vendredi 9 octobre 2009


Sons of Anarchy
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Précédé d’une réputation à tout casser, Sons of Anarchy, la série « Hamlet chez les Bikers » débarque ce soir sur M6. N’écoutant que son courage, le Professore s’est acheté une Harley et prend l’avion pour Charming, Californie, afin de vérifier si la création M. Sutter est bien le Sopranos des années 2010.

Sons of Anarchy
M6, 23h10




jeudi 8 octobre 2009


Battlestar Galactica, bilan à mi-mandat
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Après avoir visionné le pilote et un bon tiers de la saison 1, il est temps de revenir sur l’événement SF de ces dernières années, j’ai nommé Battlestar Galactica.

Rappelons d’abord qu’un film, qu’une série, c’est un pari. L’auteur te défie, camarade spectateur : « je vais faire la suite d’Alien, mais je vais révolutionner le concept ! » et à la fin, tu regardes si c’est réussi (Aliens), ou pas (Alien:Resurrection). Ici, Ronald Moore fait le pari suivant : « Je vais prendre une série, la plus ringarde de tous les temps, et je vais la en faire une série intelligente, politique, moderne ». Ou, selon ses propres mots : « Il y a là un géant endormi, son nom est connu de tous, sa voix rappelle quelqu’un. Pendant un bref moment, il a fait bouger la Terre, racontant de grandes histoires de choses qui n’ont jamais eu lieu, puis a trébuché sur son renom et s’est endormi dans un sommeil profond… »

Alors, pari réussi, ou pas ? Eh bien, on pourrait dire que le verre est à moitié plein… Ou à moitié vide, c’est selon.

A moitié plein, parce que le pari est tenu. Moore a réalisé l’exploit de lifter Battlestar Galactica, et de la transformer en série sérieuse, abordant de grands sujets de société. (Rien que ça, ça pique les yeux…)

Même au cinéma, ces thèmes sont rarement abordés ; pour parodier le générique de Star trek, Battlestar Galactica va où « personne n’était encore allé ». Terrorisme de survie, machiavélisme gouvernemental, choix politique cornéliens, Battlestar Galactica est la première série à poser ces questions dans le futur, et surtout, à imaginer l’impact d’un événement épique (la destruction de la race humaine) sur le quotidien des quelques survivants (Collaborer ou périr ? sacrifier les prisonniers de droit commun ou sacrifier des innocents ?)…

A ce titre, Battlestar Galactica est un peu la version démocrate de 24

Mais la série est aussi à moitié vide, aussi, parce qu’elle n’atteint pas le niveau du Golgotha sériesque (rappelons – pour les âmes simples -, la Sainte Trinité TV : The Wire, Les Sopranos, Six Feet Under.)

Battlestar Galactica est bien, même très bien, mais elle « n’a pas tout d’une grande ». Elle innove, mais ne va pas jusqu’à la révolution : les situations, les intrigues sont classiques (problèmes de couple, relations père-fils, aventures spatiales, tout cela est finalement commun, seul le contexte les rend exotiques).

Graphiquement, la série souffre des maux endémiques de la SF américaine : des moyens, mais pas d’ambition : le design, les décors, les costumes sont moches et sans saveur, pour ne pas dire peu crédibles.

A leur décharge, la qualité dans ce domaine, c’est l’exception : décors de Blade Runner, Alien, costumes de Dune, mais sinon, quoi d’autre ? Il faudra chroniquer ça un jour…

Enfin, il manque une touche personnelle. Ronald Moore a finalement peu de choses à dire à travers sa série, il fait de l’entertainment (et il le fait très bien). Mais il faut la rage et l’amour de Baltimore pour faire Homicide ou The Wire, il faut la grande frustration d’être homosexuel en Amérique pour écrire Six Feet Under, il faut l’humiliation d’être italo- américain pour faire les Sopranos. David Simon, Alan Ball, David Chase, mettent leurs tripes sur la table, et cela se voit.

Ronald Moore est juste là pour nous distraire (rien de mal à ça), et il nous fait en plus réfléchir : qui s’en plaindra ?




lundi 5 octobre 2009


Picasso
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Un tour à l’expo Picasso d’Helsinki (oui, je sais, ça pose son homme, mais il s’agit de la collection du musée Picasso de Paris, à votre disposition toute l’année…), cette expo m’a amené aux réflexions suivantes : où est le Picasso du cinéma ? Réponse : nulle part. Picasso est un génie, qui a non seulement guidé son art avec au moins dix ans d’avance sur ses contemporains, mais qui a aussi su se renouveler (période bleue, période rose, cubisme, surréalisme), et qui s’est en plus attaqué à d’autres arts avec succès : sculpture, céramique, etc.

