Que faut-il faire pour vous convaincre de regarder la meilleure série française du moment ? Il faut avouer qu’elle a peu d’atouts dans sa manche (pas de Président des Etats-Unis à sauver d’un complot islamique, pas de violence, pas d’hélico, pas de mafia, pas de sexe…)
Elle passe sur France3 (la hooooonte !), n’a pas d’acteur bankable ou de chaudasses à mettre dans Télé7jours. Même les habituels fans WW2 boudent leur plaisir : pas assez de porte-avions japonais, de Panzer IV, ou d’infirmière SS)
Non, Un Village Français, c’est juste la chronique la plus réaliste qui soit d’un village à l’heure allemande, ses petites compromissions (travailler, discuter, sympathiser, coucher avec des allemands) Des compromis qui, on le sait, deviendront de grandes fautes en 1944, quand le pays balaiera ses millions de lâchetés en tondant quelques femmes et et en épurant – quel joli mot – quelques milliers de collabos.
Comme le dit si bien François Delpla à propos de Marlene Dietrich dans son excellent Petit Dictionnaire Enervé de la Seconde Guerre Mondiale : on ne naît pas antinazi, pas plus qu’on ne naît nazi.
Un Village français parle très exactement de ça : la zone grise où tout le monde, oui, tout le monde, peut basculer, du communisme à la résistance, du commissariat de police à la collaboration, de la collaboration économique à la résistance.
Une leçon d’humilité à l’intention de ceux, à l’indignation souvent automatique, qui savent déjà ce qu’ils auraient fait dans de semblables circonstances.