J’ai un problème : je vais toujours voir les expos à la dernière minute ; il y a donc peu de chances que vous ayez le temps d’aller voir Annie Leibovitz, A photographer’s Life 1990-2005, à la Maison Européenne de la photo.
Ce n’est pas grave, car les photos de Leibovitz sont partout (Vogue, Rolling Stone, Vanity Fair) ou dans un très beau (et très coûteux) catalogue de l’expo.
En quoi cela intéresse le CineFaster de base ? Eh bien Annie Leibovitz, c’est un peu la portraitiste de ces quarante dernières années, la Gainsborough, la Poussin, ou la David, de la noblesse d’aujourd’hui : plus de Madame de Maintenon, plus de Général Murat, mais plutôt les petits marquis d’hollywood, la noblesse rock, et les vaniteux people. Aussi peint-elle un Daniel Day-Lewis sur son trône hamletien, la détermination mafieuse de l’équipe Bush (qui fait un écho troublant à un autre cliché : la série publicitaire pour Les Sopranos), la folie foutraque de Nicholson, le charme Vegas de Scarlet Johansson…
Annie Leibovitz n’est pas la plus grande, ses photos sont classiques et elle n’est pas un tournant de la photographie ; mais ses photos sont l’époque.
Le film était drôle et profond, la série est hilarante, et la saison 2 commence très fort. Même si tout n’est pas parfait, c’est une Vraie Série : on part d’un postulat de départ, et on n’en change pas. On crée une galerie de personnages loufoques très typés, et on fixe un arc à la saison. Cette année, le couple destroy jean-marc et Claire a gagné au Loto, et invite tout ce petit monde à la noce, en Martinique. Catastrophe(s) annoncée(s) !
Les raisons du succès ? Même sur des situations archi-convenues, Nos Enfants Chéris a un vrai ton, loin des habituels consensus de la TV française. Les personnages sont intelligents et méchants, un peu comme dans Seinfeld.
Deux bémols cependant : le recollage saison 1/saison 2 n’est pas parfait, loin s’en faut. Le fameux gain au loto n’est pas annoncé (il a été signalé lors de la campagne promo, mais est absent de la série elle-même), et crime de lèse-majesté, le fabuleux, l’énorme, le grandiose Mathias Mlekuz est remplacé au pied levé par Lionel Abalanski. Je n’ai rien contre cet excellent acteur, mais a) il ne lui ressemble pas du tout ! et b) ça ne se fait plus depuis Ma Sorcière Bien Aimée ! Il aurait mieux valu trouver une astuce scénaristique, même tirée par les cheveux, plutôt que nous imposer cette substitution honteuse.
Bon, mais il sera beaucoup pardonné à nos bien nommés Enfants Chéris, qui nous font rire chaque seconde.
[Edit] Après vétrification, il apparait que le gain apparait dans le dernier épisode de la Saison 1. Mea Maxima Culpa.