mercredi 30 juin 2010


Hadopi, y’a quand même un problème…
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Oui, il y a un problème avec Hadopi, et ça se voit à de toutes petites choses.

Lu hier dans Métro, quotidien gratuit peu suspect d’être l’organe central d’organisations terroristes visant la destruction du système capitaliste : un article sur le lancement d’Hadopi, insistant sur le peu de moyens de l’instance de régulation et de sanction. Jusque là, ça va encore. Mais dans un encadré, le journaliste explique qu’il y a déjà des moyens de contourner la loi, en sortant du peer to peer. Plutôt que de laisser Shrek 4 traîner sur votre disque dur, téléchargez-le à partir d’un site (et non d’eMule ou de Bittorrent), ou regardez-le en streaming. Ou cachez votre IP grâce à des logiciels adaptés. L’article donne même les adresses où trouver ces logiciels.

Rien de très original là-dedans, si ce n’est que c’est Métro qui les publie ! Qu’un journal mainstream, très populaire, publie des conseils de piratage, voilà qui devrait pour le moins interpeller nos politiques. Imagine-t-on Le Figaro, dans les années 50, donner des conseils pour pirater le téléphone ?

Je ne suis pas un défenseur acharné du piratage, mais à l’évidence, l’industrie du spectacle a raté le virage digital.
Par le passé, elle avait su profiter des nouvelles technologies et les retourner à son compte (phonographe, radio, cassette, magnétoscope), réussissant même à générer de nouvelles sources de revenus.

Mais là, elle semble complètement dépassée par les événements, et se retourne vers l’Etat (d’habitude méchant, régulateur, et centralisateur) pour lui demander de réussir, là où elle a échoué.

Quand il était encore temps, il eut fallu proposer des solutions efficaces et attractives de téléchargement légal. Aujourd’hui, c’est trop tard, et il est temps de penser à autre chose que de, selon la belle réplique d’Apocalypse Now, « verbaliser pour excès de vitesse aux 24h du Mans* ».

* »How many people had I already killed? There were those six that I knew about for sure. Close enough to blow their last breath in my face. But this time, it was an American and an officer. That wasn’t supposed to make any difference to me, but it did. Shit… charging a man with murder in this place was like handing out speeding tickets in the Indy 500.  »




mardi 22 juin 2010


Happy birthday CineFast
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

5 ans déjà. Le 22 juin 2005, le Snake inaugurait ce blog, par un premier article séminal – comme on dit – (un article sur Christian Clavier, d’ailleurs toujours d’actualité). la première et dernière chronique avec une photo. Cine « never give up, never surrender » Fast était né.

Rappelons qu’à l’origine, ce site n’était qu’une solution proposée par notre Directeur Informatique, pour désengorger nos boites mail de polémiques cinefasteuses grevant gravement notre liaison ADSL. Depuis, le site est devenu un blog, dont il est toujours fascinant, grâce aux outils d’audience, de voir qu’il est lu parfois en Tunisie, parfois au Mexique, parfois même de la mère patrie ; Los Angeles, California.

Mais l’essentiel n’est pas là, ce qui compte, c’est les quelques lecteurs qui vous en parlent, qui vous engueulent, qui vous corrigent sur un oubli ou une faute d’orthographe, ou qui rient à un de vos bon mots.

Bref, bon anniversaire CineFast, et pour le plaisir, j’ai tiré au sort 5 chroniques : la 111, qui remet Little Miss Sunshine à sa place, c’est à dire dans la moyenne, la 222, qui fait la même chose – toutes proportions gardées – avec There Will Be Blood, la 333 (qui n’existe plus, mystères de l’informatique), la 444, qui parle de Lost Saison 5 (c’eut été étonnant de ne pas tomber, statistiquement, sur l’entropie Abramsienne, et la 555, Esther, l’exemple même de ce que Cinefast promeut comme cinéma.

