L’opus final de la trilogie Jason Bourne est excellent, mais il faiblit sur la fin, ne fournissant qu’une conclusion rapide et baclée sur les motifs et modi operandi de l’organisation Treadstone.
Mais surtout, c’est un saut qualitatif que fait effectuer Paul Greengrass à la franchise et à tout le cinéma d’action en général. Après avoir vu La Vengeance dans la Peau, difficile de voir les autres films d’actions du même œil.
Greengrass, connu pour ses excellents films à la limite du documentaire (Bloody Sunday, United 93) apporte ce regard « réaliste » à un scénario qui, dans le fond, l’est très peu. Greengrass n’est pas le premier à se la jouer « camera portée », mais dans La Vengeance dans la Peau, il porte cet effet de style à son paroxysme. On est juste derrière Jason Bourne, on est Jason Bourne à Madrid, à Paris, à Tanger. Tout le dispositif est cohérent : tourné en décors naturels, cascades réalistes, le film d’action est passé dans une nouvelle ère.
A voir, rien que pour ça.
Décidément, le petit Richet me laisse dubitatif. On peut ne pas être passionné par les deux Mesrine, et en même temps, impossible de rester indifférent. Indubitablement, J-F. Richet est doué. C’est un bon metteur en scène, et même un bon directeur d’acteur. Bon dans Mesrine 1, Cassel est excellent dans Mesrine 2. Il joue le gros con, l’anar’ de droite beaufisant et macho, avec beaucoup d’application. Lanvin est moins convaincant, mais bon.
Le problème avec les Mesrine, c’est plutôt le fond : il n’y en a pas ! On ne saura rien, après quatre heures, du mystère Mesrine.
En 1979, à l’époque de la mort de Mesrine, j’étais au collège à Saint-Arnoult-en-Yvelines, un collège minable, en préfabriqué. Pendant six ans, on nous a promis un beau collège en dur. Finalement construit quelques années plus tard (j’étais parti), on consulta les élèves pour lui trouver un nom. Quelques petits malins suggérèrent « Collège Jacques Mesrine ». Scandale national ! Pour la première (et dernière fois), Saint-Arnoult-en-Yvelines eut les honneurs des medias.
A l’époque, je ne comprennais pas cet engouement naïf pour Mesrine, ni la stupide chanson de Trust, ni les dédicaces à deux balles des chansons de Renaud. Peut-être était-ce une façon de se révolter dans la France de Giscard ?
En tous cas, Richet non plus ne succombe pas au charme de Mesrine ; au contraire il charge la barque dans l’opus 2, montrant le Jââcques imbu de lui-même, donnant des interviews à Paris-Match, tabassant le type de Minute qui écrit un article déplaisant, etc. A aucun moment, il ne nous dépeint un Mesrine attachant, ou avec au moins des excuses. On survole l’épisode QHS, qui pourrait être le titre de gloire.
En face, c’est pareil : Broussard débarque d’on ne sait où, et on n’en saura pas plus sur « l’éxécution » de Mesrine Porte de Clignancourt. On esquisse un Broussard couillu, utilisant lui aussi les médias : là aussi, il y avait quelque chose à dire, mais ce n’est qu’esquissé.
Ce problème n’est pas unique, tous les films en ce moment semblent vouloir rester à la surface des choses, que ce soit pour L’Echange de Eastwood ou La Bande à Baader.
En tout cas, je retournerai voir Richet dans un « vrai » film, (peut être Assaut sur Central 13 ?) en tout cas, un film où il aura une vraie possibilité de s’exprimer.