vendredi 26 novembre 2010


A la Maison Blanche, saison 6
posté par Professor Ludovico dans [ Séries TV ]

Quel talent ! Après avoir perdu « Magic » Sorkin*, on aurait pu croire A la Maison Blanche partie en déshérence, et pourquoi pas, partie « sauter le requin ». Il n’en est rien, mieux, la série réussit là où la plupart des shows échouent : elle mue.

Une série qui marche est toujours basée sur des concepts très forts, rédigés en dur dans une « Bible » qui n’a pas vocation à changer : Seinfeld déteste Newman, et ça durera neuf saisons. Mulder et Scully sont attirés l’un par l’autre, mais il ne se passe rien…

Sauf quand… les scénaristes en décident autrement. Et quand ils le font, c’est souvent parce que la série est en baisse… Or les téléspectateurs, s’ils aiment Seinfeld, c’est parce qu’ils trouvent que cette haine de Newman est géniale, et qu’ils sont titillées par la TSI (Tension Sexuelle Irrésolue) entre nos Agents du FBI. Si ça change, ça pose problème. Ce qui peut être très excitant (le baiser entre Mulder et Scully, (en fait un clone), peut aussi démolir une série (la fin gnangnan de Friends).

Mais là, dans A la Maison Blanche, les scénaristes négocient à la perfection des virages pourtant très serrés.

D’abord, il y a des changements hiérarchiques ; un chef s’en va, qui le remplace ? Le nommé ne fait évidemment pas l’unanimité, mais surtout, il fait partie des personnages principaux. Ça pose donc un problème à la Maison Blanche (la vraie), mais surtout un problème, ça pose un problème dans la série : nous étions habitués à une bande d’amis idéalistes, au service de l’Amérique, de la démocratie, du président Bartlet, et les voilà jaloux, divisés, carriéristes, alors que la reforme de la santé patine, et toujours pas de paix au Moyen-Orient ! De même, la fin du deuxième mandat Bartlet approche, et les persos doivent placer leurs pions, penser à leur avenir : soutiendront-ils l’aile droite du parti, chez ce cowboy de Vice-Président ? Où succomberont-ils aux sirènes d’un autre candidat ? Toutes ces questions, qui rendent soudain la série plus noire, plus grave, auraient eu raison de n’importe quel drama de seconde zone. Mais l’Air Force One d’Aaron Sorkin est si bien conçu qu’il continue de voler parfaitement sans pilote, et même en zone de turbulences…


*Aaron Sorkin, créateur et – fait incroyable – unique scénariste de la série, showrunner surbooké et cocaïné, a été mis d’autorité en cure de désintoxication à la fin de la saison 4. C’est John Wells qui s’est occupé (scénario compris) des saisons 5, 6 et 7… Aaron Sorkin est aussi le scénariste de petits films méconnus : Des hommes d’honneur, Le Président et Miss Wade, La Guerre selon Charlie Wilson et The Social Network




vendredi 26 novembre 2010


Goncourt-Oscars, même combat
posté par Professor Ludovico dans [ Le Professor a toujours quelque chose à dire... -Pour en finir avec ... ]

Pour la première fois de ma vie, je lis un Prix Goncourt. Peut-être parce que c’est Michel Houellebecq, et que j’ai tous ses livres sauf un. J’ai adoré Houellebecq, quand je l’ai découvert à ses débuts, avec Extension du Domaine de la Lutte et Les Particules Élémentaires. J’ai été déçu, puis énervé, par le systématisme porno de Plateforme… et je n’ai pas lu (ni vu) La Possibilité d’une Ile.

La Carte et le Territoire, pour sa part, est un livre distrayant, bien écrit, mais pas un chef d’œuvre. Pourtant, c’est lui qui a le Goncourt cette année. Ce qui me ramène à CineFast et qui valide ma théorie sur les prix – quels qu’ils soient -, ces autocélébrations professionnelles à qui l’on donne l’apparence de compétitions définitives.

On peut avoir son panthéon personnel (mon film préféré c’est Apocalypse Now…), un panthéon Critique (les films de l’année pour les Inrocks…) ou populaire (nos lecteurs ont voté, c’est Mes Amis, Mes Amours, Mes Emmerdes…) Mais l’idée qu’une bande de vieux croûtons (l’académie Goncourt), de starlettes (le « Jury » de Cannes) ou de techniciens et d’acteurs yankees (les Oscars) me disent qui est le meilleur livre, film, acteur, ou costumière de l’année me consterne.