vendredi 30 juillet 2010
Millenium 2
posté par Professor Ludovico dans [ Les films ]
Millenium, c’est une sorte d’inverse de James Bond, un film d’action (mais de gauche), un truc de blondes, (mais pour brunes), une Grosse Connerie Américaine (mais Suédoise).
Millenium, c’est comme toute cette vague de polar « de gauche », qui essaie de faire du Manchette sans jamais y parvenir, qui prétend dénoncer plein de trucs super dégueulasses, comme la corruption, les sales magouilles des services d’espionnage, ou les violences faites aux femmes. Mais au final, tout ça n’est qu’un alibi.
Car, comme je l’ai déjà expliqué ici avec 24, ces films font preuve d’une grande complaisance vis-à-vis de ce qu’ils prétendent dénoncer.
Dans Millenium 2, par exemple, on dénonce le viol (mais on remontre deux fois la scène de l’épisode 1), on dénonce la corruption des riches, et leurs fantasmes sexuels débridés (mais on filme à nouveau une scène de sexe bondage), on dénonce la violence, mais on filme de la baston, de la baston, de la baston. Mais de gauche.
Tant pis si c’est complètement irréaliste, si on a du mal à comprendre les motivations de Lisbeth Salander, si le sempiternel refrain de la police-incompétente-et-corrompue semble un peu passée d’âge, on y retourne.
Je sais pourquoi je n’ai pas voulu lire les bouquins, je ne sais pas pourquoi je vais voir les films…
jeudi 29 juillet 2010
Les Beaux Gosses
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Les Jeunes. A-t-on jamais vu minorité plus maltraitée au cinéma ? Entre la vision idyllique, Spielbergienne, de l’enfant-roi, et la caricature façon American Pie, il y a pourtant de la marge. On compte sur les doigts d’une main les bons films sur l’adolescence. Quelques Truffaut, les films de Larry Clark ou Gus Van Sant (et encore, pas tous), les John Hughes…
Et aujourd’hui, Les Beaux Gosses ! Riad Sattouf réussit à maintenir l’équilibre, probablement parce qu’il est suffisamment empathique, suffisamment proche de ses personnages, pour ne pas être dans l’approbation totale. Ses ados sont montrés tel quels : boutonneux, racistes, violents, bêtes et moches… Mais on les aime quand même !! Parce qu’on les voit, à la fois avec le regard des adolescents que nous fûmes, et celui des parents d’ados que nous sommes devenus.
Ses héros sont réalistes (fringues, musique, tics de langage), donc ils sont émouvants, face à l’immuabilité de l’expérience humaine : le premier amour, l’expérience de la sexualité, la séparation nécessaire avec les parents…
Derrière la comédie, derrière un apparent amateurisme, Riad Sattouf dit des choses profondes et vraies.
jeudi 29 juillet 2010
Paradoxal progrès
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Certes, nous avons la full HD, un écran plat king size, un magnétoscope numérique, un disque dur 80Go, la VOD, la catch TV, Canal+ Décalé.
Mais aussi, derrière tout ca, l’idée tenace que la qualité télé est moins bonne qu’avant.
Je sais. C’est péché que de dire ça, d’aller ainsi à contre courant du discours dominant, des pub Free, Canal+ ou Sony : « qualité exceptionnelle », « réception full HD », « millions de couleurs… »
Mais la réalité, selon moi, est toute autre…
La qualité de réception télé est de mauvaise qualité, et pas du tout homogène sur le territoire ; et ce n’est plus, comme au temps du hertzien, un combat entre grandes métropoles et bled du fin fond du calvados. Aujourd’hui, les parisiens peuvent par exemple profiter d’une HD correcte via l’ADSL, tandis qu’à Vincennes ou à Suresnes, le débit est trop faible pour espérer regarder un programme correctement. Et même avec un debit correct, cette réception reste aléatoire : son haché, pixels, image figée. Ce n’est pas spécifique à l’ADSL. La TNT, le satellite génère les mêmes soucis. Les perfectionnistes d’antan ne pourraient pas enregistrer un film aujourd’hui pour le conserver précisément dans sa vidéothèque*.
