Il y a deux façons d’envisager ce film ; soit du point de vue du trekkie pur, soit de celui du cinéphage-trekkie (si vous n’êtes pas trekkie, passez votre chemin).
Dans le premier cas, Star Trek – version Abrams est un régal, un des meilleurs opus de la série, du niveau par exemple de Star Trek: First Contact. Action, paradoxe temporel, voyage spatiaux, tout y est. Et en plus, un renouvellement – nécessaire et attendu – de la franchise : d’où viennent ces personnages ? Comment sont ils devenus amis ? On se régale.
Mais si on ajoute l’option cinéphile, Star Trek est juste un film moyen, et surtout, déceptif. La bande-annonce, survendeuse, faisait rêver : on allait voir ce qu’on allait voir : Monsieur Abrams lui-même, non-pratiquant, allait renouveler la cathédrale Star Trek. On allait découvrir l’avant, la création de l’Enterprise, la jeunesse des personnages, bref, sortir des archetypes BD, et donner une vision sérieuse. Belle entreprise que de vouloir, enfin, donner ses lettres de noblesse à la SF : 30 ans qu’on attend ça, de la SF sérieuse. A part Outland, Alien et Blade Runner, que des conneries à la Star Wars/Cosmos 1999, des types en pyjama tout pareil, et des propulseurs photoniques et des vaisseaux à réacteurs atomiques.
Le début nous laisse croire ça, avec ses décors fabuleux, l’Iowa et ses monades urbaines (les lecteurs de Christopher Priest, et les amateurs de Chris Foss me comprendront). Mais très vite, ça redevient le Star Trek habituel : décors cheap (palme spéciale à l’intérieur du vaisseau romulien), dialogues incompréhensible, et baston finale, à coups de poing, bien sûr.
Mais la plus grosse déception, c’est J-J. Abrams lui-même, qui confirme être un metteur en scène très moyen (après Mission Impossible III). Grand scénariste (Armageddon), grand script doctor (Lost), grand producteur (Alias), mais qui ne sait pas tourner un film. Caméra branchée sur un vibromasseur, coups de laser dans tous les coins, on ne voit rien. A tel point que le premier plan séquence sur la démission de Spock (dix secondes) passe pour un chef d’œuvre. (Il faut l’avouer, les comédiens sont excellents)
Donc pour résumer, si vous êtes trekkie comme le Professore, vous passerez un excellent moment avec des amis de longue date. Sinon, passez votre chemin.