samedi 30 janvier 2010
Le Livre d’Eli
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
C’est énooorme !! Seul Fabrice Luchini pourrait chroniquer le nanard métaphysique de Denzel Washington, tant celui-ci défie l’analyse cinefastographique.
Au premier abord, et dès les premiers plans (on dit ça mais on les a pas vu, les premiers plans, occupés que le Conseil d’Administration de CineFast était à finir son chawarma chez Diwan).
Dès les premiers plans, disais-je, on sait qu’on est dans la TGCA, pas la GCA, non, mais la TRÈS grosse connerie americaine. Quand on voit qu’après l’Apocalypse, Denzel prend soin de ses aisselles avec des lingettes Kentucky Fried Chicken, on sait que a) on n’est pas dans La Route, b) on va pas s’ennuyer.
Car si les frères Hughes tentent de faire leur Mad Max 2, on est très loin du compte, tant les perles vont être enfilées sans vergogne. On aura droit ainsi à des combats à l’ancienne (Denzel, entouré de méchants, se fait attaquer par chacun d’entre eux, l’un après l’autre, comme dans un vieux Banco à Bangkok pour OSS117…
Puis il y a des scènes de viol sans le moindre bout de nichon (Denzel arrive à temps), des scènes de bar western brillant par leur originalité (« Qu’est-ce que tu fais là, E-TRAN-GER ? Je ne cherche pas d’embrouille, l’ami, mais si tu me cherches, tu va trouver DENZEL !!! » etc., etc.) Sans parler du méchant, brillant, faussement-gentil-au-debut-mais-dont-on-sent-qu’il-peut-se-reveler-rapidement-tres-cruel, interprété – incroyable mais vrai – par Gary Oldman !
A ce stade-là du nanar, 2012 est enfoncé, obligé de jouer les barrages pour espérer participer au Razzie Awards.
Mais pourtant, et sans aller jusqu’à dire que ça sauve le film, le dernier « chef d’œuvre » des frères Hughes bénéficie d’une intrigue de fond hallucinante.
Pitchons : Eli se promène aux USA après l’Apocalypse, chargé d’un mystérieux livre (la Bible, Mais il faut pas le dire!). Il s’est auto-investi d’une mission : « emmener ce livre à l’Ouest », car il a eu une vision. Bon, OK.
Gary Oldman cherche aussi cette Bible, car avec elle, il aurait le pouvoir de manipuler les masses et de gouverner le monde ! S’ensuit un débat surréaliste sur le rôle des Ecritures : instrument d’oppression ou chemin de vie ?
Le film déroule alors en arrière plan moult paraboles bibliques : Marie-Madeleine, Lazare, Jésus (« Je te l’avais dit, ce n’est qu’un homme ! »), le tout agrémenté de poursuites en voitures, d’explosions, de fusillades, de bastons diverses et variées.
Le Framekeeper – au bord de l’orgasme pendant tout le film – vous expliquerait bien mieux que moi que l’Amérique, figée dans l’Ancien Testament, ne voit aucun conflit entre religion et usage illimité de la violence (œil pour œil, dent pour dent) D’ailleurs, Denzel ne cite jamais le Nouveau Testament. Pas de risque de s’aimer les uns les autres…
De là à déduire que Le Livre d’Eli, c’est avant tout l’œuvre de Denzel, il n’y a qu’un pas : Washington étant l’un des gros bigots d’Hollywood, il refuse systématiquement les scènes un peu hot. Il refuse d’ailleurs de faire un carton sur la prostituée du Livre d’Eli, tout comme il aidait très chastement la victime de Déjà Vu, pourtant assez bonnasse.
Pour notre part, nous préférons le Denzel de USS Alabama ou de Remember the Titans.
Nous ne saurions trop vous engager à dépenser une part conséquente de votre budget cinéma pour aller voir Eli, mais quand comme ça passera tôt ou tard sur Kto TV, ça sera à ne rater sous aucun prétexte. Penser tout de même à la bière et au Pop-Corn.
dimanche 24 janvier 2010
TopTen 2009
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Dimanche dernier c’était TopTen, c’est-à-dire le meilleur, selon nous, de l’an de grâce 2009. Nous, c’est à dire une communauté de cinéphiles – non CineFasters – qui se réunit en janvier pour conclure la campagne 2009. Chacun élit son Topten, on ajoute les points et on obtient LE TopTen.