Have fun.




samedi 19 juin 2010


Le Ruban Blanc
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -Les gens ]

Il y a quelques années, ma fille partit avec son école en Classe de Campagne. Pendant son séjour, elle visita la reconstitution d’une école de nos aïeux, où on lui expliqua en long, en large, les punitions, les fessées, le froid dans la classe, l’obéissance au Maître, etc. Quand je lui demandais ce quelle avait retenu de ce musée, elle me répondit : « Les profs voulaient nous montrer à quel point ils étaient sympas ».

Brave Professorinette ! Elle a tout compris à Michael Haneke, qui veut aussi, avec son Ruban Blanc, nous faire comprendre que la vie dans l’Allemagne de juin 1913, c’est pas trop sympa. On s’en serait douté. Pas de Câble, pas de Wii, pas d’iPhone. Le ciné le plus proche à vingt bornes, et faut y aller en vélo… Alors évidemment, quand la Guerre vient, c’est une libération…

Tout ça, l’intention, comme on dit à Hollywood, on a bien compris, Professor Haneke. Et on a compris, aussi, avec le cinéaste autrichien, grand déconstructeur du cinéma, qu’il ne faut pas trop compter sur acte I, acte II, acte III, résolution !

Depuis toujours, Michael Haneke est un cinéaste du rebrousse poil, tout sauf complaisant avec les goûts du public, et avec la soi-disant « sagesse populaire ». Les enfants-tueurs (Benny’s Video), les mensonges de la vie bourgeoise (Code : Inconnu, Caché), le retour à la barbarie (Le Temps des Loups), rien n’a été épargné aux spectateurs (consentants) de l’autrichien. Ce système a trouvé son apex dans l’effroyable Funny Games, le chef d’œuvre d’Haneke, sa critique radicale du cinéma US, mais aussi, son repoussoir le plus absolu*.

Depuis son exil en France, le cinéma d’Haneke s’est un peu abâtardi, comme si le fait de diriger des comédiens français créait une barrière, un frein, à sa créativité et à sa virulence. Malgré des choses intéressantes, ses films sont devenus plus faibles…

Avec Le Ruban Blanc, un retour à l’allemand, Haneke renoue avec son exigence d’antan, un noir et blanc somptueux, une thématique passionnante. Mais coté histoire, c’est trop peu… En grand sadique, Haneke joue avec nos nerfs en bâtissant son histoire façon feuilleton du XIXème (« Le village s’éveillait tout juste de l’hiver quand survint un premier événement mystérieux »), pour mieux nous priver d’une résolution tant attendu des mystères… Certes, on ne souhaite pas tout savoir, découvrir qui a fait quoi, et pourquoi ceci a causé cela, ou que les méchants soient punis… Mais quand même un peu d’explication n’aurait pas été de trop. La fin dans les limbes, brutale, et voulue comme telle, est trop intellectuelle pour être honnête.

*Haneke déclara à la sortie qu’il ne comprenait même pas que les gens aillent voir son film.




samedi 19 juin 2010


Certains l’Aiment Chaud… Et Marylin
posté par Professor Ludovico dans [ Hollywood Gossip -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les gens ]

J’ai vu Certains l’aiment chaud il y a une dizaine d’années, et je n’avais pas été transcendé. J’aime bien Jack Lemmon, pourtant, j’apprécie Tony Curtis, et je vénère Billy Wilder (One, Two, Three, Sunset Boulevard, La Garçonnière, Spécial Première). J’aime aussi Marilyn, et je reconnais qu’elle a fait des bons films (Rivière sans Retour). Mais Certains l’Aiment Chaud ne m’a pas fait rire.

Aussi était je dubitatif quand l’ami Michel m’a proposé de lire Certains l’Aiment Chaud… Et Marilyn, le livre de souvenirs de Tony Curtis. Je n’aime pas les autobiographies, reconstitutions a posteriori, basées souvent sur des souvenirs parcellaires et subjectifs.

