vendredi 15 mai 2009
L’Eternel Retour de l’Etrange Créature Marketing d’Hollywood
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Pour en finir avec ... ]
Depuis toujours, l’Usine à Rêves cherche la technologie magique qui lui assurerait une emprise durable sur nos esprits. Comme si ce n’était déjà fait !
Après avoir inventé le parlant (1926), le Technicolor (1935), le Cinémascope (1953), on nous bassine aujourd’hui avec la 3D. Rappelons tout de même que la technique existe depuis 1954, avec un film mauvais – mais culte -, L’Etrange Créature du Lac Noir, et que trente ans plus tard, le génial Monsieur Eddy (à quand le retour de la Dernière Séance ?) obligeait toute la France à s’équiper de lunettes 3D.
Hollywood nous refait le coup ces temps-ci, avec le baratin habituel (« technologie révolutionnaire », « nouvelle façon de vivre les films » et l’éternel « demain, il n’y aura plus que des films en 3D* ») On a donc eu droit à L’Etrange Noël de Mr Jack, refait pour la 3D, quelques dessins animés (Monstres contre Aliens, et bientôt Là-Haut), et aussi Meurtres à la Saint Valentin, ou, pour la modique somme de 2€ supplémentaires, j’ai chaussé les lunettes magiques.
Que dire, si ce n’est que cela n’apporte rien ? Bien sûr, on frissonne aux moindres lancers de pioche (c’est l’intrigue principale du film), mais c’est plus une gêne qu’autre chose. Les lunettes sont lourdes, et même bien nettoyées, toujours un peu floues sur les bords, et on perd en plus la vision périphérique qui fait tout l’avantage d’un écran de cinéma.
La 3D nous éloigne en fait de ce rapport magique, sans capote, entre la rétine et l’écran. Bref, ce qui nous fait aller dans une salle de cinéma.
Patience. Encore un an, et on n’en parle plus.
*Jeffrey Katzenberg, tout de même.
vendredi 15 mai 2009
Mutants/Meurtres à la Saint Valentin
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
L’actualité cinéphilique fait cohabiter à l’affiche deux films proches*, mais situés à l’extrême de la production. A ma droite Mutants, premier film français à budget riquiqui, à ma gauche, le blockbuster 3D Meurtres à la Saint Valentin. En apparence seulement. Car Meurtres à la Saint Valentin est un petit film (15M$), remake d’un film culte encore plus petit : My Bloody Valentine** (1981).
Mutants, lui, est plutôt une relecture du film de zombies. Un virus a ravagé la France, et quelques humains, non contaminés cherchent à rejoindre une base militaire Noé, qui accueille les survivants face aux dents pointues qui ravagent la région. On est en terrain connu (virus + morsure + hélicoptère + base militaire). David Morlet prétend offrir une relecture plus originale, ajoutant une histoire d’amour impossible entre « la belle et la bête ».
Impossible, car bientôt, le héros est contaminé lui aussi. Malheureusement, ce n’est pas très crédible, car le metteur en scène se préoccupe peu des scènes « à texte » et fignole par contre les bastons et les effets gore : bave nutella, sang guacamole, et pisse rosée.
C’est souvent le problème du gore : les réalisateurs sont avant tout des accessoiristes frustrés qui s’extasient devant le maquillage, les effets spéciaux, et les jolis impacts de balle sur des corps en décomposition avancée. Ce n’est pas très mature, mais ce n’est pas non plus ce qu’on leur demande. Ce qui gêne dans Mutants, ce n’est pas la prééminence de la thématique zombies, c’est la prétention du propos.
la prétention, un risque que ne court JAMAIS Meurtres à la Saint Valentin, qui est tout, absolument tout, sauf un film prétentieux. Un film qui respecte son genre (le slasher movie) jusqu’à la bêtise, et en devient donc particulièrement réjouissant, le genre de film dont on sort le sourire aux lèvres en en réclamant encore.
Meurtres à la Saint Valentin rame lui aussi sur une trame classique, mais il assume : rescapé d’un coup de grisou, un mineur devenu fou sort du coma la nuit de la Saint Valentin et massacre le personnel de l’hôpital à coups de pioche (normal, c’est un mineur). Traqué par la police, il s’enfuit dans la mine pour ne plus jamais en ressortir.
