Dans le métro, l’œil du CineFaster est soudain attiré par l’affiche de Terminator 4: Renaissance. Erreur, ce n’est pas du film dont il s’agit, ou plus exactement, le film n’est qu’un des sujets de l’affiche. Si la date de sortie est bien indiquée (3 juin 2009), il s’agit plutôt du jeu Terminator: Renaissance Le Jeu Mobile, assorti d’un concours pour gagner une Jeep Wrangler (mon pauvre Schwarzy, où est passé ton Hummer ?). Ou encore, des jeux vidéos, qui sortent eux sur Xbox, PS3, PC, le 28 mai, c’est à dire avant le film.
Même si, avec un peu de sagesse, on peut regarder cela avec un certain détachement, il y a quelque chose de troublant là-dedans. Accepter que les jeux vidéo aient dépassé le cinéma ? On le savait depuis longtemps (en 2001, leur chiffre d’affaires représentait déjà 21 milliards de dollars, contre 15 seulement pour le cinéma).
Mais finalement, que le film ne soit qu’un morceau du mix produit, c’est ça qui est triste. Qu’Hollywood sorte le jeu avant est aussi un signe ; un manque de confiance autant dans le film que dans le jeu. Si jamais le buzz était mauvais à la sortie de salle, cela affecterait les ventes dudit jeu.
Le film, là-dedans, n’est plus qu’un titre, un setting, un décor de quelque chose de plus vaste qui n’a pas encore de nom.
Un film, ça tient à pas grand’ chose, c’est comme une recette de cuisine ; le préalable, c’est bien sûr d’acheter des bons produits, pas forcément très chers d’ailleurs (Tommy Lee Jones, Tavernier, la musique cajun, le Sud profond)
Après, c’est des choses toutes bêtes, comme le sel et le poivre, le tabasco, et le temps de cuisson. Mais là, la jambalaya, elle est trop cuite.
Y’a tout ce qui faut, c’est pas la question. Casting « local qui tue » : Tommy Lee Jones, John Goodman, Buddy Guy, Levon Helms (de The Band), John Sayles en réalisateur, et l’excellent Peter Sarsgaard, déjà vu dans Flightplan. Musique ad hoc, pas du blues traditionnel, mais quelque chose d’encore plus spécifique, que seuls ceux qui sont allés là-bas, comme Tavernier et son très beau documentaire Mississipi Blues, peuvent comprendre : le zydeco.
Mais voilà, Dans la Brume Electrique est comme Gran Torino, un film de vieux, à opposer à un film à l’ancienne, ce qui serait plutôt un compliment.
Un film à l’ancienne, c’est un film qui ne se croit pas obligé de couper au bout de deux secondes, de faire gigoter la caméra quand il y a de l’action, ou d’avoir un scénar « destructuré » pour faire moderne. Un film de vieux, c’est un film rebouilli, sans trop d’explications, pensant que le spectateur se fiche du réalisme, et que seuls compte les beaux sentiments qu’on met à l’écran. Mais le spectateur, il a évolué, mon petit Bertrand, et grâce à toi justement ! Il a vu les Hitchcock, les Borzage, les Capra. Et la génération Nouvel Hollywood a intégré tout le discours cinéphilique, l’a remâché, digéré, intégré. Et les Tarantino d’aujourd’hui ont redigéré aussi tout ça.
On ne peut plus faire ces films unidimensionnels aujourd’hui. C’est triste, mais c’est comme ça.
Alors quand Tommy Lee Jones est accusé de meurtre, on ne comprend pas pourquoi il reste flic. Quand il se fait tirer dessus, on ne comprend pas pourquoi il ne protége pas sa famille. Quand il va chercher le coupable présumé, on ne comprend pas qu’ils n’y aillent qu’à deux, comme dans Starsky et Hutch. Ca pouvait marcher dans La Soif du Mal, mais ce ne marche plus aujourd’hui.
Au final, malgré une belle ambiance poisseuse-qu’on-dirait-le-sud (comprendre sexe, racisme, vengeance, zydeco et fantômes), on s’ennuie paisiblement devant la Brume Electrique.
Alors que la version Abrams cartonne aux USA et dans le monde, patatras ! L’Enterprise se plante en France, pourtant pays de la Science-Fiction depuis La Soupe aux Choux ! 600 000 entrées France, c’est pas mal, mais en fait, c’est très peu… vu les 480 salles mises à disposition de l’engin. Pendant ce temps, Dan Brown complote en tête (800000 pour Anges et Démons), et Millenium complote derrière (440 000 entrées).
Mais bon, il faut s’y faire, Star Trek n’a jamais marché en France. Péché originel, les Bogdanov, dans leur émission culte Temps X, nous avaient annoncé en 1978 l’arrivée tant attendue de la série. Ce fut Battlestar Galactica (la naze, pas celle d’aujourd’hui).
Et pour l’anecdote, de mémoire de professore, c’est le seul film retiré avant la fin de la première semaine d’exploitation. Voulant voir l’opus IV ou V (ma mémoire me joue des tours) dans un cinéma des grands boulevards, et malgré les indications toujours précises de L’Officiel des Spectacles, je fis chou blanc. Le film, ayant réalisé moins de 10 entrées en 3 jours, avait été retiré !