Mais, tout d’abord, celui du Professore :
Après quelques hésitations entre le premier et le deuxième, j’ai tranché pour Un Prophète comme meilleur film de l’année. C’est à l’évidence un très grand film, mais surtout, il devrait durer, ce qui ne sera peut-être pas le cas de Loin De La Terre Brûlée, un film dont je garde pourtant un souvenir très fort.
Vient ensuite Marching Band, le documentaire très émouvant de Claude Miller sur la nouvelle Amérique d’Obama, puis District 9, un grand film « de genre », mais dont on dira un jour que c’était « le premier Neill Blomkamp ».
Very Bad Trip fait un beau cinquième, sûrement la plus belle surprise Hollywoodienne de année. Esther, Meurtres à la Saint Valentin, sont deux must cinefastiens de l’année : films de genre réussis, ou très drôles dans leur genre.
La grande surprise, le scoop énorme, c’est sûrement la présence – pour la première fois – d’un Woody Allen dans le TopTen du Professore* : Whatever Works, c’est vrai, ça le fait ! (et peut-être la présence de mon héros, Larry David, roi de la méchanceté et co-créateur de Seinfeld)
Reste deux « aurait pu mieux faire cette année », avec des grosses machines qui révèlent plus le talent de leurs géniteurs que leurs propres qualités intrinsèques : Watchmen et Avatar.
Dans mon BottomFive, on notera que le grand gagnant est évidemment Good Morning England, l’escroquerie lacrymale annuelle de Working Title : c’est juré, on ne m’y reprendra plus.
Gran Torino est un deuxième moins évident (cf. classement final plus loin), mais c’est tout autant une escroquerie sémantique : sous des dehors antiracistes et autocritiques, Clint Eastwood refait le même film idiot et détestable de ses débuts. Silver City est un Bottom pour initiés : ceux qui ont aimé John Sayles ne peuvent qu’être consterné par son (ses) derniers opus.
Le reste du Bottom est plus classique : Anges & Démons est le film idiot et arrogant que seuls les américains savent faire, et Mutants est le film de zombies que les français ne savent pas faire…
Ce qui donne, au propre :
un prophete
loin de la terre brulée
marching band
district 9
very bad trip
esther
meurtres à la saint valentin
whatever works
watchmen
avatar
et le BottomFive :
good morning england
gran torino
silver city
anges & démons
mutants
Une fois les votes dûment enregistrés par huissier, le TopTen est devenu cela :
1. Good Morning England
2. Avatar
3. District 9
4. Slumdog Millionaire
5. Harvey Milk
6. Un prophète
7. Gran Torino
8. ex. ae. Welcome
9. ex. ae. Mademoiselle Chambon
10. Inglorious Bastards
Et voici le Bottom3 (pas de Bottom Faïve pour eux) :
Trésor
Public Ennemies
De l’autre côté du lit
En deux mots, je suis dans l’opposition (mais ce n’est pas ni la première ni la dernière fois, vous vous en doutez…)
*Woody A. a déjà eu à deux reprises les honneurs du BottomFive : Harry Dans Tous ses Etats et Le Sortilège du Scorpion de Jade.
dimanche 24 janvier 2010
Shoah
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films -
Les gens ]
Shoah. Le film devenu nom commun. Que fait Shoah dans CineFast ? Et bien Shoah n’est pas seulement au panthéon du Professore Ludovico, Shoah n’est pas seulement son contenu, le documentaire le plus abouti à ce jour sur l’extermination des juifs, c’est aussi un très grand film.
La preuve l’autre soir, quand Arte rediffusa Shoah en deux parties de 5 heures. Car Shoah c’est ça, un film interminable mais qui vous accroche jusqu’au bout, quand la plupart des documentaires vous lâchent au bout de 90mn.
Claude Lanzman, par ailleurs plutôt détestable*, est un grand cinéaste. Il refuse les facilités habituelles du documentaire, et c’est peut-être pour ça que Shoah est un chef d’œuvre.
Quelques exemples : Lanzman ne coupe rien, il ne double pas les témoignages. Lanzman pose les questions en français, elles sont traduites en polonais, les réponse sont en polonais, traduites en français, et on a droit au quatre versions, en plan séquence. Résultat, pas de contestation possible : vous avez entendu le témoin, si vous voulez contester sa validité, vous pouvez traduire sa réponse. Imparable.
