samedi 7 novembre 2009
La Guerre des Mondes
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Brèves de bobines -
Les films ]
Les cinq dernières minutes de La Guerre des Mondes qui passait lundi sur TMC, même en VF, même en basse définition, m’ont confirmé dans l’idée que l’adaptation de HG Wells est un chef d’œuvre méconnu de Steven Spielberg. Pourtant, ces cinq dernières minutes, c’est bien ce qu’on lui reproche : la happy end, la réconciliation familiale, Tom Cruise et tout le reste.
Pourtant le regard halluciné de Cruise, sur l’avant-dernier plan de film, son hallucination d’être vivant au milieu de cet holocauste, valent mieux que les jugements entendus à sa sortie.
On rendra grâce un jour au talent de Spielberg dans cette Guerre des Mondes-là : un grand film sur l’extermination, sur la fin de l’héroïsme US, sur la sauvagerie qui guette même les grandes nations démocratiques comme l’Amérique*. Il faut revoir d’urgence La Guerre des Mondes…
*en attendant l’adaptation prochaine du chef d’œuvre de Cormac McCarthy, La Route.
lundi 2 novembre 2009
Jeunet : Le Cercle à la rescousse !
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -
Les gens -
Pour en finir avec ... ]
Un samedi d’insomnie, et nous voilà devant Le Cercle, une des bonnes émissions du PAF sur le cinéma. Des critiques d’horizons variés (Positif, Le Parisien, Le Nouvel Obs, France Culture), des jeunes et des vieux, des intellos mais pas que…
On parlait donc du Jean-Pierre Jeunet, Micmacs à Tire-Larigot, que, pour ma part, je n’irai pas voir. Mais bon, c’est bien de ne pas se sentir tout seul face à la promo.
C’est François Begaudeau, dont je n’ai toujours pas vu le film, qui porta l’estocade, avec un joli talent de rhéteur. Il est prof de français, ce n’est pas pour rien non plus…
Quelques instants auparavant, Philippe Rouyer, le critique de Positif qui avait aimé Micmacs à Tire-Larigot, avait décortiqué une scène du film en signalant que Jeunet, justement, s’était gentiment moqué des critiques « qui voient parfois dans les films des choses que le réalisateur n’a même pas voulu mettre ».
J’aurais dû bondir devant cette définition plagiaire de CineFast, mais c’est François Begaudeau qui le fit. « C’est bien ça le problème de Jean-Pierre Jeunet », dit-il, « Il ne peut tout simplement pas comprendre que l’on voit autre chose que lui dans son film, parce qu’il veut tout contrôler ! Tout ce qui est à l’image ! Le décor, les costumes, les acteurs, tout est millimétré ! C’est ça qui est chiant dans les films de Jeunet ! Mais ce qu’il veut mettre, lui, dans son film, on s’en fout ! Ce qui est intéressant, c’est ce que NOUS, spectateur, on y voit ! » et d’enfoncer le clou plus tard à propos des acteurs, Omar Sy (de Omar et Fred) et Julie Ferrier : « Ça aussi c’est symptomatique du cinéma de Jeunet ! Prendre un type comme Omar, qui a un énorme potentiel comique, et l’obliger à ne parler qu’avec des proverbes, ou Ferrier, l’obliger à jouer seulement la femme-caoutchouc, c’est dommage. C’est résumer chaque personnage à un cliché. Jeunet n’attend pas que ses acteurs lui amène quelque chose. Il n’a pas confiance dans ses acteurs… il n’a confiance qu’en lui-même. C’est pour ça qu’il veut tout contrôler… »
Je biche… Ça se voit ?
PS On avait déjà abordé le problème Jeunet, dans cette chronique « Jeunet : Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » consacrée à Un Long Dimanche de Fiançailles).