Rien de tout cala dans Certains l’Aiment Chaud… Et Marilyn. Peut-être parce qu’au crépuscule de sa vie (85 ans), Tony Curtis n’a plus rien à perdre, ni à prouver. Il se contente donc de raconter ses souvenirs, sans prétendre dresser un portrait exact de l’Hollywood des années 50. De plus, deux fois amant de Marilyn (avant, et pendant Certains l’Aiment Chaud), Curtis fait preuve d’une réelle tendresse et empathie pour la femme, ce qui rend sa critique de l’actrice d’autant plus crédible.

Car l’Hollywood qu’il dépeint – même ce n’est pas une révélation – est saisissant. Marilyn est alors la pin-up de l’Amérique, elle dépoussière le puritanisme ambiant, et ouvre la portes des sixties. Mais la star en veut plus. Marié depuis peu avec l’écrivain Arthur Miller, elle s’est mise en tête de devenir une vraie comédienne et prend des cours à l’Actors’ Studio. Première pique de Curtis : « S’il vous faut vous remémorer le jour où votre petite sœur vous a piqué votre beurre de cacahuète pour jouer cette scène, c’est que vous n’avez rien à faire devant un caméra ! » Et Curtis d’expliquer le rôle maléfique des Strasberg, en permanence derrière Marilyn : « Avant eux, elle marchait sur la corde raide en souriant au dessus du précipice. Après les Strasberg, elle ne voyait plus que le précipice. »

Curtis raconte alors que si le tournage débute bien, il s’enlise rapidement dans les caprices de Marilyn, capable d’enchaîner des plans séquences sans problème, mais incapable de jouer les scènes les plus simples : 46 prises pour dire quatre mots « Où est ce bourbon ? », 81 pour ouvrir une porte en disant « Bonjour, je suis Sugar ! ».

C’est à ces anecdotes-là que l’on peut comprendre les rapports qui ont fait et font toujours Hollywood : Marilyn ne sait pas son texte, arrive dix heures en retard sur le plateau, ne trouve plus le chemin du studio, mais jamais, au grand jamais, elle ne sera virée. Car c’est elle, la Star la plus bankable du moment. Car comme l’explique Billy Wilder : « J’ai une tante qui est actrice à Vienne. Elle est jolie, sérieuse, toujours à l’heure, ne pose jamais aucun problème. Mais au box office, elle vaut seize centimes. » Tout est dit, Hollywood plie devant l’argent, comme il l’a fait devant Chaplin, mary Pickford, puis Elisabeth Taylor, Francis F. Coppola, ou aujourd’hui Jennifer Anniston ou Angelina Jolie. Tant que vous rapportez de l’argent, pas de problème. Mais si jamais vous n’en ramenez plus…

Certains l’Aiment Chaud se finira dans le drame, en retard, hors budget, et avec la fausse couche de Marilyn, les insultes entre Miller et Wilder, et sortira dans le chaos. La critique sera mitigée, mais la censure laissera passer, à la grande surprise de Wilder, les acteurs travestis, les scènes ouvertement sexuelles, et les tenues osées de Marilyn. Le film débutera tout doucement, pour devenir, grâce au bouche à oreille, le 3ème succès de l’année derrière Ben Hur et une comédie désormais oubliée.

Car la postérité a fini par couronner le film, même sans l’aval du Professor : « Personne n’est parfait ! »




samedi 19 juin 2010


Lost et la VOD
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Lost est au bout du chemin, un chemin tortueux, de montagne, encore loin du sommet qui nous permettrai d’embrasser la vue, superbe parait-il. En attendant, des soucis bénins de magnétoscope nous obligent à tester cette magnifique invention qu’est la VOD. Las ! La Video On Demand est encore loin d’être parfaite. Certes, ce n’est pas cher (entre 2 et 3 euros l’épisode, mais si on les achète tous, c’est bien plus cher qu’un coffret, sans les VO, ni les inutiles bonus…