Ensuite, vous avez cet accès direct à la langue, aux accents, aux intonations, et c’est terrifiant. Les explications dans l’allemand gouailleux du Sergent SS, le polonais enjoué des enfants témoins devenus vieillards, l’allemand scandé, teinté de yiddish, du coiffeur de Tel Aviv, qui article parfaitement les mots de la mort : douches, fours, cadavres…
Ensuite, le refus du sensationnalisme est l’autre « marque de fabrique » de Shoah : pas d’images de propagande. Pas d’image de Nuremberg, pas d’images des armées britanniques ou US. Pas d’images nazies. Pas de photos, non plus, des morts du temps de leur vie, pas d’apitoiement. Au contraire, Lanzman filme aujourd’hui : pas les trains de la mort, mais les trains d’aujourd’hui… Pas les fosses pleines de cadavres, mais la plaine d’Oświęcim aujourd’hui, avec, peut-être, au fond, la silhouette de Birkenau. Pas Treblinka, dont il ne reste rien, mais seulement un monument à Treblinka aujourd’hui (une horreur en pierre de 3 m de haut), dans un travelling terrifiant qui se termine sur l’interstice entre deux pierres, noir comme un trou sans fond.
Car Lanzman filme quelque chose d’impossible : le vide, le néant. Il n’y a plus rien des juifs d’Europe centrale. Comme le disait Primo Levi, dans les Naufragés et les Rescapés : « On ne peut pas raconter un naufrage, parce que ceux qui racontent, par définition, sont des rescapés. Ils n’ont pas participé au naufrage. »
Lanzman n’a que des rescapés à filmer, et très justement, le film respecte parfaitement ce propos.
*Claude Lanzman avait notamment « interdit » à Spielberg (au moment de la Liste Schindler) de filmer l’holocauste. Se prétendre l’ « unique dépositaire de la Shoah » est un des aspects les plus désagréables de Lanzman….
dimanche 17 janvier 2010
Battlestar Galactica, Saison 2
posté par Professor Ludovico dans [ Les gens -
Séries TV ]
La série redux n’en finit pas d’étonner : on ne cesse de s’en plaindre : décor, photo, dialogue, réalisation cheap, mais tous les soirs, avant de se coucher, on en reprend une petite. Il n’y a pourtant pas de révélation attendue à la Lost, ou d’attachement sentimental aux personnages (Dr House), ou de rebondissements incroyables (24). L’ensemble est décousu (hier c’était enquête policière, avant-hier combats spatiaux dans l’éther profond, et avant-avant hier badinages avec les cylons… Va comprendre, Charles !
Il n’y a même pas de cohérence d’ensemble ; un jour c’est pénurie, le lendemain, plus de problème ! Tout juste si les personnages sont légèrement affectés par leurs maladies (car BGG, c’est un peu Urgences dans l’espace) : une petite opération à cœur ouvert, un petit cancer, et ça repart !
Pourtant, comme dans le hood de Baltimore, on reste accro aux petites pilules rouges du dealer galactique Ronald Moore.
De là à penser que la sublime Tricia Helfer ne serait qu’une illusion…
lundi 11 janvier 2010
Eric Rohmer is in heaven now
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Les gens ]
Bon, on va pas pleurer des larmes de crocodile pour l’antithèse même du cinéma CineFast : Eric Rohmer est mort, et son cinéma nous a toujours fait – très involontairement – rire.
Je n’ai à vrai dire qu’un bon souvenir d’Eric Rohmer : Perceval le Gallois, un des premiers films de Fabrice Luchini, qui avait au moins le mérite de l’originalité (tous les décors étaient en fer forgé, dans le style des enluminures médiévales.)
Depuis, Rohmer n’a fait qu’un cinéma de l’ennui, en filmant parait-il la banlieue, le RER, les grandes villes nouvelles avec l’œil d’un grand moraliste. Je n’ai jamais rien vu de très profond là-dedans, si ce n’est un léger mépris pour les classes moyennes (Les nuits de la pleine Lune, L’Amie de mon Amie, Conte d’Hiver).
