La photocopieuse à scénario a encore frappé ! Working Title, qui mérite de plus en plus son nom, récidive dans la feelgood comedy la plus crasse qui soit. Retour sur une escroquerie.
Au départ, il y a l’excellent 4 Mariages et un Enterrement : comédie fine, gags drôles, fin feelgood mais pas trop, parce que la vie, c’est plus compliqué que ca…
Surfant sur le carton, les angliches remettent le couvert, et là ça dégénère, enchaînant le pire au pire : Coup de Foudre à Notting Hill, Love Actually, Bridget Jones, comédies de plus en plus sucrées, de moins en moins acérées. Et voilà aujourd’hui, Good Morning England.
Sur la base de l’histoire vraie de Radio Caroline, une radio pirate qui forma les goûts rock de millions d’anglais, Français, Belges, Allemands, Good Morning England brode une histoire qui ne tient pas debout : le « héros », jeune adulte, est envoyé sur le bateau pour faire son éducation. Il y rencontre une galerie de disc-jockeys improbables : pourquoi pas. Il y apprend un Terrible Secret Familial qu’il n’est pas difficile de deviner, il y perd un élément très important de l’adolescence (je vous laisse imaginer). Ensemble ils affrontent d’horribles censeurs britanniques (bêtes, laids, méchants, coincés)… Seul justement Kenneth Branagh, dans une performance hallucinante de ministre fasciste, arrive à nous sortir d’un irrémédiable ennui…
Bon, c’est caricatural, ce qui, vous me direz, est logique dans comédie. Mais le pire n’est pas là. Ce qui manque à Good Morning England, c’est une (ne serait-ce qu’une seule !) once d’originalité. A chaque scène, vous devinez la fin. A chaque tirade d’un personnage, vous devinerez la réplique.
Quand le héros sort de la chambre où il vient de perdre son pucelage (ah zut je l’ai dit !), et ferme doucement la porte : surprise ! Tout le monde est là ! Etonnant, non ? Quand les deux DJs ennemis se lancent un défi : oh, ils montent au mât du bateau ! Toujours plus fort, le premier se jette à l’eau, eh bien, l’autre, il fait pareil ! A aucun moment, la moindre surprise ne vient rompre le monotone tic-tac du scénario, d’autant plus pénible qu’il est englué dans les bons sentiments, la gentillesse dégoulinante, les réparties toujours aussi brillantes, glacées, et sophistiquées de la fameuse « comédie britannique » dont on nous rebat les oreilles…
Ce n’était pourtant pas le cas de 4 Mariages, où le mauvais esprit venait en permanence titiller cette belle mécanique.
Mais dans la salle, tout le monde riait : quel affreux sentiment, d’être le vilain petit canard, de ne pouvoir participer à cette messe chronométrée…