Qu’est-il arrivé à M. Night Shyamalan ? Où est passé le nouveau Spielberg (Le Sixième Sens, Le Village, Incassable, Signes) ?
Phénomènes est – ne perdons pas notre salive – l’un des films les plus ridicules qu’il m’ait été donnés de voir, au moins récemment. Mal écrit, mal joué, Phénomènes est un incroyable gâchis.
Car le sujet, lui, est bon : dans New York qui s’éveille au petit matin, des habitants se suicident de manière inexpliquée. Attentat terroriste ? Accident nucléaire ? Virus ? Shyamalan va répondre à cette question, de la manière la plus ridicule qui soit.
Dès le début, ça cloche. Mark Wahlberg joue mal. Oui, vous avez bien lu, l’acteur époustouflant chez Scorcese, P.T. Anderson, et James Gray, joue mal. Il a l’air absent, comme le reste du cast, comme à l’évidence le scénariste-producteur-réalisateur M. Night Shyamalan.
Les scènes les plus improbables s’enchaînent (celle ou Wahlberg communique avec une plante en plastique restera dans les annales), scènes volontairement comiques puis scènes involontairement comiques.
Petit à petit, la salle se lâche, et éclate en fous-rires nerveux, tandis qu’a l’écran, on se pend, on se jette dans le vide, ou on passe sous le motoculteur.
M. Night Shyamalan avait une belle fable écologique à se mettre sous la dent, et il bousille la tarte aux fraises alors qu’il a acheté la meilleure farine, les meilleurs fruits, et que sa grand-mère lui a préparé sa fameuse crème au beurre.
Dans vingt ou trente ans, les historiens du cinéma nous expliqueront les raisons de la mauvaise passe du wonderboy Shyamalan : dépit amoureux ? Attaque cérébrale indétectable ? Producteurs coincés dans un embouteillage ? Jusque là, le mystère restera entier…
Un seul indice, peut-être : Shyamalan se réserve dans chacun de ses films un petit cameo, une apparition à la Hitchcock. Ici, il s’est écrit un rôle invisible : celui de l’amant de la femme de Mark Wahlberg, éconduit par celle-ci dès les premières minutes du film. Tout un symbole ?