dimanche 20 septembre 2009


Un Prophète
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]

Jacques Audiard, c’est le wonderboy du cinéma français. Le roi du home run. Le gars qui n’a jamais échoué. On n’est pas forcé d’aimer tous ses films, mais il est difficile d’en trouver un raté. Regarde les Hommes Tomber, Un Héros Très Discret, Sur mes Lèvres, De battre mon Cœur s’est Arrêté… On attend avec angoisse la chute, inévitable.

Et bien ce ne sera pas avec Un Prophète, d’ores et déjà l’un des meilleurs films de 2009.

La méthode de Jacques Audiard est simple : du travail, du travail, du travail. Audiard ne fait pas beaucoup de films, mais il bosse dessus. Pas d’esbroufe. Pas de scène en trop. Pas de performance d’acteur gratuite. Pas de mise en scène, d’effets spéciaux, de musique pour faire joli non plus : un respect total dus scénario, de l’histoire.

Dans Un Prophète, il y a une scène importante de fusillade ? C’est celle-là, et seulement celle-là, qui sera très bien filmée. Les petits moments seront filmés petitement. Humblement.

Un peu comme Titanic, Un Prophète est un film à paris multiples : un film de prison + un thriller + un film politique. Et comme dans Titanic, tous ces paris sont gagnants. On sent l’enfermement de la prison, et en même temps, on est pris par le thriller. Et sans avoir besoin de sortir la grande bannière « attention film à message », Un Prophète est un grand film politique, sur la prison, la réinsertion, la place des arabes en France, la réinsertion.

C’est le film à ne pas rater de cette rentrée. Mais fallait-il vous le dire ? Car comme me l’a expliqué ma copine Alex, Un Prophète, ça ne meurt pas.




samedi 19 septembre 2009


Lost, saison 5, part four
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Bon, on s’emmerde… Il faut le dire : on s’ennuie ferme, on s’endort, et ce n’est pas seulement dû à l’heure tardive où TF1 a casé les travaux forcés Lost.

Il faut tenir 24 épisodes, alors comme d’habitude, les mauvais épisodes sont au creux de la saison. Là, on est vraiment dans le pot-au-noir. Il ne se passe rien. On n’apprend rien. Si : Benjamin Linus a eu une enfance : la belle affaire ! Son père était méchant, mais le Harry Potter de l’Ile faisait déjà peur, de toutes façons !

Sawyer est en couple, donc il s’emmerde… Chacun essaie de recoller les morceaux. Nous on a arrêté le grand puzzle de M. Abrams. On attend la solution, qui va nous être envoyé par la poste.

Un de ces jours…




jeudi 17 septembre 2009


Alain Delon, ou la foire aux vanités
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens -Pour en finir avec ... ]

Sacré Alain Delon ! Son intervention ce matin sur Europe 1, censément une éloge funèbre de Filip Nikolic, le chanteur des 2be3, a tourné une fois de plus à l’exercice délirant d’autopromotion :

« J’ai connu Filip quand il a débuté avec les 2Be3, il venait me voir sur les plateaux, sur les tournages, parce qu’il était très admiratif de moi. »

Et trente secondes plus tard :

… « C’était un admirateur du cinéma, et de ma carrière, et personnellement de moi… »

et encore…

– « …On avait beaucoup de traits physiques en commun, Filip n’était pas mal fait de sa personne. »

A ce niveau-là, c’est une maladie, et c’est en phase terminale ! On savait les acteurs égocentriques, amoureux d’eux-mêmes (et il faut très certainement l’être pour faire ce métier), mais notre Alain Delon national est très certainement champion du monde à cet exercice !