Mais surtout, c’est tout pourri, avec une image de mauvaise qualité (loin de la HD gratuite sur TF1). Certes, ça a le mérite de proposer la VO… mais il manque un épisode (le 9) au catalogue ! Sans parler de l’ergonomie, très pratique pour acheter Amicalement Vôtre ou Zorba le Grec, mais pas les séries qui commencent par M ou N (83 pages à feuilleter avant de trouver votre série préférée)…

Encore une raison pour le CineFaster de râler, et, comme d’habitude, il exagère ! Si ça peut être beaucoup mieux, la VOD, c’est déjà un paradis pour cinéphile… Comme le disait Paul Schrader à des gamins des 80’s qui se plaignaient des VHS : « De quoi vous vous plaignez, les jeunes ?! Nous, de notre temps, on devait dégoter une copie de Godard en 16mm, trouver un projecteur, refaire les collures sur les bobines cassées, et tendre un drap blanc dans le salon pour voir le film… »

Alors la VOD, finalement…




jeudi 17 juin 2010


France – Mexique
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]

Quel meilleur dramaturge que le sport ? Et parmi les sports, le football ? Bien sûr, il y a le tennis, un affrontement à mort, une corrida terrible sur le sable rouge de Roland Garros. Le rugby, une histoire, éternellement recommencée, de sang anglais versé à Twickenham sous les coups des barbares celtes…

Mais le foot, c’est le vrai drame, la vraie tragédie antique. Car quelque soit la physionomie du match, il y a toujours la possibilité d’un retournement de situation. Même à la 88ème minute devant TF1, en ce 17 juin sinistre, on croit encore que les français vont coller deux buts aux petits aztèques ridicules qui humilient nos stars d’Arsenal et du Real de Madrid. On y croit, malgré l’expérience, malgré les statistiques implacables.

On ne veut pas admettre qu’on est déjà mort.

« J’avais une radio portable que je trimballais partout. A la plage, au cinéma – là où j’allais ma radio allait. J’avais seize ans. Et j’écoutais les matches des Dodgers sur le toit. J’aimais être seul. C’était mon équipe. J’étais le seul fan des Dodgers dans le quartier. Je mourais intérieurement quand ils perdaient. Et c’était important de mourir seul. Les autres me dérangeaient. Il fallait que j’écoute tout seul. Et la radio me disait si j’allais vivre ou mourir. »
Don De Lillo, Outremonde




lundi 14 juin 2010


Training Day
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Brèves de bobines -Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Les films ]

D’un livre, on dit qu’il vous tombe des mains. Mais c’est quoi, l’équivalent cinématographique de cette expression ? Tomber des yeux ? En tout cas, c’est ce qui m’est arrivé avec Training Day, pourtant auréolé d’une belle réputation de « film ultra-réaliste sur le métier de flic », et de la performance d’acteur de Denzel Washington (ce qui lui valut d’ailleurs l’Oscar)

Las. Au bout de dix minutes, je en pouvais plus ! Cabotinage de Mr Washington, air de jeune vierge effarouchée d’Ethan Hawke, son partner blanc, et tous les clichés y étaient déjà passé « suck my dick, motherfucker » et autres intimidations crypto-gay. A se demander si tant de virilité ne cache pas quelque passion secrète pour les films de gladiateurs.

J’ai donc effacé les 4 milliards d’octets qui encombraient ma Box, en vue d’enregistrer des spectacles plus réjouissants (France-Argentine, par exemple).

Mais ce qui est intéressant là-dedans, c’est le rapport au cinéma. En salle, je serais resté jusqu’au bout, pestant contre machin ou truc, assis à côté de moi, et m’ayant entraîné dans cette galère*. Non la télé, c’est du jetable, du deuxième choix. On prend, on jette, malgré nos lecteurs Blu-Ray, notre Home Theater et notre écran Full HD. Godard disait que la télé se regarde de haut (nous) vers le bas (l’écran), tandis que le cinéma, c’est l’inverse, comme l’adoration d’un quelconque dieu païen. Ou comme dit Tony Curtis dans Certains l’Aiment Chaud et Marylin, de ces demi-dieux de dix mètres de haut sur l’écran du Loew’s, mais j‘y reviendrais…

*Rappelons que le Professore ne fait JAMAIS de mauvais choix, mais qu’il peut avoir été mal conseillé…




mercredi 9 juin 2010


Il Faut Sauver le Soldat Ryan
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

Le film de Spielberg, sorti en 1998, est exceptionnel à plus d’un titre : d’abord il fut le engendra une vague d’intérêt colossal pour la seconde guerre mondiale, un phénomène qui n’a pas faibli jusqu’à aujourd’hui, bien au contraire.

