Quand Battlestar Galactica se met à citer le Poète de Hibbing, on n’est pas loin du Saut de Requin. Mais pour vérifier cette intéressante hypothèse, il faudra regarder la quatrième saison.
On était dans les dernières minutes de Croisements, le double épisode final de la saison 3. C’est là qu’on s’est mis à se poser des questions : « There must be some way out of here… » Est-ce que Ronald Moore nous plaçait sa petite citation pour le fun, ou jouait-il simplement avec nos nerfs ? Nous, à qui l’on reproche de voir « trop de choses » dans les films ? Mais non, ça se confirmait, c’était même la solution de l’énigme qui traînait depuis deux ou trois épisodes, relançant BSG, par le plus grand cliffhanger depuis sa création, pour une quatrième saison qui promet d’être apocalyptique.
La troisième était à vrai dire un peu creuse (selon les standards BSG évidemment) : 4 premiers épisodes fabuleux, 3 ou 4 épisodes moyens, et 4 derniers épisodes fantastiques. Dont ce final-procès, sorti du diable vauvert. Cliché US s’il en est – le film de tribunal -, le dernier épisode réussit la performance d’éviter les stéréotypes habituels, d’asséner les leçons de morale habituelles (que doit être une démocratie en temps de guerre ?) et de lancer la quatrième saison.
« There must some way out of here » peut aussi être vu comme le message crypté, le SOS de scénaristes au bout du rouleau… Drôle d’histoire en effet que celle de Battlestar Galactica : la chaîne Scyfy n’avait promis qu’une saison, puis devant le succès, en avait demandé cinq de plus, pour finalement demander à ses géniteurs de jeter l’éponge à la quatrième.
Plus qu’une, Boss ! says the Joker to the Thief. Too much confusion, I can’t get no relief…
On verra ça très prochainement, dans le lecteur DVD du Professore.
J’adore ce genre de voyage dans le temps, qui nous est proposé par Allociné cette semaine : relire les critiques de l’époque sur Retour vers le Futur. Le film, devenu une référence aujourd’hui, y est éreinté par Libé, ce qui n’est pas vraiment une surprise ; et encensé… par France Soir !
Je vous laisse lire :
Première : « Cette mouture comédie s.f.-pop-corn a beau avoir battu des records d’entrées aux Etats-Unis, elle a beau être un pur produit de l’école Spielberg-Zemeckis, on a bien du mal à y voir autre chose qu’une exploitation facile de l’imagerie rock’n’roll et (encore) une glorification un peu bêta de l’Amérique, une ! » (Stella Molitor)
Le Monde : « On accepte ou non, on vibre ou non à cette charge démente concoctée par ces purs cinglés de cinéma que sont ceux de la bande à Spielberg, le producteur du film. Ne projetons pas notre moralisme sur ce conte déchaîné franchement drôle, témoignage paroxystique d’une société qui ne doute de rien. » (Louis Marcorelles)
Le Quotidien de Paris : « Un exploit enchanteur qui s’accompagne aussi d’un retour aux « fifties », très habile, à une ancienne fureur de vivre qui fait rêver aujourd’hui, sans oublier l’hommage au rock et à ses pionniers. (…) Il faut donc saluer l’intelligence des prouesses de la mise en scène, qui ne se résume pas aux effets techniques, aux trucages époustouflants, mais réussit le mariage du style futuriste et rétro comme au temps fabuleux des surréalistes. » (Anne de Gasperi)
Le Matin : « Back to the future, dites-vous ? On a plutôt envie de dire « No Future ». Pour l’instant, entre la guimauve faussement nostalgique et l’hémoglobine communiste, vous n’avez que l’embarras du choix. » (M.P.)
Libération : « … un des plus consternants navets qu’ait produit la bande à Spielberg… (…) « Retour vers le futur » est le ramassis d’images le plus inoffensif que l’Amérique nous ait envoyé depuis des années. Quant à Bob Zemeckis, son amour des mouvements d’appareils pour rien, son manque de temps absolu dans la direction d’acteurs, sa conception hystérique de la mise en scène en font d’ores et déjà le prétendant idéal de Tavernier américain. » (L.S.) (Louis Skorecki, qu’on a connu plus inspiré ?)
France-Soir : « Retour vers le futur, spectacle agréable et délassant, risque, avec le temps, de devenir un film de référence. » (Robert Chazal)
Merci Allociné !