Profiter de la mort du pauvre 2be3 pour parler de lui, il fallait oser. Mais Delon est coutumier du fait, puisqu’à la mort de Marlon Brando, il avait fait le même coup : « Maintenant qu’il est mort, je suis seul »

Rappelons que le ragazzo déniché dans le lit de Visconti a fait une belle carrière (Plein Soleil, Le Guépard, essentiellement du à sa beauté exceptionnelle, mais que celle-ci ayant périclité avec la quarantaine, ses films sont devenus concomitamment de plus en plus mauvais dans les années 80 (Le Toubib, Le Choc, Le Battant, etc. Comme me l’avait expliqué Nathalie, une copine comédienne, Alain Delon est un acteur (qui ne joue que son propre rôle), et pas un comédien (qui peut tout jouer)…

Pour ceux qui douteraient de l’authenticité de cette chronique, c’est ici : magie d’Internet !




samedi 12 septembre 2009


Battlestar Galactica
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Séries TV ]

Il y a trois ans de cela, je zapouillais tranquillement sur le câble, aux petites heures de la nuit, quand je fus tiré d’un début de somnolence par des images hallucinantes : un vaisseau spatial baptisé Battlestar Galactica, Starbuck et Apollo, le commandant Adama… Je fus pris d’un fou rire : les américains avaient osé faire un remake de la pire série de SF de tous les temps : Battlestar Galactica. Les cons, ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît…

Un peu d’histoire : fin des années 70, début des années 80 : les amateurs de la littérature SF n’ont pas grand’ chose à se mettre sous la dent à la télé : L’Age de Cristal, La Quatrième Dimension, La Planète des Singes. Et une série mythique, invisible en France : Star Trek. En 1981, les frères Bogdanoff, qui animent Temps X, apportent la bonne nouvelle : cet été, La Une diffusera les aventures de Spock et Kirk. Juillet arrive. Douche froide : Star Trek « n’est plus disponible, mais à la place, vous allez voir, La Une a beaucoup mieux : Battlestar Galactica ! »

On a vite vu. Malgré quelques aspérités rigolotes (Starbuck et son cigare, les combats spatiaux), Battlestar Galactica était un sous-Star Trek, ce que tout le monde pu vérifier, un an plus tard, quand la série de Gene Roddenberry fut diffusée.

En 2004, quelle mouche avait donc piqué Ronald D. Moore, scénariste sur la franchise Star Trek, pour remettre en piste Battlestar Galactica, qui, par ailleurs, n’avait vécu que le temps d’une saison ?

Une drôle d’idée, en fait. Refaire Battlestar Galactica en gardant les bonnes idées, en enlevant ce qui était ridicule, mais surtout en décidant de prendre la série au sérieux. Au sérieux ? Battlestar Galactica !???

C’est là le tour de force. Battlestar Galactica est une série sérieuse de SF, une sorte de 24 dans l’espace. Le pilote remplit sa mission en donnant le ton : si les Cylons détruisent des planètes humaines à tour de bras, qu’est-ce que ça veut dire, concrètement ? Dans une série normale, on passerait cinq minutes dessus, avec des jolies explosions. Ici, on filme les conséquences pendant une heure : les évacuations et les choix terribles que cela suppose, les tragédies que cela entraîne (jusqu’à filmer la mort d’une petite fille, du jamais vu), les débats que cela engendre (peut-on faire la guerre efficacement et rester une démocratie ?)

A cela, Battlestar Galactica rajoute les ingrédients habituels d’une bonne série : love story, conflits père-fils, cliffhanger… Et une idée de génie, dans ce contexte : 12 cylons ressemblent à des humains : l’ennemi est à l’intérieur même du Galactica…

À suivre, donc…




jeudi 10 septembre 2009


Eyes Wide Shut
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

J’avais pris des engagements Kubrickiens au début de l’année, et puis vous savez ce que c’est, le boulot s’accumule (The Wire-Lost-les Tudors), et on a le temps de rien. Et puis tout à coup hier soir, l’insomnie pointe : il est temps de regarder Eyes Wide Shut.