Dégât collatéral : une impressionnante vague de jeux vidéo – preuve de la « jeunesse » de cette thématique : Call of Duty, Battlefield 1942, Medal of Honor. Mais c’est surtout sur le plan cinématographique que Il Faut Sauver le Soldat Ryan fut séminal.

D’abord sur un plan esthétique : si le film est plutôt conventionnel sur le fond (solidarité et amitié entre soldats, respect des valeurs morales, courage, Spielberg ne s’est jamais caché de vouloir faire un film patriotique), Il Faut Sauver le Soldat Ryan est avant tout une percée dans le genre du film de guerre.

Par ses vingt premières minutes époustouflantes, qui restent marqué à jamais dans une tête de cinéphile ; sa capacité à vous projeter, dès la deuxième scène, in media res, du débarquement d’Omaha Beach. Ces plans sont désormais recopiés à l’infini, dans Troie, Le Choc des Titans et récemment Robin des Bois.

Ensuite, Il Faut Sauver le Soldat Ryan étonne par sa volonté de réalisme, peu compatible avec le cinéma spielbergien d’une part, et le propos patriotique d’autre part. Derrière le réalisme photographique, derrière la reconstitution minutieuse (chars, fusils, uniformes, jusqu’au son des détonations), Spielberg court derrière l’idée de réhabiliter ces soldats. Cette minutie, souvent le joujou de cinéastes moins inspirés, sert ainsi un propos que depuis, Spielberg et Tom Hanks ne cessent de ressasser : avec Band of Brothers, et bientôt avec The Pacific. Reconstituer pour rendre hommage, d’autant plus que ces soldats ne furent pas des anges. Quel meilleur hommage, dès lors, que de montrer la vérité toute nue ?

Aussi, pour la première fois dans un film américain grand public, voit-on des soldats américains tuer des prisonniers allemands sans défense. D’abord dans le feu de l’action, juste après le bain de sang d’Omaha Beach (le spectateur est alors dans une sorte de position de légitime défense). Il comprend la brutalité de la guerre, la soif de vengeance irréfléchie. Mais cette scène se répète plusieurs fois. Et les soldats américains ricanent. Et surtout, cette soif de vengeance va atteindre un apex avec le personnage de l’interprète (Jeremy Davies, le Faraday de Lost). Ce jeune GI intello sauve en effet un soldat allemand, invoquant les lois de la guerre, alors que ses collègues réclament vengeance, après l’assaut de la station radar, qui a valu la mort d’un de leurs amis. Tom Hanks, le capitaine cède à sa demande et libère l’allemand contre l’avis de ses soldats. Mais on retrouve l’allemand à la fin du film, dans la poche de Valognes, où il aura rejoint ses camarades pour participer au combat, une fois de plus, contre les américains. Comme si cette idée, pourtant évidente, de retour à la guerre lui était insupportable, le soldat intello, l’abat tout en libérant d’autres prisonniers allemands…

Enfin, reste – et c’est ce qui frappe aujourd’hui – le débat clef du film : faut-il tuer des hommes pour n’en sauver qu’un ? Une façon bébête, mais pédagogique, de poser la question de la guerre : qu’est-ce qui est inacceptable, qu’est-ce qui doit être combattu, éventuellement par la force.

