Les grands films ne meurent jamais. Blade Runner fait partie de ceux-la. On a beau avoir le DVD, le Blu-Ray, quand ça passe a la télé, on regarde. Même si c’est en VF, format charcuté, et non sous-titrée.
Hier c’était donc Blade Runner sur France2, pour la énième fois, et on se laissait doucement bercer : « Tous ces moments, perdus dans l’oubli, comme des larmes dans la pluie… Il est temps de mourir. »
C’est la plus belle scène du film (la mort de Rutger Hauer). C’est aussi le pire plan du cinéma scottien : la colombe libérée par le réplicant s’élance dans un ciel bleu improbable, le long d’une cheminée en plastoque (filmée dans l’arrière cour de la Fox ?)
Un ciel bleu ? Dans unLos Angeles glauque, où il pleut depuis deux heures ? Ce plan a fait causer dans les chaumières des Bladerunnerophiles maniaques dont je fais évidemment partie.
Et là, surprise, le plan a disparu, remplacé par une colombe plus raccord sur fond avec de ville noirâtre. Et en plus, ils ont encore changé la fin : plus de travelling aérien sur fond de musique de Vangelis, non, un cut au noir pour passer direct au générique…
Et là, polémique : le film, il va le retravailler combien de fois, le père Ridley ? Car résumons-nous : après la version originale (avec voix off), le Director’s Cut (sans voix off, mais avec le plan de la licorne qui change tout le sens du film (théorie développée tout à la fin de cette chronique), puis le Director’s Cut définitif (l’année dernière), jusqu’où ira-t-on dans le révisionnisme cinématographique ?
Un film, c’est un film, c’est une époque, et les défauts qui vont avec. Mais le numérique (et la perspective de gros sous) a affolé Hollywood, qui n’a pas fait dans le détail : les clopes et les armes de poing supprimés dans E.T., les effets spéciaux refaits de Star Wars, et comble de l’abomination, Apocalypse Now Redux !
Refusons de jouer le jeu ! Boycottons ces rééditions !… enfin… essayons !