dimanche 26 juillet 2009


Silver City
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

« Don’t be subtle ! » dit Richard Dreyfus au bout de 5 mn. On avait déjà compris, Mr Sayles, que Silver City, comme vos derniers opus, ne faisait pas dans la dentelle. Qu’on était loin de vos chefs d’œuvres, Passion Fish, City of Hope et le lumineux Lone Star.

Les ingrédients ont beau être les mêmes : sujets politiques, casting irréprochable, Mr Screenplay aux commandes (John Sayles lui-même), le cœur n’y est plus.

Rappelons pour l’anecdote que John Sayles illustrait à la perfection l’aphorisme Hollywoodien « One for them, one for us ». Script doctor de luxe, payé à prix d’or pour réparer les grosses machines (Piranhas, Hurlements, Apollo 13, Le Fugitif) avant le décollage, John Sayles réalisait entre les deux des films très forts, très personnels, et très à gauche (selon les critères US). Ainsi Matewan traitait de la répression des mouvements miniers par l’Agence Pinkerton, Eight Men Out de la corruption dans le baseball dans les années 10, City of Hope – avec 20 ans d’avance sur The Wire – de la corruption immobilière aujourd’hui. Avec toujours de beaux personnages, subtils, et multifacettes.

Dans Silver City, tout est là, sauf la subtilité. L’intrigue ne tient pas debout, et dès le début : en tournant un spot publicitaire pour sa campagne électorale, un sénateur attrape avec sa canne à pêche (sic) un cadavre de sans-papier ! Son conseiller en com’ est évidemment convaincu d’un complot (re sic !) Dès lors, le spectateur hésite : film politique ? Comédie ? On ne rit pas, et on n’est pas scandalisé non plus. Le film va enfiler ainsi les invraisemblances comme un collier de perles : scénario ultrapredictif, méchants vraiment méchants et exploiteurs de droite, et gentils très gentils, journalistes courageux, et de gauche, évidemment.

Ca sent le film de vieux con irascible, et ça l’est ! Seuls quelques performances exceptionnelles font passer le temps : Billy Zane (Titanic) en lobbyiste sarcastique, et Chris Cooper (Syriana, la trilogie Jason Bourne) en idiot mémorable, futur sénateur du Colorado.

Ça ne suffit pas à faire un film, malheureusement…