Le génie du film, c’est de ne pas glorifier la guerre, une rareté dans le cinéma mainstream. Même si les horreurs de la guerre sont souvent montrées dans la phase d’exposition, on revient vite à un œil pour œil, dent pour dent biblique et cathartique, où la plupart des gentils sont sauvés et la plupart des méchants sont tués.

Ici, même si les américains gagnent à la fin, c’est presque par hasard (un avion bombarde le char allemand, et le film s’arrête magiquement, préfigurant la fin gagesque de La Guerre des Mondes). Et si le soldat Ryan est sauvé, il devra mériter cette vie qu’on vient de lui accorder, car tous las autres sont morts ou ont sombré dans la folie, même les mieux équipés moralement (le capitaine, l’intello). 8 hommes se seront sacrifiés pour qu’un seul ne vive. Une définition du courage, de l’héroïsme, mais aussi de la solidarité indispensable à une nation : United we stand, divided we fall, comme toujours.




samedi 5 juin 2010


No Direction Home
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -Les films ]

« How does it feel
To be on your own
With no direction home
Like a complete unknown
Like a rolling stone?
»

Au début du documentaire de Martin Scorsese, Dylan dit ceci : « Beaucoup de gens disent avoir fui quelque chose, moi je crois que j’ai passé ma vie à rentrer à la maison. »

Le génie de Scorsese, qui n’a pourtant pas fait grand chose dans ce film, si ce n’est le monter, c’est de refuser les pièges du biopic : non il ne racontera pas tout Dylan, sa jeunesse et sa vieillesse, son « destin ». Non, il ne raconte qu’une seule chose, qu’une seule chanson : « Like a Rolling Stone », qui transforma Dylan en idole pop, tout en lui valant deux années d’injures quotidiennes sur scène de la part de ses fans de la première heure.

Qui peut résister à ça, sinon un garçon très intelligent, et très sûr de lui ? Après des mois à remplir les salles, avec ce public qui vient de plus en plus nombreux, et qui pourtant l’insulte tous les soirs (« Judas ! », « Traître ! » « Je ne te crois pas », répond-il), Dylan aura son mystérieux accident de moto. Il disparaîtra. Et ne fera plus de concert pendant huit ans.

Scorsese ne s’occupe pas de ça ; il conclut par ça. Conscient qu’une bonne dramaturgie préfère une bonne question à de mauvaises réponses.

Pendant les quatre heures de documentaires, qui ne couvrent donc que la période 61-66 (avec un peu d’enfance et d’adolescence), on écoutera les témoins (Pete Seeger, Al Kooper), les compagnes (Suzanne Rotolo, John Baez), et Dylan lui-même, mystérieusement normal, pour une fois. Pas de galipettes, pas de vacheries à la fin de chaque réponse. Un homme qui se penche sur son passé, pas une rock star. Rien que pour ça, Scorsese mérite une médaille.




mardi 1 juin 2010


Transformers 3 : Megan Fox remplacée par Rosie Huntington-Whiteley
posté par Professor Ludovico dans [ Brèves de bobines -Les films ]

Parfois le CineFaster prêche dans le désert. C’est le cas avec Transformers, dont on expliqua, au détour d’une projection mémorable dans un drive-in corse, qu’il annonçait une nouvelle hybridation Hollywoodienne : une créature étrange, à mi-chemin entre le conte spielbergien pour enfant, et la badboyerie bruckheimerienne.

Confirmation aujourd’hui, par cette vidéo pour le moins étonnante, en tout cas si l’on croit toujours que Transformers, « c’est que pour les enfants ! ». Victoria’s Secret, la marque de lingerie, félicite son top model Rosie Huntington-Whiteley, qui vient d’emporter le morceau pour Transformers 3. Exit Megan Fox, qui mettait le feu au pauvre Shia LaBeouf dans les deux premiers opus, exit Isabel Lucas, la Decepticon de choc de T2.

Voici donc Rosie Huntington-Whiteley, ex miss petites culottes et soutifs à balconnet, dans un film pour enfants qui jouent avec des camions de pompiers qui se transforment en autobot.

Que fait la censure ?