dimanche 9 mars 2008
Le polar du mois
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip ]
Il y a parfois plus passionnant que les films produits à Hollywood, c’est Hollywood elle-même. Malgré toutes ses transformations artistico-industrielles, Hollywood reste la même, c’est-à-dire la Babylone du stupre et du crime. De l’usine à rêves décrite par Cendrars, à l’Hollywood speedée des années 80, rien n’a changé. C’est ainsi que l’on découvre, dans Le Figaro de vendredi, la nouvelle affaire du mois, le procès d’Antony Pellicano.
Qui est ce ? Rien de moins que le détective privé favori des stars, inculpé de cent chefs d’accusation : corruption, écoutes illégales, intimidation, tout y est. Ses clients : le gratin d’Hollywood, Tom Cruise, Demi Moore, Michael Jackson. Les motifs : gagner son divorce (Tom Cruise), faire taire une ex enceinte (Chris Rock), négocier un arrangement avec un jeune victime (Michael Jackson) ; autant dire que tout le monde tremble : et si Tony se mettait à balancer. Il a juré le contraire…
En tout cas, matière à film, car Hollywood n’est jamais meilleure que quand elle se film elle même : Sunset Boulevard, The Player, Swimming with Sharks…
samedi 8 mars 2008
Heureux Qui Comme Edouard
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD ]
C’est pas le genre de la maison (doublement), mais aujourd’hui, c’est séquence copinage et séquence court-métrage. Heureux Qui Comme Edouard est un court métrage d’une vingtaine de minutes produit par des copains, et dont je suis tombé amoureux en entendant d’abord la BO, dans une maison de campagne pas loin de Pierrefonds. Car Heureux Qui Comme Edouard n’est pas n’importe quel court métrage : c’est une comédie musicale. Et le Professor, vous ne le saviez peut être pas, adore les comédies musicales, américaines évidemment, de l’âge d’or évidemment : Singing in the Rain, Un Américain à Paris, My Fair lady, Girls, etc. et aussi bien sûr, le Rocky Horror Picture Show.
Heureux Qui Comme Edouard n’est pas une tragédie grecque, mais bien l’odyssée du jeune Edouard, au sein des Charybde et Scylla du Merveilleux Monde de l’Entreprise. Edouard y fera grimper la croissance, négociera avec les syndicats, donnera un cours d’économie, et vendra des maisons au peuple, le tout en chansons, et ballets (avec la coopération du ballet de Dijon). Bref, ce court métrage est une véritable superproduction.
Il passe en ce moment Canal+, devrait bientôt passer en clair sur France 3, et vous pouvez même l’acheter sur le site, avec des bandes-annonces gratuites en prime.
samedi 8 mars 2008
There Will Be Blood
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Bon, difficile de chroniquer un film pareil. D’un côté, ce n’est pas une révélation, Paul Thomas Anderson fait une fois de plus la preuve de son génie : c’est le meilleur cinéaste de génération. Pareil pour Daniel Day Lewis qui délivre là une performance cinq étoiles. Mais le film ? Splendide, superbe, crépusculaire, drôle, les superlatifs ne manquent pas ; mais il manque quelque chose, difficile à cerner, qui nous permettrait de dénicher le chef d’œuvre annoncé.
Tout simplement, l’histoire est très mince : un prospecteur sans le sou devient un baron du pétrole. Mais on en sait trop peu sur lui, et sur ceux qui l’entourent, ou qui le combattent, pour qu’il y ait un quelconque enjeu dans la narration. Il y a bien des péripéties ; un jeune prêtre se met en travers de sa route, un derrick prend feu, mais tout ça ne sont des épisodes d’une histoire où le spectateur est peu concerné. Et la chute finale n’apportera rien de plus. A voir donc, mais uniquement pour les performances d’acteur, et pour en savoir plus sur cette histoire pourtant consubstantielle au XX° siècle : la découverte du pétrole.
mardi 4 mars 2008
Cloverfield
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Nous nous demandions récemment à CineFast où était passé la Grosse Connerie Américaine. Quand reverrions-nous Bruce Willis sauver la planète d’un météore tueur ? Et Will Smith ou Jeff Goldblum casser de l’extra-terrestre ? Depuis le 11 septembre, ces films ont disparu, remplacés par des films anxiogènes (La Guerre des Mondes) ou comique mais anxiogène (Transformers).