Mais dix ans plus tard, de nouveaux meurtres atroces sont perpétrés. Harry Warden, l’Homme à la Pioche, serait-il de retour ?
Contrairement au petit Morle(y)t, Patrick Lussier, le réal’, ne cherche pas à finasser: pas de montage clippé, pas de belles images grisées à la palette graphique, tout est simple dans Meurtres à la Saint Valentin. Seule l’intrigue va révéler des petites subtilités, le passé qui remonte à la surface, une ambiance Twin Peaks (toutes proportions gardées). Sans avoir l’air d’y toucher, Lussier ajoute au suspense une petite intrigue thriller du meilleur effet.
Donc on s’extasie devant les coups de pioche (comment va y passer le shérif, la nounou, le trucker, le collégien, la concierge naine, etc.), et en plus, une petite couche de suspense façon Souviens Toi l’Eté Dernier…
Autres innovations : du sexe politiquement incorrect. Pour moi c’est une première ! Ami Cinefaster, n’hésite pas à me contredire, mais c’est la première fois que je vois une foufoune dans un film américain grand public. Je passerai rapidement sur la 3D, inutile, un point de vue que je détaille ici.
Bref, si vous avez 20€, allez voir les deux, pour pouvoir, dans vingt ans, dire « Mutants, j’y étais ! », car si son film est pas terrible, le Morlet est prometteur ; si vous n’avez que 10€, n’allez voir que Meurtres à la Saint Valentin (en 2D), vous passerez un excellent moment.
*Les puristes rétorqueront qu’un film de zombies n’a rien à voir avec un slasher, mais bon.
** Film dont le titre inspira le groupe shoegazer éponyme. Bravo, vous marquez 10 points
vendredi 15 mai 2009
Mords-les !
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens ]
Difficile de trouver plus CineFaster comme sujet, pourtant anecdotique : amusez vous à chercher sur le web le nom du cinéaste survitaminé qui a réalisé Mutants.
Sur Allociné, site français, le jeune homme se fait appeler David Morley. Mais si vous allez sur la Bible, c’est-à-dire l’Internet Movie Data base, l’impétrant est orthographié David Morlet.
Etonnant non ?
dimanche 10 mai 2009
The Patriot
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Avec The Patriot, de Roland Emmerich, c’est parti pour 2h40 de brit bashing, un art ricain par excellence, où Hollywood, malgré Yorktown, continue de régler ses petites affaires avec les angliches.
D’ailleurs ici, c’est justement une histoire de vengeance : ILS ONT TUE MON FILS, JE VAIS ME VENGER !!! Ce parfum de vendetta permanente irrigue le film, enchaînant vengeance sur vengeance (ils ont tué mon fils, ma femme, mon chien, je vais me venger !!!), tout en rappelant (hypocrite) que la vengeance, c’est mal : « Le temps de la vengeance n’est pas venu », dixit Mel Gibson.
Ah bon ? Mais alors, c’est quand ?
Autre mocheté du film, son étalage de clichés, un vrai catalogue. Quand le méchant brule les pauvres paysans américains, il dodeline de la tête, petite moue meprisante, petit air tarlouze pour marmonner « Brûlez-les tous ! »* Vous vous rappelez sûrement, vous faisiez le même pour punir votre copain de vous avoir obligé de faire le méchant ; lui faisait toujours Zorro.
Donc, on résume les anglais très bêtes, très méchants et massacrent les honnêtes planteurs de tabac dans leur village, et c’est bizarrement filmé comme des Einsatzgruppen en pleine action au fin fond de l’Ukraine. On n’aime pas les anglais, mais c’est peut-être pousser le bouchon un peu loin.
Et, cherry on the cheesecake, le film est austro-allemand (vérifiez vous-même sur IMDb), et fait tellement l’éloge de l’Amérique, des américains, qu’à la fin on a juste envie de vomir. On comprend que le petit Emmerich veuille absolument sa green card, mais le fayotage, ça va bien : Independance Day, The Patriot… Ca commence à se voir.
Moralité : le film a été un échec aux Etats-Unis (110 M$ de budget, 113M$ de recettes). Pas si cons que ça, les ricains.