C’était néanmoins une figure du cinéma français, et un vrai cinéphile.
samedi 9 janvier 2010
10 ans de TopTen
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Je l’ai déjà dit, mon ami Philippe a eu un jour la bonne idée d’organiser le TopTen: le Dimanche des Rois, on bouffe des galettes et des mandarines, on s’écharpe sur la saison cinématographique, et on élit les dix meilleurs films de l’année en éliminant les cinq pires, le fameux BottomFive.
Vous n’aurez pas la primeur de mon Topten 2009 – la cérémonie a lieu dans une semaine – mais vous trouverez ci-dessous celui de la décennie, qui amène quelques réflexions…
Tout d’abord, ce bilan n’est pas honteux : je n’ai pas l’impression d’avoir descendu (ou encensé) un film qui ne le méritait pas… Sauf peut être Gladiator, ou Stalingrad, qui peuvent sûrement sortir des douves où je les ai trop rapidement mis…
Ensuite, beaucoup plus de films français que je ne l’imaginais… Ce qui prouve, que sil y a beaucoup trop de médiocrité dans le cinéma français, il y a quand même des cinéastes : Desplechin, Audiard, Cantet…
Autre sujet d’étonnement : Les trios de tête du Top sont rarement des grosses machines, mais plutôt des films moyen budget : des films avec un cerveau (Le Pianiste, Traffic) mais en même temps, pas de petits films. Ma principale fierté étant sûrement qu’ils aient résisté à l’épreuve du temps…
Les voici :
TOPTEN 2000
Le 6ème Sens
O’ Brother Where Are Thou?
Magnolia
Virgin Suicides
Erin Brockovitch
Galaxy Quest
Nurse Betty
Au Nom d’Anna
Ressources Humaines
Révélations
BOTTOM FIVE
Baise Moi
Kippour
Donjons & Dragons
Gladiator
Mon Voisin le Tueur
TOPTEN 2001
Traffic
Panic
Le Plus Beau des Combats
Mulholland Drive
Seul au Monde
No Man’s Land
Tailor of Panama
The Pledge
Sous le Sable
A.I.
BOTTOM FIVE
Comme Chiens et Chats
Stalingrad
Ring
Le sortiège du Scorpion de Jade
Moulin Rouge
TOPTEN 2002
Le Pianiste
Vanilla Sky
Parle avec Elle
Donnie Darko
Embrassez qui Vous Voudrez
Le Voyage de Chihiro
Panic Room
Possession
L’Auberge Espagnole
Lantana
BOTTOM FIVE
Avalon
Blanche
Amen
Men in Black II
Ali G
TOPTEN 2003
Les Invasions Barbares
The Hours
24 hour Party People
Pirates des Caraïbes
La 25ème Heure
Chicago
Nos Enfants Chéris
Le Château dans le Ciel
Confessions d’un Homme Dangereux
Elephant
BOTTOM FIVE
Fusion
Frida
Love Actually
Fanfan
Ghosts of the Abyss
TOPTEN 2004
21 Grammes
Collateral
Le Dernier Samouraï
Le Roi Arthur
Leo, en jouant dans la Compagnie des Hommes
Supersize Me
Alien vs Predator
BOTTOM FIVE
Un Long Dimanche de Fiançailles
Le Jour d’Après
Jersey Girl (Père et Fille)
La ferme se rebelle
Garfield
TOPTEN 2005
Closer
Rencontres à Elisabethtown
Million Dollar Baby
La Vie Aquatique
Tout Est Illuminé
La Guerre Des Mondes
Garden State
Les Poupées Russes
King Kong
Captain Sky et Le Monde De Demain
BOTTOM FIVE
Batalla en el Cielo
Star Wars : La Revanche des Sith
Chicken Little
Les Noces Funèbres
Kiss Kiss Bang Bang
TOPTEN 2006Syriana
Les Infiltrés
Munich
Ne Le Dis à Personne
OSS 117
Les Bergman se Séparent
CRAZY
Vol 93
Borat
The Queen
BOTTOM FIVEArthur et Les Minimoys (ex ae)
Le Dahlia Noir
Les Brigades du Tigre
Cars
Miami vice
TOPTEN 2007
Control
L’incroyable Destin d’Harold Crick
Mon Frère est Fils Unique
Kings of the World
Zodiac
Transformers
Half Nelson
300
Raisons d’Etat
Apocalypto
BOTTOM FIVE
Lady Chatterley
L’Age des Ténèbres
Next
L’Illusioniste
Les Promesses de l’Ombre
TOPTEN 2008
Un Conte de Noël
Into The Wild
I Feel Good
Juno
Burn After Reading
Cloverfield
A Bord du Darjeeling Limited
Valse Avec Bachir
No Country For Old Men
There Will Be Blood
BOTTOM FIVE
Phénomènes
Indiana Jones et le Royaume des Crânes de Cristal
Voyage au centre de la Terre
Bienvenue Chez les Ch’tis
Il y a longtemps que Je t’Aime
samedi 9 janvier 2010
La fin du DVD ?
