Qu’est-ce qui fait courir David, c’est la question que l’on peut légitimement se poser, tant le cas Fincher résiste à l’étude filmique… Ses films sont clairement grand public, mais on voit bien qu’ils ont quelque chose en plus, avec le sentiment d’y trouver plusieurs niveaux de lecture cachés… Ils sont très esthétiques, parfois presque trop léchés et pourtant, ils ont toujours la profondeur qui manque toujours aux œuvres des autres clipeurs et pubeux (Scott, Jeunet, etc.) Il y a des thématiques typiquement Fincheriennes (rédemption, pardon, père absent, dimension christique), et pourtant, aucun scénario n’est signé de lui ! Comment fait-il pour imposer sa patte, alors qu’il n’a aucun contrôle sur l’écriture, le scénario, la production ? Fincher est devenu immédiatement un cinéaste culte, alors qu’il refuse le people : on ne sait rien de lui, de son épouse, de ses enfants, etc. Ses films ne marchent pas trop aux Etats-Unis, mais il a conservé la confiance des studios… on pourrait multiplier ainsi les questionnements, mais rien n’en sort ! Fincher est-il un Kubrick qui ne serait pas maudit, ou un Spielberg sombre, qui ne serait pas méprisé ?
Ici, on est en territoire fincherien inconnu : le mélo. L’histoire à rebours de Benjamin Button, orphelin né vieux, doit-il mourir jeune ? Pour le coup, ce Fincher est sûrement le plus classique, le plus posé de la filmographie du cinéaste chrétien, selon la formule du FrameKeeper (monographie en cours).
Ce n’est pas mon Fincher préféré, pour tout dire. On cherche en vain un sens à tout cela, mais y’en a-t-il un ? Car Benjamin Button est un film sur le sens de la vie. Tout ça et rien que ça.
La vie vaut le coup d’être vécue, que l’on soit un bébé monstrueux, un vieillard aux portes de la mort, un noir pauvre, un blanc riche, un père indigne, un marin alcoolique, ou une danseuse boiteuse.
Une fois passé l’ouragan de la vie, il ne reste qu’un lever de soleil, sur le lac Pontchartrain.
Un peu court ? Pas mal quand même, non ? Et se priver d’un film comme L’Etrange Histoire de Benjamin Button, c’est comme refuser une cuillère de Nutella.
C’est mal.