Ce qui est important de noter, tout d’abord, c’est que c’est le dernier film de Kubrick. On dit que les chats sentent leur mort venir, eh bien les grands cinéastes, aussi. Le grand Stanley se lâche dans Eyes Wide Shut comme jamais. On retiendra par exemple que le dernier mot proféré à jamais par le Maître (du moins, dans ses films, mais s’est-il jamais exprimé ailleurs ?), ce dernier mot, c’est « Fuck ».

Ça ouvre à toutes les interprétations possibles (fuck the studio, fuck la censure), mais pas besoin d’aller bien loin : Eyes Wide Shut est le 2001 du sexe. Du fessier de Nicole Kidman (plan 1), à cette dernière réplique, rien n’aura changé sous le soleil : on déclinera le fuck à toutes les sauces.

Alors Kubrick, pervers pépère sur le retour ? Sûrement pas, tant son œuvre est irriguée par le sexe : des sous-entendus graveleux de Spartacus, des orgies de Barry Lyndon à Orange Mécanique, des viols de Full Metal Jacket aux problèmes de fluides corporels de Dr Folamour, le sexe n’est pas ce qui manque aux films du sexologue SK. Avec en ligne de mire, l’irrationalité de nos pulsions, la sauvagerie bestiale du désir.

Mais là, dans EWS, il y a une ambition particulière : faire un film entier là-dessus, sur le désir et la jalousie, sur l’incompréhension entre les sexes. Et une autre ambition, plus perverse : faire tourner ensemble le couple le plus hot du moment, Cruise-Kidman. Un viol des conventions, deux giga-stars vont tourner ensemble, faire l’amour ensemble, puis avec d’autres, se déchirer, une prise de risque énorme pour des acteurs de ce niveau. Mais bon, qui refuse quelque chose à Kubrick ?

Ça commence donc très fort, comme un disclaimer de jeu vidéo : interdit au moins de 18 ans, on n’est pas là pour rigoler. Premier plan : les fesses de Mrs Kidman. Deuxième plan : Nicole s’essuie après avoir fait pipi. Troisième plan, elle remet sa culotte. En 1999, le choc est énorme : on entre dans les cuisines des Cruise. Imaginez aujourd’hui la même chose avec Angelina Jolie et Brad Pitt…

Mais cet effet de banalité, appliqué sur des stars habituées au Walhalla Hollywoodien, c’est à la fois une méthode de domination de Stanley (« Vous ferez tout ce que je vous demanderais »), mais aussi un introduction au propos d’Eyes Wide Shut : Qui suis-je ? Qui est réellement ma femme ? Où suis-je dans l’échelle sociale ?

Car Bill Harford a toutes les raisons d’être satisfait de lui-même : médecin new-yorkais réputé, femme superbe, petite fille gentille, appartement somptueux orné de toiles de maître*, et des amis hauts placés. Pourquoi semble-t-il aussi coincé, pendant cette première demi-heure du film ? Pourquoi sa femme semble-t-elle excédée, dès qu’elle n’est plus dans le champ de vision de son mari ?

Bill Harford va bientôt découvrir qu’il vit dans une illusion, et que, si haut que l’on soit dans l’échelle sociale, on est toujours le laquais de quelqu’un. Bill Harford, grand médecin, n’est que l’éboueur de gens beaucoup plus puissants que lui.

Comme l’a formidablement raconté Frederic Raphael dans son livre Deux ans avec Kubrick, le réalisateur n’a jamais vraiment expliqué le changement radical appliqué à la nouvelle de Schnitzler, Rien qu’un Rêve. Dans cette nouvelle, qui se déroule dans le Vienne du début du siècle, c’est d’antisémitisme dont il s’agit. Le bon docteur croit être introduit dans la bonne société viennoise, mais juif il est, juif il restera. Fasciné par cette nouvelle, Kubrick a rêvé toute sa vie de l’adapter, et a fini par le faire. Mais il a demandé à son co-scénariste de la goyiser au maximum, en insistant notamment sur le fait que le héros devait avait un nom WASP, et passe-partout. Bill Harford était né.

