« Check ignition… Put your helmet on, tell my wife I love her very much, she knows »: bon sang ne saurait mentir. En écrivant ces paroles en 1967, David Jones sait-il que quarante ans plus tard, son rejeton Duncan va réaliser Moon ? Sûrement pas. Mais voilà, la filiation est trop étonnante pour ne pas être notée. Si le fils d’un certain David Bowie nous relate lui aussi les aventures d’un astronaute, seul dans sa station lunaire, et un peu barré (Sam Rockwell, bon comme d’habitude), il y a comme des similitudes. Elles s’arrêtent là : David Bowie a révolutionné le rock, Duncan Jones fait un cinéma plutôt sage. Ce qui n’empêche pas son Moon d’être intéressant.
Le pitch : sur la Lune, on récolte un minerai miracle grâce à quatre moissonneuses automatiques baptisées (ironiquement ?) John, Luke, Paul et Matthew. Pour surveiller ce travail, Sam (Sam Rockwell) est seul, floating in a tin can, embauché pour trois ans. Ça tombe bien, il arrive en bout de contrat, il va retrouver femme et enfant, dès qu’une navette le ramènera sur Terre. C’est en tout cas ce que lui assure son robot à tout faire, GERTY. Max devrait se méfier, car son HAL 9000 à lui a la voix de Kevin Spacey… Et justement, les embrouilles commencent. Sam a des visions : une fille, puis son propre sosie envahissent la station. Que se passe-t-il ?
C’est à cette question que le film va répondre, en une petite heure et demie. Ne cherchez pas le chef d’œuvre, il n’y en a pas, sauf peut-être la performance époustouflante de Sam Rockwell. Moon, c’est juste un petit film de SF bien foutu, et avouons-le, ça ne court pas les rues.
Ça commence pas mal, et le final est un peu plus faible ; mais vous pouvez regardez Frost/Nixon, l’Heure de Vérité !
Ron Howard est un grand cinéaste, le genre de type qui peut filmer trente minutes deux types assis dans des fauteuils (l’interviewer, l’interviewé) sans vous ennuyer. Ici, il ne s’agit pas de n’importe qui, puisque c’est l’interview de Nixon par David Frost en 1977. Historique ! Vous ne le saviez pas ? Moi non plus. Destitué en 74, Nixon devient l’homme le plus détesté des États-Unis, à cause du Vietnam, mais aussi du Watergate, l’immeuble où il fit espionner des démocrates.
Autre problème, Nixon ne voulut jamais reconnaître la moindre faute. C’est justement ce qui motive David Frost, une sorte d’Arthur seventies, un beau gosse anglais, animateur de jeux télévisés et de talk-shows en Grande-Bretagne, en Australie, et aux États-Unis. Il se met en tête d’interviewer Nixon, et de lui faire cracher sa Valda. Sauf qu’il ne sait pas sur qui il est tombé. Voilà le pitch de Frost/Nixon, l’Heure de Vérité.
Le film est passionnant de bout en bout, mais chute sur une trop petite fin. Oui, Frost arrive enfin à faire tomber Nixon, mais c’est tellement subtil que Ron Howard est obligé d’appuyer ses effets, par un commentaire d’un des journalistes de l’équipe. Probablement aussi, que cette histoire est beaucoup plus référentielle pour l’américain moyen que pour tout autre citoyen de la planète.
On retiendra néanmoins deux performances exceptionnelles Michael Sheen (Frost), déjà excellent Tony Blair dans The Queen ou The Deal, et Frank Langella en Nixon, qui ne cherche pas la ressemblance ou l’imitation : Langella est Nixon, tout simplement…