C’est énooorme !! Seul Fabrice Luchini pourrait chroniquer le nanard métaphysique de Denzel Washington, tant celui-ci défie l’analyse cinefastographique.
Au premier abord, et dès les premiers plans (on dit ça mais on les a pas vu, les premiers plans, occupés que le Conseil d’Administration de CineFast était à finir son chawarma chez Diwan).
Dès les premiers plans, disais-je, on sait qu’on est dans la TGCA, pas la GCA, non, mais la TRÈS grosse connerie americaine. Quand on voit qu’après l’Apocalypse, Denzel prend soin de ses aisselles avec des lingettes Kentucky Fried Chicken, on sait que a) on n’est pas dans La Route, b) on va pas s’ennuyer.
Car si les frères Hughes tentent de faire leur Mad Max 2, on est très loin du compte, tant les perles vont être enfilées sans vergogne. On aura droit ainsi à des combats à l’ancienne (Denzel, entouré de méchants, se fait attaquer par chacun d’entre eux, l’un après l’autre, comme dans un vieux Banco à Bangkok pour OSS117…
Puis il y a des scènes de viol sans le moindre bout de nichon (Denzel arrive à temps), des scènes de bar western brillant par leur originalité (« Qu’est-ce que tu fais là, E-TRAN-GER ? Je ne cherche pas d’embrouille, l’ami, mais si tu me cherches, tu va trouver DENZEL !!! » etc., etc.) Sans parler du méchant, brillant, faussement-gentil-au-debut-mais-dont-on-sent-qu’il-peut-se-reveler-rapidement-tres-cruel, interprété – incroyable mais vrai – par Gary Oldman !
A ce stade-là du nanar, 2012 est enfoncé, obligé de jouer les barrages pour espérer participer au Razzie Awards.
Mais pourtant, et sans aller jusqu’à dire que ça sauve le film, le dernier « chef d’œuvre » des frères Hughes bénéficie d’une intrigue de fond hallucinante.
Pitchons : Eli se promène aux USA après l’Apocalypse, chargé d’un mystérieux livre (la Bible, Mais il faut pas le dire!). Il s’est auto-investi d’une mission : « emmener ce livre à l’Ouest », car il a eu une vision. Bon, OK.
Gary Oldman cherche aussi cette Bible, car avec elle, il aurait le pouvoir de manipuler les masses et de gouverner le monde ! S’ensuit un débat surréaliste sur le rôle des Ecritures : instrument d’oppression ou chemin de vie ?
Le film déroule alors en arrière plan moult paraboles bibliques : Marie-Madeleine, Lazare, Jésus (« Je te l’avais dit, ce n’est qu’un homme ! »), le tout agrémenté de poursuites en voitures, d’explosions, de fusillades, de bastons diverses et variées.
Le Framekeeper – au bord de l’orgasme pendant tout le film – vous expliquerait bien mieux que moi que l’Amérique, figée dans l’Ancien Testament, ne voit aucun conflit entre religion et usage illimité de la violence (œil pour œil, dent pour dent) D’ailleurs, Denzel ne cite jamais le Nouveau Testament. Pas de risque de s’aimer les uns les autres…
De là à déduire que Le Livre d’Eli, c’est avant tout l’œuvre de Denzel, il n’y a qu’un pas : Washington étant l’un des gros bigots d’Hollywood, il refuse systématiquement les scènes un peu hot. Il refuse d’ailleurs de faire un carton sur la prostituée du Livre d’Eli, tout comme il aidait très chastement la victime de Déjà Vu, pourtant assez bonnasse.
Pour notre part, nous préférons le Denzel de USS Alabama ou de Remember the Titans.
Nous ne saurions trop vous engager à dépenser une part conséquente de votre budget cinéma pour aller voir Eli, mais quand comme ça passera tôt ou tard sur Kto TV, ça sera à ne rater sous aucun prétexte. Penser tout de même à la bière et au Pop-Corn.