Cette volonté simplificatrice, outre l’espoir de gommer peut-être certains aspects autobiographiques douloureux pour Kubrick, a sûrement aussi pour but de renforcer l’aspect conte de fées d’Eyes Wide Shut. Car c’est bien d’un conte de fées dont il s’agit. Un conte pour adultes, pour adultes consentants, mais quand même un conte de fées.

Le héros, gentil prince, subira mille épreuves pour revenir à la maison, transformé mais heureux. On ajouterait bien « pour toujours », mais Nicole Kidman nous l’interdit : « Forever ? Je n’aime pas ce mot ».

Avant, notre petit poucet aura traversé toutes les tentations du sexe, sans y succomber. Toutes les perversions, même : triolisme (les deux filles à la fête), prostituées, pédophilie (la très jeune fille du loueur de costume), homosexualité (le gardien d’hôtel), nécrophilie (Amanda à la morgue), et bien sûr, la fameuse orgie.

Pourquoi Bill en est arrivé là ? Tout simplement parce qu’à la 33ème minute, Mme Kidman lance le film. Un peu shootée, un peu pompette, elle démolit soudain son benêt de mari, qui croit tout savoir sur les femmes, le désir, les aspirations humaines. Et qui – très mâle américain -, aime sa femme, ne peut envisager l’adultère, et ne peut envisager que sa femme l’envisage « I love you. You’re my wife. I know you. I trust you. I won’t do it because you’re my wife… »

Mais mon pauvre, lui répond-elle, tu connais que dalle ! Non seulement tu ne comprends rien à mes désirs, mais rien non plus aux tiens !

Cette révélation déstabilise le pauvre Bill, qui entame alors son odyssée nocturne. Auparavant, Kubrick nous a infligée trente minutes pénibles, à contre-temps du reste du film : la soirée chez les Ziegler. Les dialogues y sont longs, très volontairement étirés, Cruise et Kidman jouent faux. On se demande dans quelle galère on est tombé. Pourtant, les indices kubrickiens sont là : nous sommes dans une phase préparatoire : observe bien l’insecte Bill, ami spectateur, car c’est de lui le héros de cette histoire. Ce garçon est faux, mais pas mauvais au fond. Sa femme va lui donner la bonne leçon dont il a besoin.

Cette leçon, c’est Manhattan, l’île de la Tentation : abasourdi par les révélations, ivre de vengeance, ressassant inutilement les images fantasmatiques de quelque chose qui n’a pas eu lieu (sa femme et l’officier de Marine), Bill Harford dans ses pérégrinations nocturnes va avoir maintes occasions de se venger de sa femme. Il ne cherche rien ; les femmes viennent à lui… Bizarrement, il ne cède à aucune. Un coup de fil de sa femme ? Il lui ment, mais renonce à coucher avec la jolie prostituée. La vieille fille est prête à l’emballer dans la chambre même où son père vient de mourir ? Le professionnalisme du Dr Harford reprend le dessus. On lui propose une mineure pas farouche, il refuse. Il retrouve la pute toxico de chez Ziegler à la Morgue ; plus trop professionnel, il se penche pour embrasser le cadavre, mais renonce, à dix centimètres du visage. Quand on est en conflit avec son désir, dirait le psy, c’est qu’on ne se connaît pas bien. Le Professore confirme : Bill Harford ne sait plus qui il est. Il passe son temps, d’ailleurs, à justifier son identité : « Je suis le Dr Harford » en montrant frénétiquement sa carte de médecin.