Depuis, Emmerich se venge : dans Le Jour d’Après, il invite les yankees à émigrer au Mexique pour cause de refroidissement climatique ! Et avec 2012, il leur promet l’apocalypse. T’énerves pas, Roland !
*C’est bizarre que ça passe aussi bien dans Die Hard, et aussi mal dans The Patriot. Problème de genre ?
lundi 4 mai 2009
Romaine par moins 30
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Les films ]
Je suis fan de Sandrine Kiberlain.
Voilà une actrice – c’est exceptionnel – qui sait exactement ce qu’elle vaut. Moralité : pas un film regrettable dans sa carrière. Elle connaît ses limites – elle n’est pas Meryl Streep -, donc elle se contente d’interpréter film après film le même personnage, une fille dégingandée : elle-même. Du drame (En Avoir (ou pas)) à la comédie, Sandrine est à l’aise partout.
Ici particulièrement, dans Romaine par moins 30, une comédie légère, qui aurait pu aller plus loin. Le pitch : le compagnon de Romaine lui fait – encore !- une surprise. Un voyage impromptu au Québec, avec, peut-être, l’idée de s’y installer. Craignant subitement que l’avion ne s’écrase, elle lui avoue la vérité, toute la vérité ! Non seulement elle n’a pas très envie d’aller au Québec, sans parler de s’y installer, mais surtout, il ne l’a jamais fait jouir !
Malheureusement, l’avion ne s’écrase pas, et Romaine se retrouve abandonnée dans la Belle Province, sans argent, sans papier, sans téléphone. De cette situation difficile naîtront moult situations comiques, et, finalement, une révélation.
Le film est plaisant, bien joué, bourré de situations incongrues (on pense parfois à Hal Hartley), et on se met à regretter qu’Anne Obadia ne soit pas allée plus loin. On sent la retenue derrière chaque gag, et la volonté de ne pas s’appesantir sur telle ou telle chute. C’est dommage, mais si ça rend le film moins drôle, ça le rend également plus profond : en quoi sommes nous responsables de nos propres malheurs ?
Un film drôle qui fait un peu réfléchir, ça ne se rate pas.
PS : Et en plus une très belle BO, avec Johnny Cash et Moriarty…
lundi 4 mai 2009
Monstres contre Aliens
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Les films ]
Même si, pour de basses raisons familiales, j’étais obligé d’y aller, force est de reconnaître que ça commence bien, Monstres contre Aliens. Par un plaidoyer féministe, plus exactement : Susan, l’héroïne, doit-elle vraiment épouser cet abruti, même s’il perce à la télé ? Mettant la main à la pâte, le film concrétise l’option à sa manière : maintenant qu’elle fait 15 m de haut, Susan peut réfléchir à la question.
Mais très rapidement, le film retombe dans les errements Pixar-Dreamworks (intrigue cousue de fil blanc, Président stupide, et Méchant copié-collé de Mars Attack*)
Seule la morale finale – féministe, encore – rattrape un peu le film. Heureusement, mon fils a adoré : « c’est drôlement bien dessiné »
*comme quoi la leçon du film de Tim Burton, sur les insupportables clichés du film catastrophe, n’a pas porté…
lundi 4 mai 2009
David Lachapelle
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens ]
S’il est un photographe hollywoodien, David Lachapelle est de ceux-là : stars (Di Caprio, Angelina Jolie, Eminem) et starlettes (Anna Nicole Smith, Pamela Anderson) ont leur place derière l’objectif.
Mais le génie de David Lachapelle, ce n’est pas la perfection nacrée des couleurs, la provoc’ comme fond de commerce, non, c’est l’adéquation du médium au message. Représenter Courtney Love en Pieta de Kurt Cobain, Bowie en masque de papier, la guerre comme saint « holy » et le saint comme guerre « war », tout est finalement subtil chez lui.
Et il a formidablement saisi l’époque : le porno, la chirurgie esthétique, le racisme, le fétichisme des marques, la société de consommation…
Et pour une fois, je ne m’y prends pas trop tard, donc vous n’avez aucune excuse pour ne pas y aller….
David Lachapelle
MONNAIE DE PARIS
11, quai de Conti – 75006 Paris