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -
Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Une information transmise par notre honorable correspondant à Rome, Ludo F. : Pour la première fois depuis 2002, les revenus des films en salles ont dépassé les ventes de DVD et de Blu-ray aux Etats-Unis.
C’est le genre d’info qui plaît au Professore ; les chiffres ça ment pas (et en même temps, on peut leur faire dire ce qu’on veut).
Mais bon, c’est un tournant. La VOD, qui existe sous différentes formes depuis 1990, prend vraiment son essor. Plus facile, plus simple, en partie gratuite (Arte+7, Canal+ A La Demande), elle touche un plus grand nombre. Et punit aussi l’incroyable complexité des DVD (messages de pub + avertissement anti-piratage + menus de navigation soi-disant créatifs)
Surtout, elle poursuit le rêve de tout producteur, au sens économique : s’affranchir d’un réseau de distribution qui lui pique entre 30 et 60% de ses sous.
C’est donc vers ce modèle que tend le cinéma, avec le rêve de salles entièrement numériques approvisionnées par câble : plus besoin de distributeurs (qui font les copies de bobines et en gèrent leur rotation). C’est aussi le rêve du jeu vidéo (plus de CD à fabriquer, plus de réseau à rémunérer, et surtout, plus de marché de l’occasion !) C’est aussi le marché de la télé, qui perd ses audiences et ne sait plus trop où elles vont… La VOD reste un moyen de les retrouver, et de les faire payer, directement ou indirectement.
Pour le CineFaster, pas sur que ça change grand’ chose… Les catalogues seront toujours indexé sur les grosses machines récemment sorties en salle, et l’espoir d’une chaîne VOD spécialisée dans les John Hughes ou les films Warner des années 30 a peu de chances de se concrétiser. Mais bon, on ne boudera pas son plaisir de choisir, du fond de son lit comme un empereur romain, entre Batman Begins, et le Pilote de Lost…
jeudi 7 janvier 2010
Renouveau de la série française
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Qu’est-ce qui se passe avec la série française ? 2009 aura vu l’avalanche de projets excitants, pas toujours aboutis, mais qui font preuve d’une originalité et d’une qualité inouïs jusque là…
On nous avait déjà fait ces promesses, qui ne furent jamais tenues : Le West Wing français (La Présidente, ou un titre dans le genre), la sitcom française (Fais Pas Ci, Fais Pas Ça), le sujet tabou qui fait peur (Trader, Mafiosa). Aujourd’hui, le niveau semble être monté d’un cran. Revue de détail…
C’est d’abord Un Village Français qui a confirmé en 2009, avec ses partis-pris implacables sur la période la plus noire de notre histoire récente… Intrigues réalistes, personnages subtils, tout est bon dans le cochon du Marché Noir du Village. Espérons seulement que France 3 aura les cojones de poursuivre, car les résultats ne sont qu’en demi-teinte…
Braquo a suscité beaucoup d’espoir, a un peu déçu, mais peut enchaîner en 2010 si Dieu (Marchal) le veut… La série à fort degré d’octane devrait juste se prendre un peu moins la tête, simplifier ses intrigues, et ça serait parfait… C’est tout ce qu’on lui souhaite en 2010.
Et puis il y a Pigalle la nuit. Malgré un dernier épisode ridicule,
la série restera pour le Professore l’événement 2009 de la télé Française… Ambition, réalisme, qualité de la réalisation, Pigalle avait tout d’une grande.
La rentrée 2010 s’annonce chargée, avec de gros projets US : le retour d’Edie Falco dans Nurse Jackie, The Pacific, (le Band of Brothers version jap’), et le retour inopiné du Numéro 6 : The Prisoner.