Puis Cloverfield apparu, nimbé du voile d’un buzz savemment orchestré, marque de fabrique du co-producteur de l’engin, JJ Abrams. Une bande-annonce mystérieuse, filmé en vidéo (?), une affiche montrant New York en flammes, et la Statue de la Liberté décapitée ? Mais rien, non rien de rien, sur le pitch !
En deux mots, CineFast peut vous dire le début : le narrateur filme une soirée d’adieu organisée pour le départ au Japon (Au Japon ? Tiens, tiens !) d’un jeune cadre dynamique. Ca commence plutôt à la Festen, entièrement filmée comme une vidéo amateur. Mais l’intrigue se met tranquillement en place, entre amants d’hier et d’aujourd’hui, copains et inconnues de passage. Et juste quand on commence à s’ennuyer… Cloverfield commence !
Pas besoin d’en dire pas plus, il faut juste aller le voir. Cloverfield est un OVNI dans la production cinématographique actuelle : un film catastrophe sous forme vidéo amateur, mais qui tient la route ! Dès que le procédé devient artificiel (et il l’est, évidemment), on passe à la vitesse supérieure. On peut le comparer à Blair Witch, mais où celui-ci devient absurde par sa non-résolution, le procédé prend ici tout son sens : « Cette vidéo a été retrouvée dans Central Park. Propriété du Gouvernement Américain », nous prévient-on au début.
Depuis le 11 septembre, on voit bien que les américains ne peuvent plus filmer l’effondrement de l’Empire State Building ou l’explosion de la Maison Blanche. Mais ici, c’est comme si JJ avait trouvé la solution. Un film catastrophe, mais où rien n’est plus comme avant (impossible de filmer ça comme en -10 avant Ground Zero. JJ ABrams n’est pas Jerry Bruckheimer, qui d’ailleurs a abandonné ce genre de film). Impossible aussi de ressasser les mêmes mélodies, le même discours patriotique, le même background religieux d’Armageddon.
Non, plus que cela ; Cloverfield EST le nouvel Armageddon ; et en même temps, c’est son antithèse absolue.
lundi 3 mars 2008
Le Pianiste, pourquoi ça marche…
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
En rapport à mes critiques d’hier, et après avoir revu des bouts du Pianiste, une comparaison s’impose. Oui, Le Pianiste est un biopic, ou plutôt une bio, pas epic du tout. C’est basé sur une histoire vraie, celle du pianiste Wladyslaw Szpilman qui a écrit son autobiographie. Mais d’abord, ce pianiste nous est inconnu, ce qui n’est pas le cas de Piaf. Et Polanski nous raconte qu’une petite partie de cette vie, celle de la guerre.
Polanski, très intelligement, enlève tout de suite l’épique de cette histoire, même si celle-ci est connue, archi-connue (il met pourtant les dates : 12 mars 1940, 16 août 1942, 18 janvier 1943, tout cela se rapportant à des moments précis, comme le début de l’insurrection du ghetto de Varsovie). Mais son génie, c’est que le squelette de son histoire n’est pas là. L’histoire, elle ne se déroule que dans le regard perdu d’Adrian Brody.
Contrairement à La Môme, nous n’enchaînons pas Les Grandes Dates du Ghetto, mais on nous propose plutôt de suivre la progression intérieure de Wladyslaw Szpilman : va-t-il s’en tirer ? Que ferions nous à sa place ? Et le pire est à venir, dans la réponse : rien. Nous ne ferions rien. Nous subirions les mêmes humiliations en silence, nous nous cacherions, et puis nous attendrions la mort.
C’est là le chef d’oeuvre de Polanski, que d’avoir su répondre à cette éternelle question sur le génocide : pourquoi les juifs se sont laissés faire ? (Ce qui évite une question plus lancinante : pourquoi avons nous laissé faire?) Comme si les juifs s’étaient volontairement laissés allés à l’abattoir. Ils n’ont rien fait parce qu’il n’y avait rien à faire. Et vous non plus, vous n’auriez rien fait…
dimanche 2 mars 2008
La Môme
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Mon ami Eric (eh oui, celui de Joy Division), a inventé une jolie expression, un beau jour de 1984, alors que j’allais voir Paris, Texas : « Ah oui ? Tu vas pointer au chef d’œuvre, comme tous les autres ? ». Qui peut se vanter en effet de n’avoir jamais lu un livre, ou vu un film, parce que toute le monde le recommandait ? Après César, Oscar, avis d’amis, je suis donc allé « pointer au chef d’œuvre » La Môme, afin de vérifier par moi-même la performance Cotillard, et de me plonger dans cette partie cachée de l’identité française qu’on appelle Edith Piaf.