Le Cercle
Vendredi à 22h20 sur Canal+Cinéma
lundi 2 novembre 2009
Braquo (4)
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Il fallait que ca arrive : Braquo dérape, Braquo vire gnangnan. La semaine dernière, à force d’épreuves accumulées, leur dénouement heureux n’en a paru que plus ridicule. Les enjeux (le DVD, le bébé, la séparation du couple), surmultipliés, les réactions, outrées, les sentiments, trop bons dans ce monde de brutes, ont coulé la série…
Espérons que tout ça sera rattrapé par un cliffhanger de fin de saison, ce soir…
Braquo
Tous les lundis sur Canal+, 20h45
dimanche 1 novembre 2009
Démineurs
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Kathryn Bigelow a un parcours exceptionnel à Hollywood : femme réalisatrice (il y en a peu), de films d’action à gros budget (il y en a très peu), qui ont tous un petit supplément d’âme. Kathryn Bigelow est unique, avec un parcours jusqu’ici sans faute. Il fallait bien un jour trébucher. C’est chose faite aujourd’hui avec Démineurs, un film le cul entre deux chaises, un film de guerre très fort, et qui pourtant n’émeut pas…
Voulant rompre avec le modèle Hollywoodien qui lui avait pourtant réussi (Point Break, K-19), les stars hard-boiled qui avait fait son succès (Harrison Ford, Jamie lee Curtis, Patrick Swayze), une certaine façon classique de filmer (Le Poids de l’Eau), Kathryn Bigelow s’égare avec Démineurs, qui sacrifie à la mode de la caméra portée, du film sans histoire, des personnages aux motivations vagues. On veut se la jouer cool, avec un sujet hot, et on ennuie son monde.
Il y a pourtant la matière, et les thématiques favorites de madame Bigelow : des mecs virils (quoi de plus couillu qu’un démineur ?) risquent leur vie en Irak, pour une guerre qu’il ne comprennent pas, et pour sauver des gens qui ne les comprennent pas. Pourtant, ils en redemandent, car, comme le dit pompeusement le générique : La Guerre est une Drogue. Toute ressemblance avec la guerre du Vietnam, mais surtout les films sur le Vietnam, n’est pas fortuite.
Car la génération actuelle n’arrive pas à trouver le film qui définira une génération : Jarhead surfait sur Apocalypse Now et Full Metal Jacket, et Voyage au Bout de l’Enfer, sans jamais vraiment choisir. Démineurs fait de même, dans un style pseudo journalistique…
Côté motivation des personnages, on ne saura rien, sinon que « La Guerre est une Drogue ». L’arrivée d’Evangeline Lilly en femme à soldat au dernier tiers du film, n’apportera aucun éclairage sur les motivations du sergent James (ce que Jarhead essayait de faire, en revanche…)
Au final, le film se laisse voir, mais on attendait mieux de Madame Point Break.
dimanche 1 novembre 2009
Braquo (3)
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Braquo continue sur la voie de l’excellence, même si des fissures apparaissent. Ces fissures sont-elles les failles de demain, annonciatrices de l’effondrement de la pyramide d’Olivier Marchal ? On ne sait.
Le traitement est toujours impeccable, froid comme l’hiver, souligné par une formidable musique (d’Erwann Kermorvant), une photo et un étalonnage sombre qui soulignent l’ambiance désespérée de Braquo. Mais comme le faisait remarquer la CineFasteuse Alex, back in black as always, ce formidable désespoir pourrait permettre de cacher les trous dans le scénario.
Car en copiant ostensiblement The Shield, Marchal hérite aussi des défauts. Ainsi, il charge dangereusement sa barque d’enjeux, et risque le naufrage pur et simple. Nos amis de la PJ, qui ont déjà l’IGS aux fesses, trois meurtres sur le dos, des petits problèmes de drogue personnels, des couples à la dérive, se rajoutent de l’action là où il n’en faudrait peut être pas. L’autre soir Caplan (Jean-Hughes Anglade) s’est pris une grenade, le lendemain il sort de l’hôpital pour sauver son pote, le soir, il protège la call-girl qui lui a fourni un alibi… C’est ce qui fait le malheur des séries de Shawn Ryan (Nip/Tuck et The Shield) : certes, la surenchère crée du rythme et accroche le spectateur dans les premiers épisodes, mais mène fatalement au ridicule à long terme.
De même, la noirceur du propos, mais aussi la noirceur esthétique (blousons noirs, pulls noir, cafés noirs), peuvent finir par devenir grandiloquents et finalement dévaloriser l’ensemble.
Mais on n’en est pas la : ne boudons pas notre plaisir et regardons Braquo…
Braquo
Tous les lundis sur Canal+, 20h45