On devrait toujours écouter ses amis. Quand mon Phiphi à moi m’a dit « Michael Clayton, ouais, c’est pas mal. Ca te plairait ! » J’aurais dû l’écouter. Et y aller. Right away. Peut-être qu’il aurait du être plus dithyrambique, le Phiphi, à la façon des ados, ou donner une note sur dix à la façon des critiques de cinéma télé, mais, en fait, il a raison, on a passé l’âge.
Au final, je n’y suis pas allé ; trop de Djjjoordge, trop de bogossitude cool mâtinée de conscience sociale, trop de What else ?
Mais l’idée a fait son chemin, et quand Michael Clayton est passé sur la chaîne avec un +, je l’ai enregistré. Il traînait donc sur mon disque dur quand je suis passé à l’attaque avant-hier soir…
Eh bien, c’est très bien ! C’est une sorte d’Erin Brockovich à l’envers (décidément Soderbergh – qui produit – a un problème avec les multinationales !)
Ça commence donc par une grosse boite agrochimique qui a empoisonné des agriculteurs avec ses engrais, et qui fait face à une class action qu’elle est sûre de perdre. Un cabinet d’avocat, dirigé par le toujours génial Sidney Pollack (pourquoi n’a-t-il pas fait l’acteur dans plus de films !) essaie de leur sauver la mise. Mais un des avocats, et l’un des meilleurs, pète les plombs et se retourne contre ses employeurs, et son client.
C’est là qu’intervient Michael Clayton (George, bien sur !) : ancien flic, avocat freelance, qui intervient dans la zone grise pour gérer les mauvais coups. Le voilà chargé de ramener son collègue et ami à la raison.
Cette histoire, somme toute classique, Tony Gilroy* a le talent de la cacher dans une trame scénaristique complexe. Un scénario qui commence par la fin ; des images mystérieuses, un puzzle que le spectateur essaie de recomposer : Clayton jouant au poker, une femme en sueur dans les toilettes, un prêteur sur gages… Petit à petit, les pièces s’imbriquent, le sens prend forme, jusqu’à une conclusion qui reste classique, mais, de par ce traitement, se révèle brusque et inattendue.
Acteurs excellent, musique et cinématographie parfaite : on est sous le charme – doublement – de Michael Clayton. Et on peut reconnaît un bon réalisateur à son courage : celui, par exemple, de tout miser sur un plan séquence final, dans un taxi : sur le sourire énigmatique de George Clooney.
*Encore un monsieur qui a travaillé sur Armageddon (Adaptation du scénario)
On a déjà dit ici, et répété, tout le bien que l’on pense de Un Village Français, le « Plus Belle La Vie chez les nazis ». Point de vue historique impeccable, histoires intéressantes, et tutti quanti.
Mais voilà, même les plus grands peuvent chuter. Rien de grave, vous pouvez rester à Villeneuve jusqu’à la fin de 1941, pas besoin de s’enfuir en zone libre, mais il faut le dire, quand ça ne va pas. Sur le banc des accusés : certains personnages, et une brusque montée, inexplicable même si elle est expliquée, de la dramaturgie.
Côté personnages, si certains se bonifient de saison en saison (Marcel, le militant communiste, Daniel, son frère le maire, Heinrich, le nazi terrifiant, qui l’espace d’un dîner, bascule dans l’émotion), il faut avouer que d’autres sombrent dans le ridicule. En premier lieu, Hortense, la femme du maire. Si on est ravi de découvrir la plastique irréprochable de la rouquine (Audrey Fleurot), on a du mal à accepter son soudain basculement en chaudasse qui couche avec les nazis. On aurait aimé un peu plus de subtilité, de tiraillements, qui font par ailleurs le sel de Un Village Français. Idem pour l’institutrice (Marie Kremer), dont l’amourette avec un soldat allemand tourne au grand guignol, avec une scène ridicule, ce qui nous amène au second point : l’augmentation brusque de la dramaturgie. Voulant conquérir un public plus jeune (sic Frédéric Krivine dans Télérama), la prod’ a rajouté des cliffhangers de ci, de là, oubliant parfois qu’un cliffhanger se place… à la fin !
De même, comme cette scène lors de la fête des Catherinettes, la série oublie parfois son réalisme foncier. Ici, le directeur de l’école accuse la directrice de la scierie, Madame Schwartz admiratrice du Maréchal, d’envoyer des lettres de dénonciation aux allemands. Pourquoi pas ? Mais le gag, c’est qu’il le fait en public, en criant très fort (« Voudriez-vous, madame, que tout le monde sache… ») : bon ben voilà, c’est fait…
Cette scène aurait été parfaite dans le huis clos d’un bureau, et encore plus intense et terrifiante, vu la réponse de ladite Madame Schwartz.
Enfin, ce n’est pas nouveau, mais la prod’ ne sait pas bien investir ses moyens là où il le faut. Par exemple, un très beau travelling arrière sur un groupe de résistants dans la forêt, et nous voilà tout tourneboulés ; y’a-t-il des allemands pas loin ? Non, rien. Ce plan étonnant, couteux, ne sert à rien. Par contre, à la fin du même épisode, quand résonne La Java Bleue, et que, prenant son courage à deux mains, l’institutrice invite son amant allemand à danser, la caméra aurait pu décoller là, figeant dans un même momentum les personnages face à leur destin, si opportunément réunis ; le préfet sombrant dans la collaboration, le mari volage au bord du gouffre, le directeur transi d’amour, et la chanteuse juive, dont la présence n’est plus la bienvenue, funeste présage de ce qui va suivre….
A la place, Un Village Français a opté pour un cliffhanger, qu’elle s’est empressée de détruire (façon Lost), dans la séquence générique, en révélant la suite : « La semaine prochaine, dans Un Village Français… »