Mais le vrai test, c’est évidemment l’Orgie, scène centrale du film, étendard de Eyes Wide Shut. Bill Harford croit être quelqu’un ? Comment mieux le prouver qu’en entrant dans le Saint des Saints, réservé aux initiés qui connaissent le mot de passe magique ? Malgré la gentille fée (à poil) qui tente de le dissuader, il persévéra au risque de perdre la vie. La fée devra se sacrifier pour le sauver. Mais, humiliation suprême, l’épreuve n’en était pas une, cette cérémonie terrifiante n’était qu’un jeu de rôles pour capitaines d’industries partouzeurs. Un, mon petit Bill, tu ne fais pas partie de ce milieu, et deux, tu es un sacré parano ! Si au lieu de fantasmer, tu allais baiser ta femme, pour commencer ?

Cette chronique ne serait pas complète sans un passage en revue des thèmes d’Eyes Wide Shut. Marchons en cela dans les traces du livre séminal de Michel Ciment, Kubrick – que toute personne considérant le cinéma comme un art – devrait lire une fois dans sa vie.

Le Diable

Pour un film sur la tentation, qui emprunte parfois ses codes au film d’horreur (musique, éclairage), la présence du Grand Fourchu dans Eyes Wide Shut n’était pas une surprise. Il apparaît par deux fois, en séducteur hongrois chez les Ziegler, puis sous la forme du pianiste (petite barbiche, sourire machiavélique, et éclairage en contre plongée…) Le satanisme n’est pas loin, dans la cérémonie initiatique de l’orgie, mais aussi dans ces étranges éclairage de Noël chez les Ziegler, qui font penser à des pentacles maléfiques. Mais après, tout, Victor Ziegler n’est-il pas le vrai diable dans cette affaire ?

Eros et Thanatos

On dit que la présence de la mort est indispensable à la mécanique du désir : Kubrick reprend en tout cas cette thèse à son compte. Avant d’être érotique, Eyes Wide Shut fait surtout peur. Musique glaciale de l’orgie (opposée à la soupe jazzy de la fête new-yorkaise), masques terrifiants, déclaration d’amour dans la chambre d’un mort, embrassade de cadavres, sans parler du sida qui traîne : Kubrick joue sur les contrastes. L’éclairage du film est à l’avenant, opposant le violent au pastel, et les beiges/orangées, couleurs chaudes de la vie, au bleus glacials de la nuit et de la mort.

L’odyssée

On pense évidemment à Homère, et son héros voguant sur des océans dangereux, tandis que son épouse est restée à la maison. Bill rencontre des sirènes et des monstres, et rentrera aussi à la maison, heureux après un beau voyage. Mais on pense aussi à Joyce, à l’errance de Daedalus, le cocu de Dublin, et au monologue de Molly.

Venise/Shakespeare

Pas à proprement parler un thème, mais plutôt un motif : Venise, ou plutôt une Venise de pacotille, une Venise shakespearienne, parcourt le film. Les masques bien sûr, Dom Juan et le Commandeur, mais aussi Fidelio, et la pizzeria Vérone, ostensible dans les rues de New York.

Le conte de fées

Sa femme s’appelle Alice, et elle l’entraîne dans un wonderland pour adultes. Mais d’autres emprunts signe l’aspect fabuleux d’Eyes Wide Shut : les deux filles proposent d’emmener Bill « under the rainbow », allusion au Magicien d’Oz. Il finit par y aller, seul : le magasin de costumes s’appelle Rainbow. On y trouve des japonais bizarres, dont l’un d’entre eux est même habillé en lapin ! Et là, la fille du costumier murmure, presque de manière inaudible (comme un sort, ou un code secret) : « Vous devriez prendre un col d’Hermine ». Mystère et boule de gomme…

L’orgie est aussi une cérémonie initiatique : mot de passe, déguisement, masque pour entrer au château. Une gentille fée essaie de le prévenir, comme dans un rêve. Mais il sera démasqué et humilié, par son talon d’Achille : il ne connaissait pas un mot de passe… qui en fait n’existe pas, comme le révélera le Magicien (Ziegler). Au final, nous réalisons de plus que tout cela n’est rien qu’un rêve…