Dans le cinéma, c’est tout bonnement impossible. Le 7ème art est un art collectif, et un art cher. Le réalisateur/producteur est un chef d’entreprise, à la manière des artistes de la renaissance,qui esquissent l’œuvre. Ensuite, l’équipe sculpte, fond le métal, retouche, recommence jusqu’à ce que Laurent le Magnifique ou Jack Warner soit satisfait.

D’où la liberté immense du peintre, ou de l’écrivain d’aujourd’hui ; leurs œuvres ne coûtent rien à fabriquer. Elles n’ont pas forcément une vocation commerciale, et si elles en ont, peuvent se contenter de peu. Les découvreurs de talents, dans ces arts-là, prennent peu de risques : l’éditeur, le galeriste investit peu ; une fois sur mille, il gagnera beaucoup : le docteur Gachet avec Van Gogh, Maurice Nadeau avec Houellebecq…

D’où la possibilité, la liberté totale d’expérimenter, de casser les propres frontières de son art. Comme William Burroughs réclamant la révolution surréaliste du roman (et la réalisant lui-même avec son Festin Nu), comme la peinture et ses multiples révolutions du XXème siècle, comme la musique et les expérimentations Stravinsko-Reicho-Boulezienne…

Au cinéma, point de tout cela. Les génies multicartes se comptent sur les doigts d’une main, et leurs révolutions ont souvent échoué, ou en tout cas, n’ont laissé que des traces minuscules (mais superbes) dans le paysage cinématographique : Orson Welles, Luis Bunuel, Jean-Luc Godard. Leurs révolutions ont tourné à la simple révolte, et n’ont pas fait école.

Au contraire, ceux qui restent sont les grands traditionalistes (Kubrick, Hitchcock, Spielberg, Truffaut, Scorcese). Leurs propres expérimentations restent coincées dans un coin de leur filmographie, souvenirs nostalgiques d’une époque révolue…




dimanche 4 octobre 2009


Lost saison 5, part six
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Les méchantes ont des gros nichons (Juliet, Eloise). Les gentilles n’ont pas de poitrine (Kate, Charlotte, Shannon). Voilà ce qu’on apprend dans Lost en ce moment. De là à déduire que les mères sont méchantes, il n’y a qu’un pas. En tout cas, des histoires de filiation commencent à traverser la série, en nombre si important qu’on ne peut penser au hasard. On se croirait dans Star Wars, ou Œdipe Roi, au choix : « Je suis ton fils », « Il est ton fils », « C’est mon fils, aussi ! »

Les claques volent… En fait, on est juste en train de réunir la grande famille de Lost. Depuis qu’on vous dit que tous ces gens-là sont con-nec-tés ! L’astuce du flash-back-forward élevé au rang d’Art Premier par messieurs Abrams, Lindelof, Cuse permet des mises en perspectives intéressantes. La terrifiante Eloise était assez gironde, trente ans plus tôt. Et peut être pas aussi méchante…

Et puis ça permet aussi quelques situations ubuesques, dont John Locke est devenu le héros. C’est lui maintenant qui torture – psychologiquement mais gentiment – Ben Linus et le beau ténébreux Richard Alpert, en leur assenant des phrases absconses du genre : « Ça , c’est quand j’étais mort ! », ou « Maintenant vous irez me voir dans le passé, et vous me direz que je dois mourir ». Le pauvre Locke, dans l’accident, il a perdu le chapitre « Concordance des Temps » de son Bescherelle ! Comme dit Ben, « Vous devez vivre un moment psychologique intense… »

Et nous donc !

Mais surtout, l’humour est revenu dans Lost : on a retrouvé « bad boy » Sawyer, et on a retrouvé Hurley-La-Gaffe. Et leurs successeurs se bousculent : Faraday, et le petit chinetoque, avec son humour sarcastique, n’est pas mal non plus.

Tout ça en recollant les morceaux du Lego, et en lançant même de nouveaux enjeux, c’est quand même de la belle ouvrage, cette saison 5.