Mais surtout, il y a mensonge sur la marchandise : peu de programmes sont réellement en HD : à part TF1, France 2, M6, Direct 8, BFM TV, NRJ 12, les autres chaînes diffusent en définition standard. Le pire, c’est probablement Canal+, qui devrait être le navire amiral de la révolution numérique, mais qui fait payer 10€ la possibilité de regarder… une seule de ses chaînes en HD !
Et, à l’intérieur même des programmes, tout n’est pas en HD : dans le journal de 20h, par exemple, seule Pujadas est en HD, les reportages étant le plus souvent filmé en résolution standard.
Les raisons sont compréhensibles : les coûts de tournage sont plus importants, les matériels coûtent chers, il faut renumeriser les films, et la HD pose beaucoup de problèmes techniques (essayez par exemple de garder un bon maquillage en HD, alors que le moindre défaut se voit !)
Matière à réflexion, peut-être, quand tout le monde vous exhorte à acheter une télé 3D…
*Mais est-ce le problème ? Les clients sont les premiers inconséquents : aujourd’hui, on se vante d’avoir Shrek4 avant sa sortie en salles, peut importe la qualité de cette copie, même si l’on a acheté un Mac grand écran pour la « perfection » dudit écran.
jeudi 29 juillet 2010
La dernière séance
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
L’été, c’est aussi l’occasion de fréquenter les petites salles, un sport que je ne pratique plus depuis l’apparition des multiplexes, garantie d’une projection de qualité et de fauteuils confortables.
Mais voilà, c’est l’été, séance de rattrapage tous les soirs, dans les salles qui projettent encore le film qu’on avait raté trois mois plus tôt : Tournée au MK2 Bastille (la salle où l’on entend le métro, les gens qui passent dans la rue, ou les deux, n’est-ce pas, James ?), Dans ses Yeux au Gaumont Alesia (salle minuscule, écran à l’échelle), et ce soir, Millenium 2 au Saint Lambert Nouvelle Version (rue Peclet, et pas à Balard, pour les nostalgiques). L’ambiance est donnée dès l’entrée : les sièges sont à vendre ! (En fait, ils sont déjà vendus, 15€ pièce).
Pas d’inquiétude, le Saint Lambert est en rénovation, il rouvrira à la rentrée. Il n’empêche que dans la salle, couleur rouge vif, stuc fifties, on croirait entendre Eddy Mitchell.
Je vous laisse, car les lumières viennent de s’éteindre, et le film va commencer…
mercredi 28 juillet 2010
Requiem pour Un Massacre
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Décidément, j’ai un problème avec le cinéma russe, ses outrances, ses excès, sa faconde un peu pénible. J’ai cru mourir au travelling final du Stalker de Tarkovski, et depuis, j’évite. Mais comment résister à Requiem pour un Massacre, sur les partisans biélorusses lors des exactions nazies ? C’est forcément un sujet pour Le Professore.
Ca commence par vingt minutes d’exposition sur la paysannerie russe, la vie des partisans dans la forêt (récurer le faitout, faire cuire la viande, se doucher sous les arbres…), le tout ponctué de bourrades slaves, de grands éclats de rire hystériques, et d’improbables plans face caméra… Du cinéma russe, donc.
Heureusement, les allemands ont le bon goût de commencer le bombardement à ce moment-là. On a rarement filmé un pilonnage d’artillerie de cette manière (et c’est un artilleur qui vous parle !) ; les arbres sont déchiquetés, le héros devient sourd, la terre soulevée recouvre tout…
On repart ensuite pour quelques aventures lourdement symboliques, comme le franchissement d’une tourbière, interminable (Stalker, part two). Puis des nazis encerclent le village et massacrent la population. C’est incroyablement bien filmé, mais toujours aussi hystérique. La vengeance, et le message final qui tombe comme un cheveu dans le bortsch (« tuer le Hitler qui est en nous ») ne réussiront pas à nous convaincre.