Les masques

C’est le gimmick du film, sa signature, mais c’est surtout qu’Eyes Wide Shut est un film sur les apparences. Bas les Masques ! Derrière le gentil bourgeois, père aimant, mari attentionné se cache quelqu’un d’autre. Bill ne cesse de se cacher, derrière une multitude masques : son nom, sa profession, son professionnalisme froid et mesuré (porte d’entrée dans la haute bourgeoisie, ou porte de sortie chez la vieille fille). Il croit pouvoir se cacher en empruntant des codes (mot de passe, déguisement), mais est trahi par son ignorance (il n’existe pas de mot de passe), sa bêtise (le contrat de location), et sa basse extraction (il est venu en taxi).

Noël

C’est le positionnement dans le temps de cette histoire (la fin de l’année), mais c’est sûrement plus que ça. Dans presque tous les décors, il y a des sapins de Noël. Au début assez évidents, ils deviennent un sujet d’interrogations a posteriori, d’autant que le film se termine dans un magasin de jouets. Car en rentrant chez lui après son ultime épreuve, Tom Cruise éteint le Sapin. Il ne croit plus au Père Noël ? Sa femme va le ramener au magasin, et – gentille Mère Noël -, le rassurer et lui confier le fin mot de l’histoire : « Il ne reste qu’une chose à faire, (maintenant que nous ne sommes plus des enfants ?) : baiser ! »

Eyes Wide Shut, comme tous les Kubrick, fut une déception à sa sortie, pour les Kubrickiens en premier, tétanisés par la rumeur que le Maître, mort avant la sortie, n’aurait pas fini le film. Il déçut aussi la Warner, qui avait parié beaucoup sur le caractère porno de l’affaire et sur le scandale afférent : on masqua les corps aux USA, mais le film ne fut pas remonté. Au final, Eyes Wide Shut ramena de l’argent, comme tous les Kubrick : 55 millions de dollars (pour un budget de 65M$, et fini par gagner de l’argent à l’international). Comme tous les Kubrick, il est régulièrement diffusé à la télé, signe évident de la postérité qui s’annonce… Annonciateur de la vague porno-chic, le film a fait école. Mais surtout, il reste le dernier témoignage d’un auteur réputé misanthrope, et qui laisse pourtant un film plein d’humanité.

* signé par Mme Kubrick, comme dans Orange Mécanique




jeudi 10 septembre 2009


Lost, saison 5, part three
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Bonne nouvelle : Damon Lindelof et Carlton Cuse ont retrouvé le calendrier des postes de JJ Abrams. On sait maintenant quand est l’Ile… Quel soulagement ! Mieux, JJ leur a envoyé de sa maison de retraite à Malibu des vieilles brochures Dharma, oubliées dans un carton, au fond le cave, entre les Mouton-Rothschild et un pack de Diet Coke.

Pour le reste, c’est kif-kif bourricot : Lost Saison 5 a pris la vitesse d’un quadra qui vient de se remettre au jogging. Le quadra en question s’est acheté un puzzle Ravensburger, et il a pris difficulté maximum : JJ Abrams’ Lost, 5000 pièces. « Tiens ça serait pas la tête de la statue, ça ? »

On avance, on avance…

Côté personnage, ça s’embourgeoise : projet de maison, mariage, et si on faisait des gosses ? C’est vrai ça, depuis le temps qu’on le dit : y’en a qu’aurait trouvé des ouvertures, sur un malentendu, avec toutes ces bombasses en sueur qui se baladent sur l’Ile. Quitte à glander sur une île déserte, autant occuper la sieste, et à terme, fonder un foyer chrétien…

Hier soir, c’était bien parti, on était presque dans Desperate Housewives… et, Bim ! Voilà les ex qui débarquent…

Ils sont forts, ces scénaristes !




mardi 8 septembre 2009


Jeunet/Scorcese : le choc des titans
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Pour en finir avec ... ]

Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire, parfois, pour CineFast ! J’ai demandé à une copine, Corinne, de me ressortir de sa poubelle le Figaro du 4 septembre dernier.

