Difficile de dire pourquoi certaines séries vous plaisent, et Mad Men fait partie de celles-là.
Pas vraiment d’intrigue transcendante (les aventures d’une bande de pubard des fifties), pas de cliffhanger de la mort, un arc quasi invisible (Pete peut-il prendre la place de Don ?), non, Mad Men ne s’appuie pas sur les recettes à succès. Au contraire, c’est plutôt une petite musique insidieuse, avec cette reconstitution aux petits oignons, à la fois décorative (les cocktails multicolores, les 33 tours) et psychologique (comment pense un homme, une femme, un patron, une secrétaire, un héritier, une prolo) dans cet étrange après-guerre.
Une partie de cette fascination vient de là, évidemment, puisque Mad Men ne décrit rien de moins que la jeunesse de nos parents. Quelle époque mystérieuse, donc !
On voit bien aussi qu’il est là LE projet de Mad Men, dans cette reconstitution. A voir si ce seul projet peut tenir le spectateur en haleine toute une saison. Pour le moment, on achète.
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On a déjà dit, dans ces colonnes, tout le bien qu’on pense de la série feelgood sur les arcanes de la Maison Blanche. Humour, pédagogie, mélo, tout y est, avec en plus des acteurs formidables (Martin Sheen, Rob Lowe, entre autres). Et rappelons-le, un coffret de la saison 5 de A la Maison Blanche ne vaut pas plus cher que Loulou la Brocante ou Mafiosa, la nouvelle série mal jouée que nous inflige Canal+.
Le seul reproche qu’on peut faire à The West Wing, c’est qu’ils sont trop gentils. Même les méchants républicains ne veulent, finalement, que le bien de l’Amérique (et donc du monde, évidemment !)
La saison 5 corrige ce défaut en amenant un peu plus d’intensité. On avait cru, un moment, que la saison 4 pouvait être les prémices d’un déclin annoncé, mais il n’en est rien.
Cette nouvelle saison démarre sur les chapeaux de roues, mais surtout, elle invite un poison inconnu dans l’Aile Ouest : les conflits de personnes.
C.J., la fidèle porte-parole, a désormais du mal à suivre le propos présidentiel, Josh fait une grosse bourde et est puni, et la nouvelle recrue (Will Bailey) va vendre son CV ailleurs, etc.
Données classique de la série feuilletonnante, mais inédites dans l’univers ouaté de The West Wing. Faut-il mettre ce changement de pied au crédit de John Wells et Kristin Harms, les producteur s remplaçants ? Rappelons en effet que The West Wing a dû se séparer (ou du moins éloigner) son créateur Aaron Sorkin, pour cause de dépression et surmenage. Le pauvre démiurge – fait unique dans l’usine hollywoodienne – prétendait tout faire lui-même : écrire tout seul, produire tout seul. C’est pas à JJ « je délègue » Abrams que ça arriverait !
Bref, ce changement de direction ne fait pas de mal, puisque l’inspiration est toujours là.
A la Maison Blanche passe aussi anarchiquement sur France 2 et Série Club, donc faites-moi plaisir, jetez-y un coup d’oeil.
* Aaron Sorkin est d’abord un grand scénariste : Des Hommes d’Honneur (pièce puis film), Le Président et Miss Wade, et deux autres séries : Sportsnight, et Studio 60.