Si l’on intègre le fait que le film a un quart de siècle, on y trouvera quelques excuses, car il est formidablement réalisé, mais c’est tout.
mardi 27 juillet 2010
Haro sur la 3D
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... ]
Au moment où sortent de nouveaux opus de Toy Story, de Shrek – en 3D évidemment -, où le producteur de l’ogre vert, Jeffrey Katzenberg, fanfaronne sur « le futur du cinéma », il est intéressant de se plonger dans la presse de la Mère-Patrie (Newsweek et le New York Times*), deux titres qui viennent de sortir des articles vengeurs sur le mythe de la 3D.
Celui qui s’attaque à cette nouvelle technologie n’est pas n’importe qui, c’est Roger Ebert lui-même. Roger Ebert, une icône populaire aux Etats Unis, qui a popularisé avec son compère Gene Siskel, l’expression « Two thumbs up! » : dans leurs émissions de télé, les deux chroniqueurs s’étripaient sur les films de la semaine. A la fin, à la romaine – pouce levé ou pouce baissé – les deux compères décidaient du sort du film. Deux pouces levés étaient rarissimes, signe d’un film immanquable*
Dans Newsweek, Ebert passe la 3D à la moulinette : ça fait mal aux yeux, c’est sombre, les lunettes diminuent le champ de vision, ça n’apporte rien à l’histoire, c’est cher pour le spectateur, c’est souvent de la fausse 3D (recollée en post-production comme dans Le Choc des Titans), et surtout, ce n’est pas adapté à tous les films « Irez-vous, ironise-t-il, voir le dernier Woody Allen, parce qu’il est en 3D ?»
Le New York Times reprend peu ou prou les mêmes arguments, y ajoutant le lobbying intensif des studios pour que les salles s’équipent. Car ce qu’il faut comprendre, c’est l’immense enjeu économique qui se cache derrière cette pseudo polémique « artistique » : pas moins d’un tiers du prix d’un billet de cinéma.
En effet, grosso modo, la moitié de votre billet va à la salle, et la moitié au distributeur. Il paye ses frais, prend sa marge, et rend ensuite le reste – le net – au producteur.
Car le distributeur a beaucoup de travail ; c’est lui, à ses frais, qui tire des copies du film pour qu’il soit diffusé dans les salles, qui assure les frais de marketing, d’affichage, de promotion. Le distributeur a la main sur le nombre de copies, la stratégie de distribution, et quelque part, la longévité du film en salles : c’est lui qui « dimensionne » le film : 10 copies (50 000 euros) ou 600 copies (4 millions d’euros)
D’où l’intérêt d’équiper les salles en numérique, ce qui est comme par hasard, indispensable pour la 3D. En supprimant la partie copie (qui pourrait être remplacé par la fibre optique et un gros disque dur dans la salle), l’industrie du cinéma se débarrasse donc d’un poste coûteux.
L’Ogre Shrek n’est pas celui qu’on croit.
*On les voit faire dans Y’a-t-il un Pilote dans l’Avion
C’est là :
– NYT du 7 mai 2010-07-11
– Newsweek du 30 avril
– Les Echos, de leur côté, se demandent le « Quels contenus pour la 3D ? »
vendredi 23 juillet 2010
Les Tudors, saison 3
posté par Professor Ludovico dans [ Les films -
Séries TV ]
« Sir Thomas !», « Yes, Your Grace ? », c’est reparti pour une troisième saison des Tudors, la saga BCBG de Michael Hirst.
Heureusement que les Tudors sont passionnants, côté historique (même si peu véridiqus), parce qu’on commence à se lasser du manque de compétences de Mr Hirst en matière de mise en scène ! Heureusement, il y a de beaux costumes, de beaux décors, de beaux comédiens, et on apprend plein de choses… mais sinon, c’est un peu planplan. Scène type : le personnage A entre dans la pièce ; « Bonjour A », lui dit B. « Bonjour B », lui dit A. C’est pédagogique ; au cas où on aurait oublié qui sont les deux gusses, qu’on suit déjà depuis 24 épisodes. A explique ensuite – en général pour la troisième fois – qu’il arrive l’événement z, et qu’il en est fort préoccupé. On savait déjà. Seule variation : le costume : vert, blanc, rouge, ou à poil (assez souvent)…
Mais le reste, la narration, les sentiments, les motivations de ses héros, tout ça, Michael Hirst n’en a cure. De nouveaux personnages apparaissent sans explication (Sir Francis, ou le légal du Pape). C’est la nouvelle saison, c’est comme ça… Henry VIII est blessé à la jambe, on ne sait pas pourquoi.