Car Piaf, c’est la France, et Piaf c’est Paris. Oublier cela, c’est s’oublier soi-même. Toutes les chansons de la Môme courent sur nos lèvres, et on se met immédiatement à chanter le refrain. Je ne suis pas plus fan que ça, mais je suis français, et aucun français n’y échappe, pas même les américains : ils ont couronné – à l’évidence – une vision très américaine de la France (Paris ! La bibine ! L’hystérie !)
Pourtant, rien n’empêchait de revisiter le mythe. Soit en le frôlant amoureusement, de loin, soit en dynamitant de l’intérieur. Ce ne fut évidemment pas le choix de Dahan (et surtout pas de TF1, son producteur). Avec La Môme, on est donc dans le biopic à l’américaine, juste retour des choses.
Et c’est donc raté.
Raté, le biopic l’est par essence. Comment s’intéresser à la suite d’un film dont on connaît la fin ? La jeune Piaf deviendra une grande chanteuse, Howard Hughes (The Aviator) un héroïnomane, Johnny Cash (Walk The Line) trouvera la rédemption. De chaque scène, on peut déduire la fin. Piaf entre sur scène, toute tremblante : ce sera un triomphe. Marcel Cerdan prend l’avion : il va mourir. Piaf entre sur scène, toute tremblante : elle va s’évanouir.
C’est pour cela que le réalisateur de biopic se doit de botter en touche. Dahan met toutes ses qualités là-dedans : esthétique irréprochable, comédienne incroyable, images léchées. Mais à force de faire valser la caméra pour montrer l’hystérie piafienne, et l’alcoolémie ambiante, il nous saoule nous aussi. Il enfile les grands moments Piaf, et enchaine les poncifs : « la petite fille abandonnée », « l’alcoolique pauvre », « la star capricieuse ». Ce n’est pas vraiment désagréable, mais juste ennuyeux, comme une séance diapo de copains revenant de Marrakech.
Qu’aurait-il fallu faire, alors ? Rien, en fait. D’abord, ne pas faire de biopic : ÇA NE MARCHE PAS ! Ensuite, botter en touche, mais autrement. Raconter la vie de Piaf par quelqu’un d’autre, comme Todd Haynes raconte la vie de Bowie au travers d’un journaliste dans Velvet Goldmine. Eviter de raconter une histoire, travailler de manière impressionniste, comme Anton Corbjin pour Control. Parler d’autre chose (de la boxe, par exemple), comme Scorcese pour Raging Bull.
Surnage néanmoins de ces deux heures, il faut le souligner, l’incroyable prestation de Marion Cotillard. Il est vrai qu’on a toujours beaucoup d’indulgence pour la bombasse qui s’enlaidit, et qui en général gagne un oscar (Charlize Theron pour Monster, ou Daniel Day-Lewis pour My Left Foot), mais ici, il y a une véritable, invraisemblable performance. Cotillard joue incroyablement bien Piaf : jeune ou vieille, drôle ou en colère, haineuse ou aimante.
Bravo Marion.
samedi 1 mars 2008
Arrested Development
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Cette série a connu un très grand succès aux USA, avant de périr au bout de trois saisons. Diffusée confidentiellement en France, elle est disponible en DVD. Elle vaut vraiment le coup d’œil, par son originalité, son mauvais esprit, et son extraordinaire inventivité. Le pitch est simple : au moment où le héros, Michael Bluth, pense que son père va lui confier les rênes de l’entreprise familiale de Construction Immobilière, celui-ci est arrêté pour malversations.
Le voilà obligé de gérer l’entreprise dans de bien mauvaises conditions, surtout entouré d’une famille de redoutables et oisifs charognards : sa sœur (Portia de Rossi), pinup canon délaissé par un mari homosexuel refoulé, un frère agicien qui rate ses tours, et un cadet retardé maqué avec… Liza Minelli. Les acteurs sont excellents (on les a revu depuis au cinéma, notamment dans Juno ou The Kingdom), mais il manque quelque chose pour être complètement convaincant. Comme si Arrested Development était trop malin pour être honnête…