Bonjour, chez vous, donc !
mercredi 6 janvier 2010
Pigalle la Nuit
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]
Les séries, c’est de la drogue. Y’en a pour tous les goûts, du cannabis récréatif (Friends, Battlestar Galactica), aux amphétamines survitaminées (24), à la coke roborative (Seinfeld), au LSD qui fait voir des petits hommes verts (Lost), jusqu’à l’aristocratie de la drogue – l’héroïne bien sûr – la plus classe et la plus addictive (Sopranos, Sur Ecoute)
Dans les quatre premiers épisodes de Pigalle la Nuit, on croyait être tombés sur une rareté : de l’héro french connection, pas coupée. De la came de première qualité, direct from Thailand : une histoire addictive, une réalisation parfaite, une photo moderne, mais pas maniérée, une musique excellemment choisie, mais surtout une ambiance incroyable pour une série française, mi-reportage, mi-Twin Peaks…
Le pitch n’était pas à tomber par terre (un trader découvre que sa sœur fait go-go girl à Pigalle ; le jour même, elle disparaît. Pour la retrouver, il va plonger au cœur d’une guerre sanglante qui oppose le Pigalle traditionnel, Zainoun, propriétaire du Sexodrome (les habitants du 18ème reconnaîtront leur peep-show), et Dimitri, le nouveau venu, aidé par la mafia russe, qui installe le Paradise, nouvelle boîte branchée au cœur de Pigalle…
Ce qui étonne dans Pigalle la Nuit, c’est le traitement : mi-course poursuite, mi-film choral (Plus Belle la Vie à Pigalle). Mi-cauchemar lynchien (les séquences oniriques), mi-film de gangster, façon Sopranos. Tout ça en quelques épisodes et une demi-douzaine de personnages, tous excellents dans leur rôle (Jalil Lespert en trader, qui joue correctement pour la première fois depuis Ressources Humaines (1999, quand même), Catherine Mouchet (la Thérèse de Cavalier) en représentante du quartier « normal », et une révélation : Simon Abkarian, le de Niro français, pas moins, en Tony Soprano à la ramasse, patron du peep-show au bord du divorce…
Autre force de Pigalle la Nuit, rarissime dans les séries françaises : la documentation. Les scénaristes ont vraiment bossé le sujet, connaissent les coins et les recoins du quartier, le fonctionnement technique d’un peep-show, la fabrication du crack dans un atelier. Ce réalisme est amplifié dans un tournage en décor réels, la nuit à Pigalle (rappelons que la nuit, c’est deux fois plus cher), dans des vrais sex-shops, dans des vraies boîtes, avec de vraies go-go, sur une vraie musique de boîte. Pour tout dire, c’est la première fois au cinéma que je vois l’ambiance de la nuit filmée correctement.
Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et assez inexplicablement, la série se torpille dans le dernier épisode en réglant tout, d’un seul coup, et de manière outrée. Ce qui finit bien finit exagérément bien, Ce qui finit mal, exagérément mal. On souhaite en tout cas une suite à Pigalle, et on vous conseille très vivement de la regarder en entier…
Et comme le dit Nadir Zainoun : « Bienvenue à Pigalle, Côôônnaaard ! »
samedi 2 janvier 2010
Paranormal Activity
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -
Les films ]
C’est le syndrome Blair Witch : on prend une caméra vidéo, et on fait un film en expliquant pourquoi c’est tourné en vidéo. Ça ne marchait pas dans Blair Witch (trop long, peu crédible), c’était incroyablement inventif dans Cloverfield, et ça marche plutôt pas mal dans Paranormal Activity..
Le pitch : un gentil petit couple (encore !) est ennuyé par des bruits dans leur nouvelle maison. Le mari achète une camera vidéo pour filmer leur nuits, « comme ça, on sera sûrs ! » le film commence donc à ce moment là… comme dans tous les films d’horreur, les failles du couple apparaissent au fur et à mesure, le mec est un gentil macho, il va le payer, la fille est une hystérie, bon c’est pas une surprise…
Pourquoi c’est bien, alors Paranormal Activity ? Eh bien parce que tout ça est fait plutôt en finesse, avec un sens du contretemps qui ne déparerait pas chez le Ridley Scott d’Alien… Tout ça a le bon goût de ne pas durer trop longtemps, et de terminer comme il faut, ce qui est parfait.