Hirst s’en fiche. Il est en train de peindre les 300 figurines de son petit diorama au 1/72ème : « L’Angleterre de 1536 » Oh le joli lansquenet ! Ah ! le légat du Pape, tout en rouge !!
Si ça ne vous plaît pas, il s’en fiche. Vous avez le droit de regarder, c’est tout.
Les Tudors,
le dimanche soir (20h45) sur Canal+
mardi 20 juillet 2010
Les Moissons du Ciel
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films ]
Il pourrait y avoir trois angles différents à cette chronique : les ressorties estivales, la collectionnite aiguë du cinéphile, ou le cas Malick. Qu’à cela ne tienne, on va faire les trois.
Avant, l’été, c’était le temps béni du CineFaster. Un : Kubrick ressortait un de ses chefs d’œuvres en copie neuve. Bon, on a vu huit fois Orange Mécanique, mais en copie neuve, ca ne se refuse pas. Deux : les festivals d’été. Le Max Linder s’en était fait une spécialité : ressortir en salles quelques chefs film cultes. Par exemple : les trois Parrain dans l’après midi. (Bon, ça, je déconseille…).
Mais maintenant, les stations touristiques sont bien dotées en salles, et Hollywood investit l’été comme au pays natal, avec le crucial 4 juillet. L’été est donc devenu la rampe de lancement des grosses machines, avec l’espoir de tenir jusqu’en septembre, par exemple : Shrek 4 et Toy Story 3.
Donc exit les grosses ressorties, sauf le Malick, invisible en salles depuis des lustres. Ce qui nous amène à l’angle numéro 2 : la collectionnite aiguë. Car le cinéphile est lui aussi un collectionneur ; pas l’espèce vulgaire, qui entasse les DVD sur son étagère en rotin, comme on le faisait jadis avec Tout Rabelais, relié pleine peau, aux éditions Jean de Bellot.
Non, le cinéphile collectionne du virtuel, des trucs en vrac dans la tête : des scènes célèbres, des répliques cultes, des filmographies exhaustives. Tout Mocky, c’est difficile, mais tout Malick ; fastoche ! 4 films en quarante ans, pas le temps d’avoir la migraine. Mais après tout – et c’est ce qui nous amène à l’angle numéro 3 – quid de l’œuvre Malick ?
Sous le charme de La Ligne Rouge, Le Professore lui-même avait succombé à la hype Malick : M. Le Maudit, le Misanthrope d’Hollywood, l’Auteur de Chefs d’Œuvres Immortels : de quoi nourrir tout Kubrickien normalement bâti.
Mais après Un Nouveau Monde alléchant mais prétentieux, Badlands, intéressant mais désormais daté, on peut également ranger Les Moissons du Ciel dans la dernière catégorie. C’est beau (très beau, même, photo de Nestor Almendros), c’est social (1916, le sort du lumpen prolétariat US, de la sidérurgie à la paysannerie (à la mode Les Portes du Paradis), c’est Malickien (la nature, le ciel, la barbarie humaine qui vient gâcher tout), mais ca reste très marqué 70’s et pas du meilleur. Dans le genre récit déconstruit, on préférera Antonioni ou Godard.
Donc c’est à voir, mais ça ne mérite pas l’étagère en rotin.
lundi 19 juillet 2010
Mais Où Est Donc Passé la Septième Compagnie ?
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films -
Pour en finir avec ... ]
L’été, c’est redif’ à tout va, et c’est du lourd cette année : Le Chanteur de Mexico (1957), Le Gendarme de St Tropez (1964), et Mais Où Est Donc Passé la Septième Compagnie ? (1973)
Ce dernier tient une place particulière dans la filmographie du Professore ; il fait partie des rares films que j’ai vus au cinéma en étant enfant, et j’en garde d’excellents souvenirs, dont des rigolades ininterrompues avec ma mère. En outre, ce film (et ses suites) remportèrent d’énormes succès à l’époque (4 millions de spectateurs, par exemple, pour le premier opus).
