dont, au moins, le sujet est consensuel ? « Je ne voulais pas y aller, mais ça fait plaisir aux gosses » risque d’être la phrase culte en sortie de salle. Les enfants, pas dupes, trouveront ça beaucoup moins bien que Ratatouille, mais les 10€ seront déjà dans la poche de M. Langman, qui se gargarisera sur TF1 des « 11 millions d’entrées », du « succès public », et « de l’indigence de la critique ». Comme d’habitude.
* Je défends d’habitude la version US : l’auteur du film, c’est le producteur. Mais on n’a jamais vu Simpson ou Bruckheimer se faire créditer comme réalisateur à la place de Michael Bay.
vendredi 1 février 2008
Star Trek 11
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -
Séries TV ]
J’en vois déjà qui ricanent, au fond. Vous me copierez 100 fois votre leçon de Vulcain ! Il n’empêche que je défends, et je ne suis pas le seul (nous sommes deux), l’idée selon laquelle un baril de Star Trek vaut 2 barils de Star Wars.
Je ne parle pas des films, assez inégaux il faut bien le dire (et encore je suis de bon poil, ce soir). Non, je parle de la série, qui est bourrée de scénarios intelligents, petits contes philosophiques voltairiens de 52mn. En pyjama bleu, je le concède. Mais des scénarios fins, avec de l’humour, et des personnages supers. Ca ne courrait pas les rues à l’époque. Et en pleine guerre froide : un chinetoque, une black, un russe, et un bridé. Ca courrait pas les rues non plus.
Et pour votre culture, bande de morveux, la première navette spatiale fut baptisée Enterprise, ça vous en bouche un coin, non, ça vous rabat un peu le caquet, non ?
Bon, Star Trek 11, c’est un film, et les films sont toujours assez rigolos. C’est pas des chefs d’œuvre, mais c’est rigolo. Le 11ème, c’est pour noël, mais il faut réserver ses places dès aujourd’hui, parce que même si ça fait un carton aux USA, en général à Paris ça reste 3 jours en salles (authentique !).
Cette fois-ci, c’est JJ Abrams (Lost, Alias), qui s’y colle ; et M. Steve Jobs nous offre une jolie bande annonce sur son site perso.
Qu’est-ce qu’on dit au Père Noël ? Merci Père Noël !
vendredi 1 février 2008
Charlie Wilson’s War
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
…est tout le contraire de No Country For Old Men : la fin sauve un film limite quant au propos, mais par ailleurs drôle, et plaisant à regarder.
En bref, le pitch est basé sur une histoire vraie, celle du député Charlie Wilson, baiseur, buveur, cocaïnomane, qui finança secrètement la guerre en Afghanistan et contribua ainsi à la chute du communisme, aidée d’une rombière texane chaudasse mais catho (Julia Roberts) et d’un espion à la ramasse (Philip Seymour Hoffman).
Pourquoi limite ? Pendant tout le film, tout est très premier degré : le communisme c’est mal, les communistes en Afghanistan se conduisent comme des tueurs sans pitié (c’était vrai), et grosso modo, heureusement que les américains sont là pour préserver la démocratie et aider le Pakistan à faire le sale boulot.
On se pince en pensant que c’est Tom Hanks qui a produit ça.
Et puis dans les dix dernières minutes on comprend, en une seule scène : Charlie Wilson a gagné la guerre, mais il tient une ultime réunion pour lever des fonds ; après avoir réussi à doubler et doubler encore les subventions US secrètes jusqu’à 500M$, il demande encore… un petit million de dollars pour bâtir des écoles ! On lui refuse. « On s’en fout !» lui répond-on en substance. « La guerre est finie ! Les USA ont fait leur part du boulot ! » Et Charlie Wilson de supplier : « Ces enfants ont 14 ans ! Ils ne savent pas que les USA les ont sauvé du communisme ! Il faut maintenant reconstruire le pays ! »
En fait c’était un film pé-da-go-gi-que, à destination du public américain, toute ressemblance avec des faits récents n’étant absolument pas fortuite…
vendredi 1 février 2008
No Country For Old Men
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
J’aime les frères Coen. J’aime leur folie et leur talent. Des fois c’est génial (Fargo, Miller’s Crossing, O’Brother, The Big Lebowski), des fois pas terrible (Arizona Junior, The Barber, Hudsucker Proxy), mais ça vaut toujours le dérangement.
Et puis les Coen ont ce sens du cinéma régionaliste (le branleurs midwest de Fargo, le Texas de Blood Simple, le Mississipi bluesy de O’Brother, le LA cool du Big Lebowski). Ils savent faire de l’authentique, de l’accent qui tue, de l’idiotisme…
Avec No Country For Old Men, on ne passe pas loin du chef d’œuvre : ça commence très fort, thriller sans parole, formidablement cinématographique. Puis s’installe cet humour très particulier presque british, notamment entre le shérif (Tommy Lee Jones) et son adjoint, entre le tueur fou (Javier Bardem) et ses victimes… De bout en bout, les Coen tiennent la performance d’osciller entre humour glacé et sophistiqué et vrai thriller. Et puis c’est la baisse de régime ; dans les dix dernières minutes, rebondissement, changement* de ton, on semble passer dans un autre registre, plus grave, plus profond, quasi philosophique, et ça casse un peu le film. Mais il faut l’avoir vu…
*Les Coen sont coutumiers du fait : Big Lebowski avait aussi des faiblesses du même genre, notamment avec la scène des tueurs norvégiens déguisés en fans de Devo…