Objet du délit, une interview de l’immense décorateur du cinéma Français, Monsieur Jean-Pierre Jeunet himself.

Morceaux choisis : « Quand je regarde un bon film, souvent je me dis, tiens, il a fait de cette façon, je pourrais faire exactement le contraire ! » (sic)
Merci Jean-Pierre, on avait remarqué…

Mais le top vient après : « [le cinéaste américain] qui me bluffe moins depuis quelques années… c’est Scorcese. Je sens qu’il ne fait plus de films, mais du cinéma. […] En fait ses grands films, il les a faits. Aviator ou Les Infiltrés, ça ronronne un peu… »

Venant d’un type qui fait le même film depuis Delicatessen, ça ne manque pas de sel…




mardi 8 septembre 2009


Deux Sœurs pour un Roi
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Les films ]


Refusant d’aller le voir, pour cause de spoiler, pendant la diffusion des Tudors, j’ai enfin regardé
Deux Soeurs pour un Roi, la version Hollywoodienne de la tragédie de la petite Boleyn.

Malheureusement, malgré le casting Ferrari (Portman-Johansson-Bana, que demander de mieux ?), malgré une version alternative de l’histoire (pas le père, mais l’oncle), Deux Sœurs pour un Roi ne vaut pas tripette.

C’est beau, comme les Tudors, mais dans un autre genre : plus sombre, plus sale. Plus ramassé aussi, pas besoin d’allonger la sauce sur 13 épisodes : les personnages secondaires (Kristin Scott Thomas, très bien) sont moins nombreux. Mais surtout, comme tout BOATS qui se respecte, Deux Sœurs pour un Roi se contente d’enchaîner les événements connus (la rencontre, les accouchements, la décapitation), tout en évitant soigneusement ce qui intéresse les spectateurs (suspense, enjeux, personnages).

Un écueil qu’évitait en grande partie les Tudors…




mardi 8 septembre 2009


La citation du jour
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

L’ami Guillaume vient de me prêter Les Six Samouraïs, de Sharon Waxman, qui s’annonce tout simplement comme la suite de Sexe, Mensonges et Hollywood, de l’incontournable Peter Biskind. En clair, les trajectoires des maverick Tarantino, Soderbergh, et autres Spike Jonze dans les années 90’s.

J’en ferais la critique une fois terminé, bien sûr, mais comme j’ai tendance à en oublier le quart, et que ce genre d’opus est bourré de déclarations fracassantes, autant commencer tout de suite. La (les) citation(s) du jour :

Rupert Murdoch à Bill Mechanic, le patron de la Fox qui venait de lui montrer Titanic :

« Je comprends maintenant pourquoi ce film vous a plu, mais tout de même, Bill, ça vaut pas Air Force One ! »

John Goldwyn, directeur du studio qui a produit L’Arriviste, premier film remarqué d’Alexander Payne : « L’Arriviste est le meilleur film que nous ayons fait ces dix dernières années. Et nous n’avons aucune intention de nous lancer à nouveau dans ce genre de projet »…

To be continued…

Les Six Samouraïs, Hollywood somnolait, ils l’ont réveillé
Sharon Waxman
Calmann-Levy




lundi 7 septembre 2009


Ce Glob est Plat
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens -Playlist ]

Séquence copinage : l’ami Ostarc, très actif sur CineFast depuis quelques jours, est aussi bloggeur. Il œuvre dans d’autres sphères, peinture, musique. J’ai pu ainsi découvrir qu’il existait d’autres arts avant le 7ème. C’est aussi un peintre très talentueux, bien qu’il fasse le coquet sur ce sujet. Je vous invite donc à passer le voir : c’est là que ça se passe