C’est donc se replonger à la source que de les regarder, 37 ans après, dans l’espoir de retrouver quelques scènes cultes : « J’ai glissé chef » et autres « Le fil rouge sur le bouton rouge »*…
Mais malheureusement, s’il y a bien quelque chose qui subit vraiment l’outrage du temps, c’est l’humour. Certes, on n’est pas forcé de s’attendre à Citizen Kane, mais là, c’est plutôt Le Désert des Tartares.
Pendant une heure – montre en main – pas de gag ! Rien. Et même, plutôt, du drame. Une patrouille – pas fut-fut’ – perdue dans un cimetière. Une compagnie (la 7ème, donc), prisonnière des allemands. Pas de gag, mais plutôt le blues, version « drôle de guerre ».
Et puis les premiers gags arrivent, et là, c’est le drame ! On voit bien le positionnement des gags, là où on devrait rire, mais on ne rit pas. Chaussettes trouées, mimiques de Jean Lefevbre, allemands ridiculisés, les zygomatiques restent coincés.
A la fin du film, on aura ri deux ou trois fois. Avec l’impression troublante d’avoir visité le Jurassic Park de l’humour français.
*en fait dans un sequel : On a retrouvé la Septième Compagnie, ou La Septième Compagnie au clair de Lune.
mercredi 14 juillet 2010
Carlos
posté par Professor Ludovico dans [ A votre VOD -
Les films -
Séries TV ]
Après quelques péripéties footballistico-magnetoscopières, on peut enfin finir Carlos, le biopic-événement. Enfin, l’événement auto-décreté par Canal+. Car à part l’ambition du projet, on ne voit pas vraiment ce qu’il y a d’événementiel dans Carlos.
Carlos, le film, c’est un peu Tintin. Le Tintin première période, Tintin chez les Soviets, Tintin en Amérique, Tintin au Congo, etc. C’est à dire, pas le meilleur. Comme disait Hergé : « A l’époque, on dessinait une page, un gag à la dernière case, et on ne savait pas trop ce qu’on mettrait la semaine suivante »
Dans Carlos à Vienne, Carlos au Yémen, ou Carlos et les Prostituées de Budapest, c’est pareil. Assayas est un garçon doué avec une caméra, pas de doute. Les acteurs sont bons, la reconstitution est aux petits oignons (on a ressorti une impressionnante collection de 4L, de R12, et de Peugeot 304.
Mais c’est à peu près tout.
Carlos tue des gens, fait de grandes déclarations dialectiques, des dizaines d’avions se posent sur des dizaines d’aéroport, « Aéroport d’Aden, Mai 1979 », Carlos
fume une clope, boit un verre de whisky, achète des armes, fume une autre clope, vend des armes, fume une clope, prend des otages à Vienne, fume pleins de clope… Carlos est une véritable ode au tabac, pas une scène sans voir nos héros la clope au bec, quand ce n’est pas Jacques Vergès ou le Colonel Rondot. Au bout d’un moment, ça en devient presque drôle.
On se croirait un peu dans OSS 117.
Mais à part ça ? L’influence de Carlos qui décline dans les années 80, son discours qui devient confus, ses errements dialectiques, on ne saura rien du personnage Carlos, de ses envies, de ses motivations. Est-il un grand méchant ? Un benêt !? Un voyou auto-investi d’un rôle historique ? On ne le saura pas, parce qu’Assayas reste sagement à distance, sans prendre parti. Pas de point de vue, pas d’enjeu, pas de personnage, pas de dramaturgie.
N’accablons pas trop le cinéaste ; on sent bien qu’Assayas n’est que l’exécutant de luxe, la caution « intello » de Canal.
Intéressant pour quiconque s’intéresse à la periode, mais inintéressant pour le cinéphile. Rétrospectivement, La Bande à Baader, c’était pas mal.